La Chambre de commerce valide l’endettement en temps de crise, mais s’inquiète de sa résorption.  (Photo: Focalize/archives)

La Chambre de commerce valide l’endettement en temps de crise, mais s’inquiète de sa résorption.  (Photo: Focalize/archives)

La Chambre de commerce, favorable à la politique d’endettement pour relancer l’économie, demande plus de garanties sur sa résorption ensuite. Plusieurs mesures du budget de l’État pour 2021 iraient dans ce sens, mais pas assez loin.

Après la Chambre des métiers, celle du commerce a donné son avis sur le budget de l’État pour 2021 lors d’une conférence de presse, jeudi 19 novembre, avec un regard axé sur la compétitivité.

L’institution approuve l’endettement, «une politique anticyclique indispensable pour jeter la base d’une relance soutenable», selon son directeur, . Qui insiste cependant sur le fait que «l’accroissement des déficits et de la dette publique doit conserver un caractère exceptionnel». Dans le cas contraire, la Chambre de commerce craint notamment la perte du , décerné par les agences de notation financière. , le déficit de l’Administration centrale devrait s’élever à 5 milliards d’euros en 2020, et celui de l’Administration publique (qui inclut l’Administration centrale, la Sécurité sociale et les Communes) à 4,4 milliards d’euros.

L’inquiétude de la Chambre de commerce se trouve confortée par l’«absence d’une feuille de route concernant la résorption des déficits à moyen terme». Elle regrette le manque de précisions, et incite pour cela le gouvernement à s’appuyer sur sa feuille de route, , et s’appuyant sur cinq leviers: adapter le cadre structurel, investir pour une croissance qualitative, miser sur l’innovation, soutenir l’emploi et les talents, et la fiscalité.

C’est au regard de ces piliers qu’elle a analysé point par point les il y a quelques semaines.

Vers une simplification administrative 

Concernant le cadre structurel, elle salue les initiatives qui favorisent la diversification de l’économie dans le budget (investissements dans le domaine spatial, promotion des activités à haute productivité) et les efforts de digitalisation, même s’ils pourraient être améliorés en accélérant la simplification des démarches administratives. Par exemple, avec un système de «only once», où chaque entreprise ne remplit qu’une seule fois un formulaire. Elle ajoute deux propositions: la création d’une «medical valley» et la création d’un nouveau mécanisme de certificats d’investissement visant à soutenir les entreprises novatrices et les start-up, pour remplacer les certificats d’investissement en capital-risque. Enfin, elle demande une révision fondamentale du cadre budgétaire avec une «norme d’encadrement des dépenses courantes», ou encore une «gestion plus performante des investissements publics et de leurs coûts».

Justement, pour ces investissements publics, qu’elle juge essentiels pour la relance, elle aurait espéré plus du côté du logement et de l’énergie, où il manque une «vision territoriale stratégique». Christel Chatelain, à la tête du département des affaires économiques, alerte: «Même s’ils sont ambitieux, ils ne pourront avoir un réel impact que s’ils sont effectivement réalisés. Les années précédentes, certains investissements étaient prévus, budgétisés, mais non réalisés.»

S’il y a des efforts en matière de recherche, développement et innovation (réduction de la taxe d’abonnement pour les investissements durables de 0,05% à 0,01%, +22 millions d’euros pour l’Uni et les instituts de recherche en 2021, de 85 à 120 millions d’euros pour le Fonds de l’innovation, etc.), la Chambre de commerce met en avant de «grands absents». Par exemple, une exemption de la taxe CO2 pour les entreprises qui «ne peuvent pas faire mieux parce que les technologies n’existent pas encore». Ou des «mesures visant à aider les PME actives dans le domaine des technologies propres» et des «incitants fiscaux afin de favoriser la recherche, que ce soit sous forme de crédits d’impôt, de réduction de taux ou autres mécanismes».

Pas assez de mesures fiscales pour l’entrepreneuriat

Pour conserver et attirer les talents au Luxembourg, la simplification du régime des impatriés (l’employeur peut verser une prime d’impatriation à un salarié venu de l’étranger durant un maximum de huit ans. Elle pourra représenter 30% du salaire du salarié et sera exonérée à 50%), le chômage partiel, ou la sont salués malgré une portée trop limitée pour certains. Cette dernière ne suffirait pas à compenser la suppression du régime de stock-options.

La chambre professionnelle critique aussi les mesures pour le recrutement de fonctionnaires, qui risquent de «drainer vers le public un certain nombre de jeunes diplômés» et empirer les difficultés d’embauche dans le privé. «On rappelle la nécessité d’aligner le régime de sécurité sociale des indépendants sur celui des salariés», complète Christel Chatelain.

Sur le dernier point, celui de la fiscalité, les mesures sont bonnes, mais pas assez ambitieuses, d’après la Chambre de commerce, que ce soit la baisse du taux d’amortissement accéléré pour limiter la spéculation ou l’abattement pour les propriétaires qui ont renoncé à tout ou une partie des loyers en 2020. «On n’a pas de mesures fiscales qui favorisent réellement l’entrepreneuriat ou qui aident les entreprises à un stade de développement initial.»