Le premier gestionnaire d’actifs au monde, américain de surcroît, a été retenu pour conseiller l’UE en matière de finance durable – peut-être pas le choix le plus judicieux. (Photo: Shutterstock)

Le premier gestionnaire d’actifs au monde, américain de surcroît, a été retenu pour conseiller l’UE en matière de finance durable – peut-être pas le choix le plus judicieux. (Photo: Shutterstock)

La médiatrice de l’Union européenne a rendu un rapport dans lequel elle s’interroge sur le rôle du géant BlackRock en tant que conseiller de la Commission européenne par rapport à la finance durable.

La Commission européenne a-t-elle fait le bon choix en prenant BlackRock comme conseiller en matière d’investissements durables? L’affaire avait provoqué de sérieux remous au niveau du Parlement européen dès le mois d’avril, un groupe de députés ayant soulevé la menace de conflits d’intérêts potentiels.

Ce mercredi 25 novembre, la médiatrice de l’UE, Emily O’Reilly, a partiellement abondé dans leur sens.

En avril, en apprenant le choix de BlackRock – le plus grand gestionnaire d’actifs au monde avec un portefeuille de 7.800 milliards de dollars – pour conseiller la Commission sur la manière d’intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la réglementation bancaire, les députés s’étaient interrogés sur le choix d’une société américaine détenant plus de 87 milliards d’actifs dans les grandes multinationales des énergies fossiles et dans les grandes institutions bancaires.

Ils notaient aussi que BlackRock avait obtenu ce contrat de conseiller en finance durable après avoir proposé un prix cassé – 280.000 euros – et s’interrogeaient donc sur la volonté réelle du plus grand fonds mondial dans cette opération.

L’entreprise a manifestement un intérêt dans le développement d’une future réglementation européenne qui aura un impact sur elle-même et sur ses clients.

Emily O’ReillymédiatriceUnion européenne

Dans son rapport publié ce mercredi, la médiatrice s’interroge sur le prix de cette offre, estimant que ce contrat pouvait profiter à BlackRock afin de défendre ses propres intérêts ou ceux de ses clients.

«L’entreprise a manifestement un intérêt dans le développement d’une future réglementation européenne qui aura un impact sur elle-même et sur ses clients», note madame O’Reilly.

Demande d’annulation

Elle ne demande pas la résiliation du contrat, mais demande plus de vigilance à la Commission lors de la passation de ce type de contrats.

Mais, profitant de cet avis tranchant, des députés européens, dans la mouvance verte, viennent quant à eux d’écrire à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, pour lui demander d’annuler «immédiatement le contrat attribué à BlackRock».

Pour sa défense, BlackRock précise que «la Commission européenne a déjà indiqué publiquement que la qualité technique de la proposition de FMA (la division Financial Markets Advisory de BlackRock, ndlr) avait été le critère déterminant pour la décision d’attribution du mandat».

Le gestionnaire de fonds insiste aussi sur la séparation nette qui existe entre ses équipes de conseillers et les activités de gestion de fonds. Enfin, Blackrock pointe également son engagement envers la finance durable dans ces stratégies d’investissement.