Virginie Stevens, managing director de la société Pétillances. photo : petillances

Virginie Stevens, managing director de la société Pétillances. photo : petillances

La parole a été donnée à Virginie Stevens, managing director de la société Pétillances, un organisme de formation luxembourgeois dédié au développement des soft skills via une approche pédagogique aussi humaniste que créative. Elle est également psychothérapeute spécialiste du processus de deuil qu’elle a illustré dans plusieurs ouvrages. Elle intervient notamment avec son équipe lorsqu’un décès survient en entreprise ou touche les proches d’un collaborateur. C’est afin de partager son expérience et d’éveiller la sphère RH à cette réalité qu’elle est intervenue ce 21 avril. Certains DRH de la Place sont également venus témoigner de leur vécu.

Si la loi du 7 juin 1994 en matière de sécurité et santé au travail a permis une nette amélioration des conditions de travail, l’accompagnement du deuil au travail n’est aujourd’hui pas encore formalisé. Le droit du travail permet certes la prise de congés extraordinaires mais aucune réponse n’est à l’heure actuelle proposée aux collaborateurs endeuillés et à leurs collègues, également concernés par les conséquences de cette perte. 

En effet, quand un décès survient, de manière inopinée ou prévisible, le collaborateur touché par ce choc est légitimement soumis à une souffrance psychique qui va s’étendre tout au long du processus de deuil. Aux fréquents arrêts-maladies consécutifs au décès s’ajoute pour l’endeuillé une difficulté à se situer au travail, pour diverses raisons souvent très personnelles et liées à l’histoire de l’individu.

Les collègues et les responsables hiérarchiques expérimentent également une perte de repères, ignorant souvent comment s’adresser à l’endeuillé, que faire pour soulager une souffrance sur laquelle ils n’ont aucune prise. Et comment réagir alors quand le décès concerne directement un des membres de l’équipe?

La mort ne doit pas rester un tabou et nécessite une appréhension spécifique.

Virginie Stevens, Pétillances

«Les entreprises de la Place sont préparées à faire face aux risques d’incendie et ont mis en place des procédures très structurées pour guider leurs collaborateurs vers la sortie quand le feu se déclare, observe Virginie Stevens. Mais elles sont encore très démunies face au décès d’un collaborateur ou d’un de ses proches, qu’il s’agisse de mort naturelle, d’accident, de maladie, de meurtre ou de suicide. Pétillances intervient aujourd’hui à deux niveaux. La prévention d’abord, pour outiller par la formation les intervenants de l’entreprise à faire face au drame quand il survient. Puis par l’accompagnement des collaborateurs et équipes confrontés au décès via la mise en place de cellules de support psychologique. La mort ne doit pas rester un tabou et nécessite une appréhension spécifique, tous comme tous les autres risques psychosociaux sur lesquels nous travaillons au quotidien.»

La composante humaine reprend ici tout son sens et Virginie Stevens insiste sur ce point.

«La mort fait partie de la vie et concerne tout être humain, peu importe sa fonction, son origine, son niveau hiérarchique ou son histoire. Nous avons voulu démystifier son accompagnement, en créant notamment un outil pédagogique facile d’utilisation appelé ‘Chemin du Deuil’. Combiné à notre ‘Réglette du Burn-out’, il supporte les intervenants de l’entreprise dans la prévention des risques psychosociaux».