L’investissement en actions comment ça marche? (Illustration: Ellen Withersova)

L’investissement en actions comment ça marche? (Illustration: Ellen Withersova)

Les taux d’intérêt qui rémunèrent notre épargne sont aujourd’hui si bas qu’ils ne permettent plus de compenser l’inflation. C’est pourquoi de plus en plus de regards se tournent vers l’investissement en actions. Miroir aux alouettes ou réelle opportunité de rendement?

Toute personne qui s’intéresse un tant soit peu à ses finances ne peut que constater le peu de rendement de son épargne. Les taux d’intérêt sur les marchés financiers sont au plus bas, quand ils ne sont pas négatifs. «Ces taux d’intérêt sur les carnets d’épargne sont proches de 0%, peut-être légèrement positifs grâce à la prime de fidélité, constate Alexandre Gauthy, macroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg. Avec une inflation annuelle de l’ordre de 1%, votre épargne vous fait perdre de l’argent. Autrement dit, le pouvoir d’achat de votre épargne diminue. C’est ce qu’on appelle des taux d’intérêt réels négatifs. Aujourd’hui, si vous voulez chercher du rendement, vous êtes obligé de prendre du risque.»

Il faut donc réfléchir à la mise en place d’une stratégie claire pour la gestion de ses finances et faire en sorte que votre épargne disponible permette de maintenir votre pouvoir d’achat à long terme. Durant de nombreuses années, les investissements en obligations d’État promettaient, eux aussi, un rendement sûr et très intéressant. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Même si vous investissez actuellement dans des obligations d’État allemandes, belges ou françaises, placements réputés sûrs, vous perdez de l’argent sur le long terme.

«Quelques chiffres pour vous en convaincre? On enregistre aujourd’hui 15.600 milliards de dollars de dette à rendement négatif dans le monde. Ce montant est en hausse de 88% depuis le début de l’année, confient Olivier Lorthioir, equity specialist wealth management, et Rocco Bozzone, head of investment specialists auprès de BGL BNP Paribas. Pour le dire autrement, un tiers de la dette publique mondiale offre des rendements négatifs, et ce chiffre peut atteindre 65% pour la zone euro. Un investisseur qui recherche un rendement positif sur les obligations d’État allemandes devrait envisager une échéance de 30 ans.» À partir du moment où le prêteur paie l’emprunteur, il convient dès lors de se tourner vers d’autres classes d’actifs, comme les actions.

Pourquoi continuer à perdre de l’argent?

Avant de prendre davantage de risques, de nombreux investisseurs tentent de se convaincre que la situation n’est que provisoire et que les taux d’intérêt vont bien finir par remonter un jour. Plus interpellant encore, certains épargnants ont accumulé de plus en plus de liquidités. «La baisse des rendements obligataires et la rémunération très faible de l’épargne peuvent conduire certaines personnes, surtout celles qui présentent une aversion au risque élevée, à augmenter leur épargne pour compenser le manque à gagner, analyse Alexandre Gauthy. C’est l’un des effets pervers de la baisse des taux d’intérêt.»

Pour comprendre pourquoi les taux d’intérêt sont actuellement si bas, il faut s’intéresser à la politique des banques centrales. Leur but est d’éviter à la fois un phénomène de déflation, qui peut conduire les ménages à épargner davantage en attendant la baisse des prix, et un phénomène d’inflation trop élevée, qui impacte le pouvoir d’achat de ces mêmes ménages.

En diminuant ses taux jusqu’en territoire négatif, la Banque centrale européenne veut influer sur l’activité économique pour essayer de faire raugmenter le prix des biens et des services. Mais, malgré ces efforts, l’inflation reste bien trop faible en zone euro. Dans un même temps, l’Europe subit des forces déflationnistes plus structurelles, comme le vieillissement de la population. «On note effectivement un lien fort sur le long terme entre la hausse des prix à la consommation et la croissance démographique. Or, selon les prévisions, l’Union européenne perdra environ 5% de sa population entre 2020 et 2050», précise Alexandre Gauthy.

L’heure est venue de prendre des risques

Aujourd’hui, toute personne qui veut faire fructifier son épargne doit se poser quelques questions importantes. Certes, le marché des actions peut faire peur par sa volatilité élevée et, pour le novice, par son apparente complexité, mais ces premiers freins peuvent vite être dépassés si l’on veut s’en donner la peine. «La bourse est connue pour sa volatilité, c’est un fait. Des tweets de Donald Trump à la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, en passant par les tensions qui animent régulièrement le Moyen-Orient, il est parfois difficile de prévoir le comportement des cours, concède Fabien Vrignon, CEO de Keytrade Bank Luxembourg. Cela étant dit, on assiste depuis quelques années à une nouvelle tendance positive sur les marchés financiers.»

Comme le dit le proverbe, l’important, quand on veut investir, est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. À côté du compte épargne, des obligations d’État ou encore de l’investissement immobilier, il peut aujourd’hui être judicieux de placer une partie de son argent sur le marché des actions.

la classe d’actifs ‘actions’ nous paraît être une classe d’actifs intéressante, car elle offre l’opportunité de s’exposer à des thématiques de croissance tout en offrant une alternative au marché obligataire.

Rocco Bozzonehead of investment specialists auprès de BGL BNP Paribas

«Dans un monde où le rendement des obligations d’État est faible, l’attractivité relative des actions par rapport aux obligations a augmenté. Autrement dit, sur le long terme, un investissement en actions devrait rapporter plus qu’un investissement en obligations d’État, ajoute Alexandre Gauthy. Un petit exemple: le rendement sur dividende brut des actions européennes est à peu près de 4%, au prix actuel des cours. Si vous subissez une taxation sur dividende de 30%, dans l’hypothèse conservatrice d’une croissance nulle du dividende et sur base d’une rémunération nette de l’épargne de 0,25% par an, il faudrait que les actions baissent de plus de 30% pour que leur performance dans dix ans soit inférieure à celle de l’épargne traditionnelle.»

Comme évoqué plus haut, un nombre de plus en plus limité d’opportunités s’offre aux investisseurs. «Les produits structurés peuvent représenter une classe d’actifs intéressante pour profiter de la volatilité des marchés, mais ils s’adressent à une clientèle avertie. Dans ce contexte, la classe d’actifs ‘actions’ nous paraît être une classe d’actifs intéressante, car elle offre l’opportunité de s’exposer à des thématiques de croissance tout en offrant une alternative au marché obligataire», précise Rocco Bozzone.

Déterminer son profil d’investisseur

Ces avis permettent-ils d’estomper vos derniers doutes, ou êtes-vous définitivement trop prudent pour vous lancer en bourse? Il est clair qu’un investissement en actions n’est pas recommandé pour tous les types d’investisseurs. «Cette aversion au risque peut être liée à deux facteurs. Le premier, c’est la solidité financière de l’investisseur, commente le macroéconomiste de chez Degroof Petercam. Est-ce qu’il peut endurer une perte de capital – en d’autres termes, est-ce qu’une perte de capital sur son investissement en actions n’entamerait pas son rythme de vie? Le deuxième est un facteur purement psychologique. Est-ce qu’il est prêt à prendre du risque, à subir cette volatilité qui est plus élevée que pour d’autres classes d’actifs?»

Votre horizon d’investissement doit lui aussi vous guider dans l’allocation de votre argent. Si votre volonté est de construire une nouvelle maison d’ici deux ou trois ans, investir en bourse représente un trop grand risque. Par contre, plus l’horizon d’investissement s’étend, plus la chance d’en sortir gagnant augmente.

«Souvent, le profil de l’investisseur évolue avec le temps, explique Fabien Vrignon. Quand on est jeune, l’épargne permet de se constituer une réserve bien utile, sous le mode de la précaution. Une fois que le patrimoine financier augmente, on peut prendre un peu plus de risques. Par ailleurs, les plus jeunes commencent à prendre conscience que, pour assurer leur pension, ils vont devoir trouver de nouvelles solutions… Je leur conseille aujourd’hui d’investir régulièrement dans un fonds solide, cet investissement récurrent produira une épargne disponible plus tard.»

Des fonds indiciels pour une gestion passive

L’une des premières règles que doit respecter tout investisseur boursier est d’assurer une certaine diversification de son portefeuille. «Si vous avez un montant limité à investir, je conseillerais d’aller vers un fonds d’actions diversifié ou vers un tracker qui réplique un indice réputé, plutôt que d’investir dans une ou deux actions», confie Alexandre Gauthy. Un fonds indiciel est d’abord un fonds d’investissement. Une sorte de portefeuille dans lequel plusieurs investisseurs peuvent investir de l’argent. Lorsque le fonds est indiciel, cela signifie qu’il reprend les mêmes valeurs et les mêmes pondérations que celles de son indice de référence et, donc, qu’il suit cet indice. Les fonds indiciels sont donc des paniers de titres jugés les plus représentatifs d’une zone géographique, d’un pays ou d’un secteur, en fonction de critères précis.

Il existe selon nous des solutions d’investissement en actions et en fonds qui sont susceptibles de surperformer sur le long terme.

Fabien VrignonCEO de Keytrade Bank Luxembourg

Par exemple, l’indice S&P 500 rassemble les cotations des 500 plus grandes entreprises américaines. Notez que certains fonds indiciels peuvent être, à leur tour, cotés en bourse et s’échanger. On les appelle trackers ou encore ETF (exchange-traded funds). «Il existe des fonds indiciels de tous types, que ce soit sur des marchés ou sur des secteurs, des plus larges aux plus spécifiques. Ils n’entraînent pas de gestion active et suivent simplement l’indice auquel ils sont associés, constate Fabien Vrignon. À côté de ces indices, on peut également se diriger vers un fonds. Bien géré, il peut lui aussi donner de beaux résultats. Certains gérants ont notamment la capacité de surperformer sur des niches intéressantes.»

Ces fonds s’apparentent à des paniers de titres sélectionnés pour leur opportunité d’évolution par des sociétés de gestion expertes en marchés financiers. «Il existe selon nous des solutions d’investissement en actions et en fonds qui sont susceptibles de surperformer sur le long terme. Sur les 10 dernières années, par exemple, l’ETF Ishares Growth a largement surperformé l’ETF Value, affichant une performance de +240% contre +139% pour la Value. En effet, sélectionner des valeurs de croissance offrant de la visibilité sur la génération de cash-flows et donc, théoriquement, du retour de cash pour l’actionnaire nous semble pertinent aujourd’hui, mais également demain.»

S’initier et suivre de près l’actualité 

Si l’on en revient à cette première règle de la diversification, les indices et les fonds sont des solutions assez simples pour s’engager sur le marché boursier. L’autre solution est de se constituer petit à petit un portefeuille composé de différentes actions, en veillant à ne pas investir dans un seul secteur ou, pire encore, une seule entreprise. «Lorsqu’on investit en direct sur le marché des actions, il est important de faire les bons choix, d’étudier en profondeur les actions qui nous intéressent, d’analyser leur profil de rentabilité et les perspectives d’évolution.

Il faut donc pouvoir s’informer, prévient Fabien Vrignon. internet est une source inépuisable, mais vu le flux d’informations qui en découle, il n’est pas toujours facile de prendre du recul et d’analyser la situation. Par exemple, lorsqu’une valeur baisse, il n’est parfois pas simple d’en identifier la cause. Un conseil est de dire qu’on ne ramasse pas un couteau qui tombe. Lorsqu’une valeur chute, il est rare qu’elle remonte tout de suite après. On assiste plutôt à une désaffection mutuelle des investisseurs.»

Bien s’informer est fondamental.

Olivier Lorthioir, equity specialist wealth managementBGL BNP Paribas

Mieux vaut dès lors entrer sur le marché dans une tendance haussière plutôt que de vouloir aller à contre­-courant. «Bien s’informer est fondamental, complètent de concert Olivier Lorthioir et Rocco Bozzone. Vous vous souvenez certainement de l’étude réalisée par John Graham, professeur agrégé de Finance à l’université Duke, qui a étudié la pertinence de 237 lettres d’information publiées entre 1980 et 1996. Cette étude a révélé la sous-performance chronique des recommandations prodiguées par certaines lettres d’investissement, souvent considérées comme des indicateurs contrariants. C’est pourquoi il faut plus que jamais être vigilant quant à l’information reçue, réaliser sa propre due diligence et se fonder sa propre opinion.»

Ce qu’on a vu sur la période récente, c’est que beaucoup de valeurs cycliques, dont l’activité est liée au cycle économique, connaissent une forte décote.

Alexandre Gauthymacroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg

Si l’on s’intéresse quelques instants aux tendances actuelles, les attentes, en termes de rendement, sont plus élevées en Europe et sur les marchés émergents qu’aux États-Unis, où le marché est relativement cher, si l’on se place dans une perspective historique. «Toutefois, le rendement espéré sur le long terme reste positif sur le marché US, précise le macroéconomiste de Degroof Petercam. Ce qu’on a vu sur la période récente, c’est que beaucoup de valeurs cycliques, dont l’activité est liée au cycle économique – les industriels, les semi-conducteurs, les valeurs bancaires –, connaissent une forte décote.

Elles sont directement impactées par le ralentissement du commerce mondial, les menaces protectionnistes et autres soubresauts. Ces valeurs se traitent dès lors à des multiples de valorisation très faibles si on les compare à des actions plus défensives, comme les biens de consommation et les valeurs télécoms, qui ont des cash-flows récurrents en raison de leur activité commerciale.» Aussi, quand on construit son portefeuille d’actions, il est toujours intéressant d’avoir une petite part d’actions issues des marchés émergents, où les taux de croissance sont les plus élevés.

Les bons ingrédients pour un rendement ciblé

On le voit, la diversification vaut autant pour les secteurs d’activité que pour les zones géographiques. «Pour obtenir des rendements positifs attrayants tout en maintenant le niveau de risque global de vos placements à un niveau faible à modéré, il est primordial de constituer et de gérer un portefeuille de placements avec une répartition judicieuse de l’actif, constatent Olivier Lorthioir et Rocco Bozzone.

La variabilité des rendements des portefeuilles ne dépend pas seulement du choix des placements individuels. D’autres facteurs-clés affecteront leur performance: l’allocation stratégique d’actifs, l’allocation tactique et, enfin, le market timing. Définir la composition optimale de votre portefeuille consiste à identifier les bons ingrédients et la quantité appropriée de chacun d’eux, en fonction de votre rendement cible, de votre tolérance au risque et de vos contraintes – aujourd’hui et à l’avenir.»

Pour éviter de faire des erreurs, le conseil est d’investir petit à petit.

Fabien VrignonCEO de Keytrade Bank Luxembourg

L’une des plus grandes craintes pour de nombreux investisseurs du monde entier est de choisir le mauvais moment pour investir sur le marché boursier. Après tout, le moment de votre achat peut avoir un grand impact sur votre profit ou votre perte globale. À moins d’être un trader chevronné, sans cesse connecté et capable de réagir à la moindre annonce, il est parfois difficile de saisir la bonne opportunité quand elle se présente.

«Pour éviter de faire des erreurs, le conseil est d’investir petit à petit. En achetant de manière régulière et diversifiée, sans excès, vous réduisez les risques, précise le CEO de Keytrade Bank Luxembourg. Une autre règle élémentaire est de définir une stratégie claire et de s’y tenir. C’est peut-être le point le plus important et aussi le plus difficile à respecter. Il ne faut surtout pas laisser l’émotion prendre le pas sur la raison.» Une rotation trop importante du portefeuille est rarement bénéfique, constate Alexandre Gauthy.

La valeur de la patience selon Warren Buffet

Avoir une vision claire sur la stratégie, c’est d’abord définir le poids des actions dans votre portefeuille global d’investissement. Si vous avez décidé d’allouer 50% de votre portefeuille aux actions et que celles-ci prennent de la valeur, il ne faut pas hésiter à vendre pour revenir à votre poids stratégique. De la même manière, en période de baisse, il vaut mieux remettre un peu d’argent sur la table. Une forte discipline implique tout autant de se fixer des objectifs réalisables. «Depuis 1926, on a une performance annuelle moyenne des marchés américains de l’ordre de 9,9% par an. Un peu moins de la moitié vient du dividende, et à peu près 60% de cette performance-là vient de l’appréciation du capital. S’il peut y avoir des interférences à court terme, sur le long terme, on observe quand même une tendance positive très intéressante.»

Il peut être utile pour illustrer nos propos de revenir sur l’histoire d’un grand investisseur américain: Warren Buffet. «À l’âge de 11 ans, il acheta ses trois premières actions Cities Service Preferred au prix de 38,25$ par action, raconte Olivier Lorthioir. Les titres, après avoir subi une baisse à 27$, ont rebondi pour atteindre 40$. Warren Buffet en profita pour encaisser ses premiers ‘petits’ profits alors que, quelques mois plus tard, l’action atteignit les 200$. Cet épisode apprit à Warren Buffet une leçon cruciale: la valeur de la patience…

Bien que des stratégies d’investissement à court terme puissent être intéressantes dans des marchés volatils, cet exemple illustre bien le fait qu’en général, un investisseur maximisera son TSR (Total Shareholder Return) en conservant ses titres sur un horizon d’investissement relativement long. Cette stratégie permet en effet de lisser les soubresauts de marché et de bénéficier le plus souvent d’un dividend yield (particulièrement attractif actuellement au regard des rendements offerts sur le marché obligataire).»

Des frais de transaction à bien estimer

Toute activité sur les marchés boursiers entraîne des coûts. Chaque fois que vous effectuerez une transaction en bourse, votre intermédiaire financier vous appliquera des frais. Parfois proportionnels, mais aussi de plus en plus souvent forfaitaires. Certaines banques appliquent par exemple une structure de frais proportionnels, autrement dit au prorata du montant investi. Les frais pour une transaction de 5.000 euros à la Bourse de Bruxelles peuvent ainsi s’élever à 1%, soit 50 euros. Un minimum est, du reste, souvent appliqué pour les petites transactions, par exemple 25 euros, soit quand même 4% du montant investi sur une transaction de 1.000 euros.

Proportionnellement, les petites transactions sont donc souvent plus chères que les grandes. Ces dernières sont donc en quelque sorte récompensées en ce sens que le pourcentage de frais diminue à mesure que le montant investi augmente. L’avènement d’internet a sensiblement réduit les frais. Pas étonnant, dès lors, que les banques ou brokers en ligne soient souvent les moins chers. La note auprès des grandes banques est par contre élevée, mais vous pouvez aussi y limiter les frais en investissant en ligne. Outre ces frais de transaction, vous devrez aussi payer les frais liés à votre compte-titres, soit le compte sur lequel la banque conservera vos actions.

Un autre point d’attention se situe au niveau de la taxation qui s’applique à chaque individu en fonction de son pays de résidence.

Alexandre Gauthymacroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg

En échange, la banque assurera le suivi de vos actions. De plus en plus de courtiers n’appliquent plus de frais. Dans le cas contraire, on parle de frais de garde. «Ces frais sont une bonne raison de vous inciter à ne pas avoir une rotation du portefeuille trop élevée, qui réduirait le rendement annuel, rappelle Alexandre Gauthy. Un autre point d’attention se situe au niveau de la taxation qui s’applique à chaque individu en fonction de son pays de résidence, que ce soit sur les dividendes ou sur certaines plus-values, endéans une période de détention donnée.»

Un autre point à ne pas sous-estimer si l’on s’intéresse à des valeurs émises en dehors des frontières de la zone euro est le risque de taux de change. Par exemple, si je suis Belge ou Français et que j’achète une action américaine, je m’expose à deux choses: d’une part, à la variation du prix de l’action cotée en dollars, et d’autre part, à la parité euro-dollar. C’est à la fois une opportunité et un risque pour l’investisseur.

Le choix de l’autonomie ou des conseils avisés

En fonction du montant investi, du type de produits et de l’intermédiaire choisi pour réaliser vos opérations boursières, votre autonomie sera plus ou moins large. «En dehors des 5% de traders très actifs, très bien informés, la majorité des gens font aujourd’hui le choix d’investir à long terme, en misant sur des fonds ETF ou en actions, proposés par leur banque ou un courtier, constate le CEO de Keytrade Bank Luxembourg. À ce titre, on assiste à une envolée des encours sur ETF. Ce n’est que pour les personnes plus fortunées que des spécialistes entrent en jeu pour fournir des recommandations régulières.»

Le client d’une banque privée pourra, par exemple, faire le choix entre deux types d’approches. «Dans le cadre d’un contrat de gestion discrétionnaire, le client délègue la gestion de ses avoirs à la banque, détaille Alexandre Gauthy. D’autres clients sont en relation régulière avec leur banquier, qui leur propose des investissements; c’est ce qu’on appelle la gestion-conseil.»

Si vous êtes un novice, une étape indispensable est de s’intéresser un minimum aux différentes solutions à votre portée. Posez des questions, lisez la presse économique et financière. Évitez surtout de vous laisser influencer trop rapidement par des effets d’annonce. «Comment être certain de perdre de l’argent en bourse? La réponse est simple: en renonçant à la diversification, en voulant ‘faire des coups’, voire en abusant des conseils prodigués par les revues financières! Sécuriser un investissement en bourse, c’est d’abord faire preuve de pragmatisme, se concentrer sur son ‘homework’ et, surtout, savoir faire preuve d’humilité! Qualité qui, selon nous, est le point de départ de toute analyse et de tout succès en matière d’investissement!», résument Olivier Lorthioir et Rocco Bozzone.

Choisir le bon fonds

Les fonds à gestion passive (ou fonds indiciels):

Ils ont pour objectif de répliquer l’évolution d’un marché, d’une région ou d’un secteur particulier. Les gestionnaires visent avant tout la sécurité du placement et achètent des valeurs composant un indice boursier. Par exemple, au Luxembourg, le principal indice boursier est le LuxX, qui reprend les 10 plus importantes capitalisations boursières du pays. En fonction des évolutions de l’indice choisi, les gestionnaires font varier la composition du portefeuille. Le niveau de risque est le même que celui du marché qu’ils répliquent.

Les fonds à gestion active: 

Ils ont pour objectif de surperformer le marché. Les gestionnaires cherchent à obtenir un rendement attrayant, voire à dépasser un indice de référence (benchmark). Ils surveillent l’environnement économique et modifient les actifs de leur fonds en fonction de l’évolution de la situation. Pour obtenir un maximum de plus-­values, ils vont acheter et revendre en grande quantité. Le niveau de risque va dépendre ici de la répartition du portefeuille entre valeurs de croissance, valeurs d’actifs, petites et grosses capitalisations.

Les fonds spéculatifs: 

Appelés aussi hedge funds, ce sont des placements à risque dans un environnement peu réglementé. Les gestionnaires recherchent des rentabilités élevées et utilisent des stratégies non autorisées pour les fonds d’investissement à gestion passive ou active. Ils peuvent notamment vendre à découvert et utiliser l’endettement pour augmenter leur capacité d’investissement (effet de levier). Investir dans les fonds spéculatifs peut représenter une source de diversification intéressante, à condition de ne pas avoir une trop grande aversion au risque.