Trois ans après que l’ancien Premier ministre maltais, Joseph Muscat, a fait adopter trois textes-clés pour faire de Malte la «Blockchain Island» et une semaine après une nouvelle édition – la troisième – de la Paris Blockchain Week, au cours de laquelle le ministre de l’Économie français, Bruno Le Maire, a redit sa volonté de faire de la France un pays qui compte, la Luxembourg Blockchain Week n’est pas autre chose.
Dans un univers de communication globalisé, il faut d’abord dire que l’on existe. En retard, le Luxembourg? Que nenni. Dès 2017, les autorités ont discrètement favorisé la création d’Infrachain, pour s’intéresser à la gouvernance de la blockchain. Aujourd’hui, elle a en magasin plus de 1.000 «proofs of concept» et autres pilotes. Depuis 2017, pour l’année universitaire 2018-2019, l’Université du Luxembourg a son cursus en computer science et blockchain research, et ses experts au sein du SnT, comme Alexander Rieger et le professeur Radu State, qui seront tous les deux à l’affiche de l’événement luxembourgeois. Et la liste des efforts entrepris pour attirer un univers de la blockchain au Luxembourg fourmille d’exemples, dans la grande tradition d’un pays qui sait attirer le business à lui.
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Les métriques luxembourgeoises sont même assez intéressantes à surveiller. Dans la dernière édition du Time for Trust, sorte de panorama de la blockchain, PwC place le Luxembourg en quatrième position européenne en termes de nombre de sociétés par 100.000 habitants, derrière Malte (11,7), l’Estonie (10,8) et la Suisse (9,3), qui sont les véritables leaders sur ce sujet, davantage que la France ou l’Allemagne qui ont l’avantage de la taille (avec 180 sociétés au total pour l’Allemagne et 170 en France sur 3.000 en Europe).
La question, comme avec les start-up ou les fintech, est d’avoir le meilleur cadre pour développer les technologies qui auront un impact. Si tout se passe comme prévu dans le rapport de PwC, la blockchain dégagera 1.756 milliards de dollars de PIB supplémentaires en 2030, dont 1,69 au Luxembourg (2e bénéficiaire du développement en Europe) et quelque 6.600 nouveaux jobs sur les 40 millions qui verront le jour à l’échelle de la planète.
La semaine dernière, à Paris, au ministère de l’Économie puis à Station F, le petit millier de participants à l’événement aura compris que la France veut compter, surtout dans la crypto et les assets financiers, mais aussi dans la construction (pour la rénovation thermique), l’industrie agroalimentaire (pour la traçabilité) et l’énergie (pour les certificats de production d’énergie solaire).
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Les thématiques sont intéressantes parce qu’elles montrent que chacun va essayer de voir midi à sa porte. Clairement, la blockchain en relation avec la finance est aussi un sujet pour le Luxembourg, mais probablement pas de la même manière puisque le pays ne veut plus être associé au moindre risque lié à l’image d’un paradis fiscal. Or, le monde des cryptomonnaies comporte encore de nombreux acteurs troubles. Comme le secteur de la traçabilité dans l’industrie agroalimentaire a aussi ses défenseurs ici, comme Compellio et le groupe Guala Closures Luxembourg.
Mis en place par les organisateurs (Infrachain, Lëtzblock, la Lhoft, le List, le SnT et le Centre luxembourgeois pour la logistique et la gestion de la supply chain), : logistique, santé, finance et digital assets, secteur public et green finance. La liste des 62 intervenants de lundi 16 heures à vendredi 16 heures promet du fond dans les discussions et de la volonté politique avec, outre le Premier ministre, le ministre des Finances, (DP), et l’ambassadeur de la place financière, .
Le futur, pour différentes raisons, s’écrira là, dans cette technologie, comme un livre de comptes non plus centralisé mais «délégué» à des milliers d’ordinateurs, réputé inviolable et infalsifiable, plus rapide, moins coûteux énergétiquement.
Ou ne se fera pas, disent d’autres experts, pour lesquels, si la nouvelle société de la confiance n’accélère pas d’ici 2023, elle pourrait retomber comme un soufflé.