Paperjam a rencontré Jean-Marie Dumas, responsable des solutions de crédit et d’investissement en euros chez Amundi, à Luxembourg, pour discuter des perspectives de la société en matière d’économie, de revenu fixe et de crédit, le 21 novembre 2024.  (Photos: Amundi, Shutterstock, Montage: Maison Moderne)

Paperjam a rencontré Jean-Marie Dumas, responsable des solutions de crédit et d’investissement en euros chez Amundi, à Luxembourg, pour discuter des perspectives de la société en matière d’économie, de revenu fixe et de crédit, le 21 novembre 2024.  (Photos: Amundi, Shutterstock, Montage: Maison Moderne)

Dans la deuxième partie d’une série de deux entretiens, Jean-Marie Dumas, du gestionnaire d’actifs Amundi, a suggéré que le marché européen des obligations d’entreprises (IG et HY) offre des rendements potentiels attrayants, mais que les investisseurs ne devraient pas s’attendre à une remontée significative des prix. Aux États-Unis, les bons du Trésor ne sont peut-être plus l’actif sans risque qu’ils étaient, car des pressions s’exercent sur la partie arrière de la courbe des rendements.

Jean-Marie Dumas, responsable des solutions de crédit et d’investissement en euros chez Amundi, considère le «carry trade» actuel comme le facteur le plus important pour la détention de titres de crédit, car il ne voit pas de potentiel énorme dans un resserrement significatif des spreads. En outre, il pense que le «carry» est suffisamment élevé pour absorber un éventuel élargissement négatif des spreads.

Amundi estime que «les rendements sont attrayants dans tous les domaines», a déclaré la société dans une présentation. M. Dumas pense que les obligations de crédit euro de qualité supérieure offrent le profil crédit-liquidité-rendement le plus attrayant, avec un rendement à l’échéance d’environ 3,5%.

Normalisation du marché des entreprises

M. Dumas a également observé une normalisation du marché du crédit, les émetteurs d’entreprises se finançant un peu plus que les dettes de premier rang des banques, un phénomène qui n’avait pas été observé depuis 2008. Il pense que l’élargissement des spreads observé depuis septembre 2024 a été largement alimenté par le secteur automobile, qui est confronté à des changements structurels. En outre, il note que la Banque centrale européenne a cessé de réinvestir dans les obligations du secteur des entreprises en juillet 2023, éliminant ainsi un acheteur important du marché.

Si un investisseur cherche quelque chose de «plus juteux», M. Dumas trouve quelques émetteurs intéressants sur le marché du haut rendement en euros, où il est essentiel d’être sélectif compte tenu des défis auxquels sont confrontées certaines industries, telles que les fabricants de pièces automobiles et les fournisseurs de produits pharmaceutiques.

Le marché a essentiellement dit: ce n’est plus un actif sans risque, c’est un actif de crédit.
Jean-Marie Dumas

Jean-Marie Dumasresponsable des solutions de crédit et d’investissement en eurosAmundi

Malgré les avertissements de certains, selon lesquels les entreprises émettrices n’étaient pas préparées à des coûts de refinancement plus élevés, M. Dumas a noté qu’elles étaient «pleines de liquidités» et qu’elles étaient parvenues à allonger le profil d’échéance de leur dette.

Trésor américain: un émetteur de crédit comme un autre

Le justicier obligataire a peut-être enfin commencé à pénaliser les déficits excessifs accumulés par le gouvernement américain. «La prime de risque sur les bons du Trésor américain augmente», comme en témoignent les taux swap à 30 ans inférieurs aux bons du Trésor américain depuis plus d’un an, une évolution qui s’est également produite récemment sur les bons à 10 ans. M. Dumas pense que cette situation résulte de l’absence de la Fed en tant qu’acheteur actif, du fait que le Trésor est moins sollicité sur le marché des pensions et des préoccupations liées à l’offre future.

«Le marché a essentiellement dit: ce n’est plus un actif sans risque, c’est un actif de crédit», a remarqué M. Dumas.

Cet article a été rédigé initialement en anglais et traduit et édité en français.