Si Elon Musk ou Jeff Bezos mettent leurs projets à exécution, des ultra-riches ne tarderont pas à s’offrir un aller-retour vers la Lune, vers Mars ou, moins contraignant, un vol suborbital de quelques minutes, comme le grand frisson d’un saut à l’élastique.
Il ne faudrait pas qu’ils manquent de leurs meilleures bouteilles dans l’espace, la boisson lyophilisée n’est pas non plus la panacée. Seulement, comment savoir comment le vin se comporte dans l’espace, lui qui doit être conservé dans des conditions particulières pour se bonifier avec le temps sur Terre? Et est-ce que l’espace donnerait à ce vin un cachet tout particulier, peut-être même monétisable sur Terre?
Officiellement, deux Bordelais-Basques, Nicolas Gaume, directeur des partenariats stratégiques de Microsoft, et Emmanuel Etcheparre, qui a fondé le réseau social Wine Alley en 2000, ont crée Space Cargo Unlimited, en 2011 au Luxembourg, pour étudier l’impact de l’absence de gravité sur le vin et pouvoir apporter leur contribution à de nouveaux développements de l’agriculture face aux défis qui nous attendent sur Terre, comme le réchauffement climatique, la compétition des terres ou l’accroissement de la population.
«Space Cargo Unlimited envisage de découvrir des opportunités intéressantes pour relever le défi de nourrir l’humanité à l’avenir. Les ressources s’épuisent, et la Terre ne pourra peut-être pas se maintenir d’ici 2050. Space Cargo Unlimited pense qu’il n’y a pas de plan B et que les options de recherche appliquée exploitant l’espace peuvent débloquer l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation pour l’humanité. Dans une étude récente, l’armée américaine révélait qu’en 2050, il y aura des guerres pour se nourrir…», explique M. Gaume.
Wise (pour «Vitis Vinum in Spatium Experimentum») prévoit d’embarquer du vin dans six missions, jusqu’en 2022. Celle de l’ISS est revenue sur Terre mercredi, mais ces précieux nectars ne seront pas tous ouverts. Quelques connaisseurs triés sur le volet en auront un avant-goût, fin février, et les autres bouteilles seront livrées à des chercheurs. Les noms des châteaux embarqués ont été gardés secrets, pour ne pas laisser croire à une opération marketing, racontait M. Etcheparre au journal Sud Ouest en 2019.
«C’est l’aventure de notre vie», y disait son cofondateur. «Nous sommes extrêmement reconnaissants envers tous les soutiens qui permettent à la mission Wise d’exister et notamment, pour ce premier lancement, Thales Alenia Space, Nanoracks et la Nasa.»
Fin 2019, un petit verdot sauvignon et deux variétés de cabernet-sauvignon avaient déjà été embarqués dans un vol suborbital sur une fusée de Blue Origin.
À ce moment, les deux fondateurs avaient aussi annoncé avoir nommé comme directeur scientifique l’Allemand Michael Lebert, du département de biologie cellulaire de l’Université FAU Erlangen-Nuremberg. Ce spécialiste de l’évolution autoguidée a réuni autour de lui un tour de table mondial d’experts en vue de publier une sérieuse étude sur le sujet, .
Il va falloir que les ultra-riches décident très vite de partir sur Mars avec leur vin préféré: la start-up luxembourgeoise affichait, fin 2019, des pertes de plus de 1,5 million d’euros, ce qui n’a rien d’exceptionnel en soi. L’ivresse des hauteurs mériterait bien que leur projet se bonifie avec le temps.