Le personnel de santé de l’ensemble des structures hospitalières du pays va mener une action d’envergure en organisant une minute de silence ce jeudi à 12h devant les hôpitaux du pays. (Photo: Ministère de la Santé)

Le personnel de santé de l’ensemble des structures hospitalières du pays va mener une action d’envergure en organisant une minute de silence ce jeudi à 12h devant les hôpitaux du pays. (Photo: Ministère de la Santé)

Jeudi 25 novembre à midi, le personnel de santé de toutes les structures hospitalières du Luxembourg respectera une minute de silence pour sensibiliser la population à la vaccination. 

À l’initiative du docteur Marco Klop, anesthésiste aux Hôpitaux Robert Schuman, le personnel de santé de l’ensemble des structures hospitalières du pays va mener une action d’envergure en respectant une minute de silence, jeudi à midi, devant les hôpitaux du pays.

«Nous voulons sensibiliser l’opinion publique sur la situation sanitaire actuelle. Les hôpitaux commencent de nouveau à se remplir, les patients commencent de nouveau à mourir et nous ne sommes pas loin de devoir déprogrammer des opérations pour d’autres pathologies», souligne le docteur Marco Klop.

L’anesthésiste souhaite également marquer les esprits face à la montée des messages véhiculés par les anti-vaccins. «Je ne m’inscris pas contre les manifestations anti-vaccin, mais je constate que les personnes qui sont contre la vaccination ont beaucoup d’écho, tout comme les conspirationnistes qui affirment que cette pandémie n’est qu’une idée. Nous voulons donc sensibiliser le public, car ce virus est à prendre au sérieux», poursuit l’anesthésiste, contacté par Paperjam.

Ce dernier estime que le taux de vaccination actuel n’est pas assez élevé pour protéger toute la population et s’insurge contre les messages complotistes. «Les personnes qui hésitent à se faire vacciner, c’est parce qu’elles entendent que l’on peut mourir des effets secondaires du vaccin. Mais c’est extrêmement rare, et c’est surtout du pipeau!», peste-t-il, avant d’ajouter: «Il y a les forts et durs, les complotistes, que l’on n’arrivera pas à convaincre. Puis il y a les personnes qui ont peur, c’est la grande majorité. Je les compare souvent à une personne qui se trouve dans une pièce en feu au cinquième étage d’un immeuble, avec une fenêtre ouverte et des pompiers en contrebas avec un grand matelas pour la réception. La personne a peur de sauter dans le vide et, dans le coin de la pièce, il y a une autre personne sur un canapé qui lui dit : ‘Ne t’inquiète pas, ne saute pas, ce n’est que de la fumée et, au pire, les pompiers vont éteindre les flammes.’»

Des pertes de chance pour les autres patients

Marco Klop s’inquiète surtout des conséquences qu’engendre un service de soins intensifs sursollicité. «Ceux qui vont souffrir le plus, ce sont les patients dont on va devoir déprogrammer ou reporter les opérations. Les personnes à qui on va diagnostiquer un cancer avec plusieurs mois de retard. Une personne qui fera un infarctus et que l’on ne pourra pas prendre en charge immédiatement, faute de place en soins intensifs. C’est des pertes de chance pour ces patients. C’est ce qui est en train de se passer en Autriche», prévient le docteur Marco Klop.

Ce dernier assure avoir le soutien de toutes les directions des structures hospitalières du pays, du personnel de santé, et même de plusieurs entreprises qui ont déjà exprimé leur soutien à la démarche.

En plus de vouloir sensibiliser l’opinion publique, le personnel de santé souhaite rappeler qu’il est sur le front sanitaire depuis maintenant deux ans et qu’il faut du temps pour former du personnel pour les soins intensifs et la réanimation.

«Pour le moment, nous n’avons pas de confinement, mais nous n’en sommes pas très loin. Il suffit de regarder la situation en Saxe et en Bavière. Ici, les marchés de Noël sont ouverts et attirent beaucoup de monde. Même s’il y a les mesures 3G (vacciné, guéri ou testé), il y a sans doute des personnes qui arrivent à passer au travers des restrictions. En ce qui me concerne, je suis plutôt favorable à une stratégie 2G (vacciné, guéri) ou même à une stratégie 2G+ (vacciné, guéri et testé) pour certains événements », conclut le docteur Klop.