Étienne de Callataÿ, chief economist chez Orcadia AM. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Étienne de Callataÿ, chief economist chez Orcadia AM. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Élection aux États-Unis, Brexit, guerre commerciale avec la Chine, place de l’Union européenne dans le monde... les paramètres de la boussole macroéconomique risquent de s’affoler en 2020. Entre perceptions, éléments tangibles et projets politiques, nos experts donnent le cap. Cette série continue avec Étienne de Callataÿ, chief economist chez Orcadia AM.

De nos aïeux chasseurs-cueilleurs, nous avons gardé une obsession pour les dangers. Soit, mais au moins cherchons à ne pas se tromper sur les périls. Or, aujourd’hui, nos frayeurs quant à une guerre commerciale entre États-Unis et Chine semblent largement excessives.

Nous le savons depuis David Ricardo et sa théorie dite des «avantages comparatifs», le commerce international augmente le bien-être des pays qui s’y livrent. Dès lors, une contraction du commerce amputerait le gâteau économique.

Toutefois, malgré la taille des pays concernés et les possibles effets de débordement, qui plus est avec nos chaînes de valeur fragmentées, et tout en restant dans le cadre de pensée libérale, il s’agit de ne pas exagérer l’importance du commerce, ni les bienfaits que lui attribuent ses partisans, ni les dégâts que lui prêtent ses détracteurs.

Le traité transatlantique entre Europe et États-Unis allait contribuer à gonfler le PIB européen en cumulé sur 15 ans d’un bien marginal 0,5% (voir Centre for European Policy Studies, 2013 et actualisations). En fait, ce qui coûte avec les tensions commerciales actuelles, ce ne sont pas leurs effets réels sur les échanges, mais l’incertitude qu’elles induisent, qui incite à différer l’investissement et l’embauche. Bien sûr, une partie de ce report sera rattrapé ultérieurement, mais un mauvais climat a des effets auto-réalisateurs qui, pour partie, pourront ne pas être récupérés.

Incitation à trouver un accord

Il est une seconde raison pour ne pas avoir peur d’une guerre commerciale entre Chine et États-Unis: il y a toutes les bonnes raisons de penser qu’elle n’aura pas lieu.

Du point de vue américain, les mesures actuelles sont inefficaces. Elles stimulent le reroutage des importations et poussent les prix à la hausse sur le marché intérieur, et échouent à stimuler une réindustrialisation locale. Ce qui va intéresser Donald Trump est de faire étalage de sa puissance et de ses talents de négociateur, et d’avoir en 2020 une économie qui tourne bien.

Du côté de la Chine, il y a aussi un intérêt à arriver à un accord. Le pays fait face à de grands défis politiques, sociaux, démographiques, environnementaux et financiers. Il n’a pas intérêt à devoir batailler sur un front de plus. De surcroît, il vaut mieux pour la Chine un accord avec Trump que faire le jeu d’un rival pour la Maison Blanche qui ne serait pas moins protectionniste.