Patrick Mischo, senior partner, et Frank Mausen, managing partner chez Allen & Overy. (Photo: Gael Lesure)

Patrick Mischo, senior partner, et Frank Mausen, managing partner chez Allen & Overy. (Photo: Gael Lesure)

Allen & Overy prend ses marques dans son nouveau siège inauguré le 6 février. Un outil de travail flambant neuf dans l’immeuble Infinity, à l’entrée sud du Kirchberg. Pour le duo à la tête du cabinet d’avocats, Patrick Mischo (senior partner) et Frank Mausen (managing partner), le déménagement favorise de nouvelles méthodes de travail et coïncide avec la montée en puissance du domicile luxembourgeois dans les grandes transactions internationales.

Vous faites partie du Magic Circle formé par les grands cabinets d’avocats mondiaux. Est-ce que cela implique une responsabilité supplémentaire?

– «Cela implique avant tout d’être les ambassadeurs d’une image de marque qui est connue mondialement, avec l’obligation de délivrer le même niveau de qualité à travers le réseau, en l’occurrence viser l’excellence dans tout ce qu’on fait.

Qu’est-ce qui peut vous différencier d’un autre grand cabinet? Chacun veut se positionner en tant que one-stop shop…

– «Nous sommes véritablement un cabinet international full service. Nous proposons une offre intégrale en droit des affaires, des fonds d’investissement, de la fiscalité, du travail, des contentieux, des marchés de capitaux, de la propriété intellectuelle…

P.M. «Notre marché s’est fortement développé durant ces dernières années. Tous les six mois, un nouveau cabinet international ouvre ses portes au Luxembourg. Souvent, ce sont des structures plus petites. Nous comptons sur la force de notre réseau tout en jouant sur notre enracinement local en raison de l’histoire du cabinet.

Le Luxembourg est devenu une juridiction majeure en Europe pour le secteur alternatif, dans le private equity, le real estate et les infrastructures.
Frank Mausen

Frank Mausenmanaging partnerAllen & Overy

Mais vous n’êtes pas le seul cabinet full service…

P.M. «Parmi les cabinets internationaux, nous sommes les seuls à couvrir cette palette avec des associés dans chaque domaine. Nous travaillons chaque jour à la fois sur les plans local et international, car la grande majorité des transactions comporte au moins un élément transfrontalier.

F.M. «J’ajoute que nous n’opérons pas uniquement dans les transactions internationales en tant que partie prenante d’une opération initiée par un autre bureau du réseau, mais également dans des dossiers purement luxembourgeois. Le Luxembourg a fortement gagné en importance pour les grandes transactions durant ces dernières années.

Comment expliquez-vous cet attrait?

F.M. «Par l’importance qu’a prise le droit luxembourgeois pour la structuration de transactions. Le droit britannique reste largement utilisé, mais le Brexit a joué en faveur de notre droit national. L’accélération s’est observée par exemple dans le secteur des fonds. Le Luxembourg est devenu une juridiction majeure en Europe pour le secteur alternatif, dans le private equity, le real estate et les infrastructures. Avec une hausse du niveau de toute la chaîne de valeur locale: du véhicule à la banque, en passant par le gestionnaire… et bien entendu les avocats. Ce qui nous permet de piloter véritablement les opérations et de changer la nature du métier tel qu’il est exercé au Luxembourg.

L’important est de maintenir le dialogue entre le secteur financier et les autorités. Ce qui a toujours été la force du pays.
Patrick Mischo

Patrick Mischosenior partnerAllen & Overy

P.M. «J’ajoute que le droit luxembourgeois est un droit moderne qui propose des outils efficaces pour répondre aux besoins des acteurs économiques, notamment en matière de sécurité juridique. Mais il ne suffit pas d’avoir un droit efficace, encore faut-il disposer des personnes qui savent le manier et des outils technologiques nécessaires pour le pratiquer de manière efficace. C’est dans ce sens que nous investissons pour l’avenir.

Le climat d’affaires du pays joue-t-il en votre faveur?

F.M. «Je répondrais en disant que l’important est de maintenir le dialogue entre le secteur financier et les autorités. Ce qui a toujours été la force du pays. Je me réjouis de voir que le dialogue au sein du Haut Comité pour la place financière a été dynamisé durant ces derniers mois avec la mise en place de groupes de travail pour consolider les réflexions et permettre au ministre des Finances (, DP, ndlr) de disposer du feed-back du secteur. Il lui revient, in fine, de prendre les décisions en son âme et conscience. Mais c’est évidemment dans l’intérêt du ministre de bien positionner le Luxembourg.

P.M. «Le plus important est de préserver la réputation du pays qui a été, par le passé, dans la ligne de mire d’organisations internationales ou d’autres pays. La donne a changé positivement. Nous devons nous assurer désormais que cette réputation soit maintenue tout en comprenant bien la réalité du terrain. C’est pour cette raison que nous devons faire en sorte que les règles soient transposées conformément aux directives européennes, mais, en même temps, qu’elles soient transposées en bonne intelligence en évaluant l’impact sur l’industrie. D’où l’importance de maintenir ce dialogue positif entre les professionnels et les responsables publics.

La taille critique est en effet un prérequis si vous souhaitez agir à un niveau international en tant que cabinet full service.
Frank Mausen

Frank Mausenmanaging partnerAllen & Overy

F.M. «Le monde est devenu plus transparent. Les règles AML, KYC et de fiscalité rendent ce monde transparent. Les clients, en particulier les institutionnels, ont à cœur d’agir conformément au cadre légal donné. Ce qui ne pose pas de problème.

Un monde qui est devenu plus complexe, en particulier du point de vue du droit?

P.M. «C’est un monde qui est devenu complexe car les textes sont de plus en plus compliqués. Ils nécessitent des compétences de plus en plus spécialisées, tout en sachant que les capitaux qui entrent dans l’économie en tant qu’investissements doivent être sécurisés. La sécurité juridique est le premier objectif des investisseurs. Bien connaître les règles est essentiel pour les appliquer dans cette optique. Une règle de droit est d’ailleurs une règle abstraite tant qu’elle n’est pas appliquée à des cas de figure multiples.

F.M. «Ce contexte nous incite à travailler de plus en plus de façon collégiale. Un dossier concerne le droit bancaire, fiscal, du travail… Nos spécialistes collaborent autour des dossiers de nos clients pour créer de la connaissance en interne, au service du secteur. Nos nouveaux locaux nous aident en ce sens grâce aux nombreux points de rencontre ou de réunion.

Le contexte est-il aussi favorable aux cabinets qui disposent d’une taille critique suffisante?

F.M. «La taille critique est en effet un prérequis si vous souhaitez agir à un niveau international en tant que cabinet full service. Nos collègues de Londres disposent d’équipes importantes et très spécialisées, ce qui nous permet de faire appel à leur expérience. Et nous nous devons d’afficher le même niveau de prestation qu’eux.»

Retrouvez la suite de ce grand entretien .