«Le million! Le million!», et Thouraya Meftah partent dans un grand éclat de rire. Le million dont ils parlent s’exprime en mètres carrés. S’il était atteint à la fin de l’année prochaine, les deux cofondateurs de BIM-Y ont atteint leur «break even», ce moment où une start-up dégage du bénéfice pour la première fois.
Au salon Vivatech, à deux pas de leur stand vers lequel ils jettent un coup d’œil toutes les cinq minutes, les deux dirigeants de cette solution de modélisation de bâtiments restent discrets malgré leur rire.
Depuis le lancement de leur web application en novembre 2017, ils ont séduit une petite quinzaine de clients, de belles références comme la Banque européenne d’investissement, le Parlement européen ou les CFL, pour une surface totale de 425.000m2.
Une connaissance jusqu’au plus petit boulon
«Nous sommes très clairement à la recherche de partenaires industriels, qui nous permettraient d’avoir accès à leurs dossiers liés à leurs bâtiments, pour pouvoir les scanner et les enrichir, et nourrir notre intelligence artificielle». Car BIM-Y ne se contente pas de tout savoir de la taille de chaque espace ou de chaque entrepôt, l’application connaît le nombre et la localisation de chaque pièce jusqu’au plus petit boulon.
Grâce à la connaissance de tous ces détails, la moindre opération de maintenance ou de réparation va beaucoup plus vite et est surtout beaucoup plus efficace. «On n’est plus dans le cliché du réparateur de machines à laver qui vous dit qu’il doit revenir parce qu’il n’a pas le bon joint!», dit le cofondateur.
M. Marié a déjà fait le calcul. «Mettons que vous ayez un bâtiment de 20.000 mètres carrés qui nécessite 10.000 interventions par an. Même si le technicien ne gagne que cinq minutes par opération et que chaque minute vous coûte un euro, vous économiseriez 50.000 euros.»
500.000m 2 par client aux États-Unis
La réalité, c’est que dans ces vieux bâtiments que BIM-Y a décidé de scanner, tout est à refaire. Pas comme dans les immeubles modernes où l’internet des objets est de plus en plus souvent pris en compte dès la conception.
À terme, ces deux spécialistes du contentieux dans le bâtiment seront même capables de prédire les problèmes à partir du croisement des données anonymisées de plusieurs bâtiments. «Mettons que vous remarquiez un problème avec une pièce d’ascenseur. Et que vous retrouviez le même problème avec la même pièce dans quatre autres ascenseurs situés ailleurs, vous pourriez vérifier à l’avance que la pièce d’un sixième ascenseur soit en bon état, avant de tomber en panne.»
À défaut de partenaires industriels, la start-up tentera de lever des fonds avec une idée en tête: s’imposer en Europe et aller conquérir l’Amérique. «En Europe, un client normal a un bâtiment de 15.000 à 20.000m2. Aux États-Unis, la surface passe à 500.000m2», dit M. Marié. À un euro le mètre carré pour ce service, tarification qui va être revue pour être plus lisible, le chiffre d’affaires augmenterait autrement plus vite.
Un nouveau produit bientôt prêt
Leur société lancera bientôt son nouveau produit, lié à la déconstruction, qui facilitera le démantèlement des vieilles constructions. «L’idée va plus loin: ces données nous permettraient de devenir une plate-forme d’‘occasion’ de la construction. Ça s’inscrit bien dans la tendance de l’économie circulaire!», assure Mme Meftah.
Un deuxième produit est lui aussi développé au Luxembourg, puisque leur technologie est externalisée dans une autre start-up incubée chez Paul Wurth.