Frédéric Warrant: «L’avantage du cloud public, c’est la qualité des couches inférieures qu’il offre, mais aussi son élasticité.» (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Frédéric Warrant: «L’avantage du cloud public, c’est la qualité des couches inférieures qu’il offre, mais aussi son élasticité.» (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

La transformation digitale est une réalité à laquelle sont confrontées la plupart des entreprises. Celle-ci passe le plus souvent par le recours au cloud. Alors que les cloud privé et hybride avaient hier encore la préférence des sociétés, on constate qu’ils ne constituent aujourd’hui plus qu’une étape avant la migration vers une forme publique de cloud.

Nécessité vitale pour certains secteurs, opportunité de se démarquer de la concurrence pour d’autres, la transformation digitale concerne toutes les entreprises. En transformant correctement son IT, chaque société peut, en fonction de ses besoins, réduire ses coûts, augmenter son efficacité ou encore proposer des fonctionnalités numériques plus performantes à ses clients.

«Dans ce contexte particulier, nous considérons que le cloud est un activateur, voire un accélérateur technologique, explique Frédéric Warrant, solution architect au sein de CTG Luxembourg, société spécialisée dans l’intégration de solutions IT. Il permet de déléguer l’installation, le support et la gouvernance des couches de bas niveau du système informatique (centre de données, hardware, hyperviseurs, connectivité associée). En outre, le cloud offre des solutions et des fonctionnalités évolutives, ce qui est un réel atout dans un monde qui change de plus en plus rapidement.»

Du SaaS et du multicloud

Pour Frédéric Warrant, c’est bien le cloud public qui est en passe d’être la solution la plus utilisée à l’avenir. Les cloud privé et hybride ne constituent selon lui, le plus souvent, qu’une étape intermédiaire. «Cela dit, quand les besoins sont stables, le cloud privé peut rester une solution envisageable, même si elle ne sera pas nécessairement moins coûteuse, estime le solution architect.

L’avantage du cloud public, c’est la qualité des couches inférieures qu’il offre, mais aussi son élasticité. On peut moduler les ressources auxquelles on fait appel en fonction de ses besoins et ne payer finalement que ce que l’on consomme.»

Au-delà du choix d’un type de cloud, la tendance est également à la sélection de plusieurs fournisseurs de services cloud. «L’approche multicloud est en tout cas celle que nous privilégions, poursuit Frédéric Warrant. Elle permet d’aller chercher le meilleur service là où il se trouve sans être lié à un prestataire. En outre, nous recommandons toujours de privilégier le ‘software as a service’ – SaaS –, qui constitue une solution clés en main répondant à un besoin métier précis. Elle est aussi beaucoup plus rapide à mettre en place.»

Une profonde transformation interne

Il reste que cette migration de plus en plus courante de l’IT vers le cloud public nécessite de relever certains défis de taille. L’organisation des équipes informatiques au sein des sociétés s’en trouve en effet chamboulée. «L’adoption de ces solutions par les équipes techniques implique un profond changement de philosophie et l’apprentissage d’un métier complètement transformé, estime Frédéric Warrant.

Cela ne signifie pas que les ingénieurs informatiques ne vont plus avoir de travail, mais qu’ils vont travailler différemment, délaissant un peu l’infrastructure pour se concentrer sur la coordination et les couches supérieures. Les sociétés qui pensent à migrer vers le cloud public doivent donc en avoir conscience et, éventuellement, se faire accompagner dans la transition.»

En outre, la gouvernance du système devient un enjeu crucial en cas de migration vers le cloud. «Différents points devront être particulièrement surveillés: le contrôle des coûts, le maintien d’une certaine cohérence dans une structure qui peut évoluer à grande vitesse, la gestion des accès, etc., détaille Frédéric Warrant. Ici aussi, l’accompagnement est très important. Il s’agit d’un travail que nous réalisons avec de nombreuses entreprises, en validant et en coordonnant les différentes initiatives qui sont prises et en pilotant et en surveillant la mise en place des modifications qui sont effectuées.»

Cet impératif est encore plus marqué lorsqu’on est actif dans le secteur financier. Dans ce cas, le recours au cloud est en effet réglementé par la circulaire 19/714 de la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier). «Des règles doivent impérativement être respectées par les entreprises du secteur. Une demande d’autorisation doit même parfois être envoyée à la Commission avant de procéder à l’externalisation sur le cloud.»

On le voit, si l’utilisation accrue du cloud public dans les prochaines années semble évidente en raison des opportunités qu’elle offre, elle ne comporte pas moins son lot de défis. La réussite de la transformation digitale de nombreuses entreprises dépendra de leur capacité à les relever.