Située dans la vallée de Joux, vallée ou d’autres grands noms de l’industrie horlogère cohabitent comme Audemars Piguet, Blancpain, Jaeger-Lecoultre, la manufacture Breguet abrite sur 25.000 m plus de six cents employés qui travaillent au quotidien sur les garde-temps de la maison. La manufacture s’ouvre rarement aux visiteurs. Et lorsqu’elle le fait, c’est principalement pour des clients. Des clients qui peuvent ainsi rencontrer les gens qui travaillent derrière chaque composant du garde-temps. Une expérience que Paperjam partage avec vous.
Première étape: le magasin
Ce n’est pas la partie la plus glamour de la manufacture. Mais c’est un lieu stratégique, indispensable. Ici sont stockés tous les matériaux nécessaires à la confection d’une montre, les aciers et tous les autres métaux.

Acier de différentes qualité, or, laiton… Tous les matériaux nécessaires à la construction d’une montre se trouvent ici. Photo: Marc Fassone / Maison Moderne)
Deuxième étape: l’étampage
Chaque pièce est découpée sur place dans cette salle: la salle des étampes. Depuis le 16e siècle, bijoux et monnaies et pièces mécaniques sont façonnés, formés et/ou découpés à l’aide de presses à étamper. Cet outil de grande précision a révolutionné la fabrication des montres mécaniques. Elle permet de former, percer, rectifier, découper à l’identique la plupart des organes de la montre. Et ce pour la plupart des métaux.
L’étampage requiert la fabrication d’outils de découpe spécifiques à chaque dessin de pièce: l’étampe. Breguet en compte plusieurs centaines soigneusement entretenue. Entre deux utilisations, elles sont nettoyées et affûtées.
Rien ne se perd, rien ne se crée. Les chutes faisant suite à l’étampage sont récupérées et seront recyclées pour un retour au magasin.
Troisième étape: le guillochage
Le guillochage chez Breguet, c’est une signature. La manufacture dispose du plus grand atelier de guillochage au monde. Le guillochage est une technique de gravure qui permet de graver des sillons et des motifs très fins sur un cadran de montre en enlevant de la matière. Chez Breguet, on se sert de machines à guillocher qui permettent d’enlever de la matière avec un burin. Des machines que plus personne ne sait produire aujourd’hui. La main gauche manie une manivelle qui fait tourner la pièce et position le burin de manière précise selon le motif choisi. La main droite exerce une pression sur le burin pour finaliser la taille. Toutes les matières peuvent être guillochées. Plus ou moins facilement et donc rapidement. Suivant la taille du cadran, sa matière et le dessin, l’opération peut prendre plusieurs jours.
Il existe deux catégories de machines à guillocher selon le genre de travail à effectuer: la machine ligne droite, qui permet de réaliser un décor linéaire et le tour à guillocher, qui permet de réaliser des décors circulaires où les sillons s’entrecroisent et s’entremêlent. Si les machines sont rares, les spécialistes le sont tout autant. Il n’existe pas de formation de guillocheurs. Les ouvriers sont formés sur le tas. Ce qui peut prendre plusieurs mois.
Le guillochage répond à des problématiques précises. À l’origine – il y a deux siècles –, cela permettait de cacher les imperfections des cadrans. Et également de couper les rayons du soleil pour donner plus de visibilité, les verres de l’époque étant moins performants. Aujourd’hui, ils permettent de mieux mettre en évidence les différents sous-cadrans.
Quatrième étape: l’anglage
L’anglage est une opération manuelle ou mécanique qui consiste à briser l’angle formant l’arête unissant deux surfaces à des fins esthétiques ou techniques. Selon l’esthétique souhaitée, le profil et les dimensions du composant et d’éventuelles contraintes techniques, l’inclinaison de l’angle. L’anglage peut être à vocation décorative ou bien à vocation technique.
Dans le cas montré, c’est une platine qui est anglée. La platine est la plaque de base soutenant l’ensemble des composants du mouvement mécanique d’une montre. Pour que tous les composants fonctionnent harmonieusement ensemble, tous les angles doivent être précis. Les angleurs se servent de limes et d’outil à base de bois. Du buis ou du genévrier récolté dans les forêts et qu’ils taillent à leur main. Car chez Breguet, l’anglage est manuel. La aussi, il n’existe pas de formation d’angleur. Les gens sont formés sur place. Le profil souhaité? Calme et minute exigée.
Cinquième étape: la gravure
Chez Breguet, la gravure est un art. Et une marque de fabrique. Cadrans, boitiers, masses oscillantes sont des pièces souvent gravées. Dès qu’il entre dans la manufacture, le graveur se construit ses propres outils. Chacun de ces artisans peut reconnaitre une montre sur laquelle il a travaillé dit-on.
Formés à l’interne pour la plupart, au bénéfice de plusieurs années d’expérience, les artisans graveurs ont acquis la capacité à respecter une grammaire artistique propre à la manufacture, tout en conservant leur vocabulaire esthétique particulier, richesse essentielle de tout travail artisanal. Si la taille douce (motifs en volutes) est à l’origine d’une majeure partie des exécutions, notamment sur les ponts, la platine et la carrure, d’autres techniques comme la gravure en relief, ou à l’inverse en creux, figurent également au catalogue des savoir-faire Breguet. Tout comme celui qui, détail extrêmement rare dans la branche, consiste à graver à la main les lettres et les numéros figurant au dos des montres.
Sixième étape: la restauration
Ici, on n’est pas au service après-vente. La restauration concerne des modèles âgés de plus de 200 ans. Des modèles pour lesquels les plans ne sont plus forcément disponibles. De même que les pièces. Elles sont alors refaites une à une, à la main. Tout comme les outils servant à les produire.
Le fondateur de la manufacture, Abraham-Louis Breguet avait la volonté que ses garde-temps puissent être réparés par tout horloger. Une volonté qui influence la manière dont les composants sont placés, ce qui aide les restaurateurs.