Cela fait plus d’une dizaine d’années qu’Amelia LiCavoli poursuit des recherches sur l’installation intitulée «Black Air» d’Aldo Tambellini et Otto Piene réalisée en 1968 à partir de vidéos et de pneumatiques. Cette œuvre est un environnement électronique qui a été reconstitué à partir de documents d’archives pour l’exposition dans la grande salle du premier étage. Elle n’a en fait été activée qu’une seule fois en 1968, dans un lieu expérimental à New York, le Black Gate Theater. Elle plonge le visiteur dans un environnement de pénombre, éclairé par la lumière des écrans qui projettent des vidéos, sur le mur ou sur des moniteurs, où on découvre des images abstraites (des gestes d’une danseuse portant des lampes électriques, des images de signaux électroniques manipulés). Autour de l’installation vidéo, des arbres gonflables dressent leurs branches nues vers le plafond, traversés par un souffle discontinu. Une lumière placée au pied de ces «arbres» rend l’air à l’intérieur phosphorescent. Cette œuvre tient son titre de l’air noir, cette matière qui n’a ni couleur ni luminosité ni forme, mais qui contient en elle un potentiel à l’état pur, une énergie créatrice à l’état brut.
Cette installation historique est le pivot central et intellectuel d’un corpus d’œuvres qui s’approchent elles aussi de cette notion d’air noir, de cette énergie immatérielle et créative. Ainsi, les dessins de Hans de Wit évoquent une cosmologie, des phénomènes d’explosions, des événements d’une dimension massive qui dépasse l’échelle humaine tout en ayant un impact sur elle.

«Nothing is Possible» de Semiconductor. (Photo: Andrès Lejona)
Plus loin, les panneaux percés et éclairés de l’intérieur de Semiconductor sont d’une esthétique très séduisante. Ils représentent des cartes cosmiques, des galaxies qui sont enregistrées par des scientifiques qui cartographient l’univers sur base des changements des rayonnements électromagnétiques. Ces panneaux sont donc la représentation d’univers en expansion conduits par une énergie noire, des représentations de lieux que nous ne comprenons qu’à peine et qu’il est difficile d’appréhender.
Enfin, arrêtons-nous sur l’installation de Max Kuiper, une présentation multimédia de z\w\a\r\t magazine nr.29- Black Air Issue. Il s’agit à la fois d’une installation dans l’espace composée d’une succession de module de feuilles de polyéthylène transparent qui abrite à la fois des images, des vidéos, des sons, des objets… Cette proposition est complétée par une performance et une publication.
Jusqu’au 5 janvier, au Casino Luxembourg.