Rarement une innovation technologique aura autant fait parler d’elle que le bitcoin. (Photo: Capital Group)

Rarement une innovation technologique aura autant fait parler d’elle que le bitcoin. (Photo: Capital Group)

Rarement une innovation technologique aura autant fait parler d’elle que le bitcoin. L’enthousiasme pour cette cryptomonnaie provoque de nombreux débats, y compris chez les experts de Capital Group. Rencontre avec Mark Casey, Gérant de portefeuille, et Douglas Upton, Analyste actions et spécialiste du secteur métallurgique et minier. L’un pour, et l’autre contre cet actif.

Si certains voient dans le bitcoin l’avenir de la finance, d’autres le comparent à un système pyramidal classique. Il faut dire que l’engouement pour cette cryptomonnaie s’accompagne d’enjeux importants, dont celui de la capitalisation boursière des cryptomonnaies (plus de 2.200 milliards de dollars en 2021).

Comment déterminer le prix raisonnable d’un bitcoin?

MC : Il faut savoir que la valorisation du bitcoin est paradoxale. D’un côté, cet actif ne produit aucun revenu. Il est donc impossible d’analyser son flux des liquidités. Sa valeur dépend donc du prix que les acquéreurs sont prêts à payer. D’un autre côté, le bitcoin pourrait devenir un actif précieux. Son attrait s’explique pour plusieurs raisons.

D’abord, il n’est pas possible de créer de nouveaux bitcoins (le nombre actuel étant limité à 21 millions). Ensuite, cette monnaie ne peut être censurée et est donc accessible à quiconque possède une connexion Internet. Enfin, elle ne peut être confisquée par un gouvernement ou un créancier. Un argument particulièrement intéressant pour les populations vivant sous des régimes autoritaires.

DU : La rareté du bitcoin est en fait artificielle puisque cette monnaie a été imaginée par un individu pour envoyer de l’argent par Internet. Elle est progressivement devenue une sorte de valeur de réserve. Son cours est fixé par les marchés financiers. Si ces derniers n’ont pas besoin du bitcoin, celui-ci a besoin de ces marchés. Cela ressemble au final à un système pyramidal. Il est donc impossible de modéliser sa valorisation.

Qu’est-ce qui fait flamber le bitcoin? (Crédit: Capital Group)

Qu’est-ce qui fait flamber le bitcoin? (Crédit: Capital Group)

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Le bitcoin, une protection efficace contre l’inflation?

MC : Je le considère comme une excellente couverture contre l’inflation. À travers le monde, près de 100.000 milliards de dollars sont détenus sous diverses formes de liquidités dont le pouvoir d’achat ne cesse de reculer. Certaines obligations affichent même un taux négatif – c’est le cas par exemple de certaines obligations émises par le Luxembourg ou l’Allemagne. Dans ce contexte, certains investisseurs décideront de se tourner vers le bitcoin puisqu’on ne peut, en quelque sorte, en modifier la politique monétaire.

DU : Cet argument n’est valable que si les taux d’intérêt réels sont négatifs ce qui, sur le long terme, a rarement été le cas. Par ailleurs, si on ne souhaite pas s’exposer à un risque de change, et bien on n’investit pas dans une monnaie. Je pense au final que plusieurs actifs tangibles, comme les matières premières par exemple, aux longs historiques de performance, peuvent protéger contre l’inflation. Le choix, en-dehors du bitcoin, est donc possible.

Cette cryptomonnaie est-elle une menace pour l’environnement?

MC : Le logiciel pilotant le système évolutif permet de fonctionner quel que soit le nombre de « mineurs », le prix des puces électroniques, de l’énergie ou le cours du bitcoin, et donc de faire face à toute hausse ou baisse de ces variables. Le bitcoin est donc une filière particulièrement verte en comparaison avec d’autres activités industrielles et cherche constamment à s’améliorer. Les « mineurs » de bitcoin achètent 0,1% de toute l’énergie produite mondialement. Sa consommation d’énergie est donc limitée et devrait le rester. 

Les ‘mineurs’ de bitcoin achètent 0,1% de toute l’énergie produite mondialement.
Mark Casey

Mark CaseyGérant de portefeuilleCapital Group

DU : Le « minage » de bitcoin consomme davantage d’électricité que certains pays. Il nécessite plus de 100 térawatts-heures/an, soit un coût de 3 à 4 milliards de dollars. À celui-ci s’ajoute les coûts du portage négatif (semblable à la dépréciation d’une devise). La création de valeur par le bitcoin justifie-t-elle ce montant et cette empreinte carbone ? Je pense que cette monnaie profite à une minorité et que la planète n’en a pas besoin.

Vers une interdiction du bitcoin?

MC : Cette interdiction par certains États pourrait constituer le principal obstacle à son adoption et provoquer une chute de son cours à court-terme. Toute tentative de le bannir serait toutefois susceptible d’accélérer son adoption par des investisseurs sceptiques à l’égard des gouvernements.

DU : La limitation, voire l’interdiction, du bitcoin et d’autres cryptomonnaies reste possible dans certains pays si les gouvernements estiment perdre le contrôle du système financier. Le succès du bitcoin pourrait donc mener à sa perte.

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