1,355 milliard de chiffre d’affaires pour les Big Four, c’est le nouveau record à battre. La pandémie de Covid qui a constitué l’arrière-plan opérationnel de ces entreprises n’a pas perturbé la marche des affaires et une dynamique de croissance toujours haussière ces dernières années. Alors même que les quatre firmes étaient restées très prudentes dans leurs prévisions. Au final, toutes ont vu leur chiffre d’affaires progresser.
Ainsi, par ordre d’apparition dans l’actualité, a annoncé un revenu net en hausse de 5,1% à 432,3 millions pour son exercice 2021, exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021. a annoncé une croissance de 10,2% à 286 millions sur la même période. Chez , l’exercice 2021 allant du 1er juin 2020 au 31 mai 2021 s’est clos avec une croissance de 7,5% et un revenu brut de 380 millions. Et chez , pour l’exercice qui s’est déroulé entre le 1er octobre 2020 et le 30 septembre 2021, la progression est de 9% à 257 millions.
Pour bien mesurer l’écart entre les Big Four et leurs poursuivants, disait s’attendre pour son exercice 2020-2021 à un chiffre d’affaires de 64 millions, en progression de 6%.
Progression dans toutes les lignes d’activité
Si, dans chacune de ces firmes, les métiers ne se recoupent pas exactement, on retrouve dans les quatre entreprises la même «Sainte Trinité» des lignes de service, à savoir les activités d’audit, de conseil et de fiscalité.
Et dans chacune de ces lignes de métiers, la croissance est là pour tous.
L’activité «historique» d’audit progresse de 10% chez EY, de 9,8% chez PwC, de 9% chez KPMG et de 7% chez Deloitte, où l’on parle d’«audit et d’assurance». La spécificité? Si l’audit est la revue des comptes d’une société tels que publiés dans les «financial statements», les activités d’assurance consistent, elles, en l’évaluation et l’analyse des opérations, process et procédures, les deux fonctionnant main dans la main.
Pour ce qui est de l’activité de conseil, les croissances affichées sont de 11% chez KPMG, de 10% chez Deloitte, de 5,5% chez EY et de 4,4% chez PwC. EY, dans sa typologie, mentionne une quatrième ligne de service baptisée «métiers stratégie et transactions», qui affiche une progression de 13% sur 12 mois. Une ligne de métiers qui peut se rattacher au conseil au sens large, et plus spécifiquement au conseil en stratégie, avec une composante valuation/transaction plus développée. L’idée est d’«accompagner les entreprises qui cherchent à se développer sur de nouveaux marchés, à saisir la prochaine opportunité de M&A ou à matérialiser leurs ambitions de croissance grâce à une meilleure gestion de votre capital». Dans nombre de pays, cette activité est exercée sous la marque «Parthenon».
Fiscalité enfin: 11,8% de croissance pour EY, 8% pour KPMG, 4,6% pour Deloitte et 0,7% pour PwC.
Alternatif, digitalisation, ESG et évolution réglementaire
D’un point de vue dynamique, l’activité a été portée par quatre tendances lourdes.
La première d’entre elles, citée par les quatre firmes, est la progression du secteur «privé» ou «alternatif» au Luxembourg, porté par la directive AIFM et le boum du secteur des investissements alternatifs qui en a découlé. Boum qui attire de nouveaux acteurs et augmente les besoins en matière de conseil et de reporting.
La digitalisation, et plus précisément la transformation numérique, a également suscité de fortes demandes et constitué un fort relais de croissance.
Tout comme la percée de l’ESG, qui s’intègre de plus en plus dans la stratégie et dans les pratiques des sociétés, ce qui implique une remise à plat de leur manière de travailler.
La dernière de ces tendances s’inscrit dans la durée: c’est celle de l’évolution réglementaire, notamment en matière de fiscalité internationale, qui, depuis 2008, constitue un véritable fonds de commerce pour les firmes de conseil.
Ces quatre tendances sont des tendances à long terme qui vont pérenniser l’activité des Big Four.
Faire primer le fond sur la forme
Cette année, la communication sur les résultats ne s’est pas appesantie sur les chiffres.
Du fait de leurs formes juridiques, les Big Four ne communiquent jamais sur le résultat net. Celui-ci se répartit entre les associés selon des critères propres à chaque firme.
L’accent a été mis sur l’engagement citoyen, qui occupe une place prépondérante dans les rapports annuels. Chez Deloitte, les résultats ont été intégrés dans un . Si ce rapport existe depuis trois ans maintenant, c’est la première fois qu’il intègre les données financières de la firme. Chez et chez , c’est un «transparency report» que l’on publie. Et l’ESG est également le fil conducteur du rapport annuel publié par
Les quatre firmes insistent sur leurs engagements sur les trois piliers de l’ESG. Citons, pêle-mêle, les politiques «net zero» des uns et des autres, qui incluent la participation à diverses initiatives vertes et l’obtention de labels divers et variés. L’accent est également mis sur les ressources humaines. Aucune compagnie n’est avare en matière de plans de formation ou de télétravail.
Mais ce que l’on notera surtout, c’est l’accent mis sur le bien-être des collaborateurs. Chez PwC Luxembourg, on affiche pour l’exercice en cours un objectif de 910 nouveaux recrutements . Même philosophie chez Deloitte, avec un plan de recrutement de 500 personnes sur l’exercice. Du côté d’EY, ce sont 700 personnes qui sont recherchées, et chez KPMG, 500. KPMG qui, forte de ses bons résultats, annonce revaloriser le pack salarial de ses salariés de 15%.
À la fin de leurs exercices respectifs, PwC Luxembourg employait 2.839 personnes; Deloitte, 2.300; KPMG, 1.800, et EY, 1.700.