Plusieurs techniques de culture sont actuellement testées dans cette serre de toit de 60m2.  (Photo: Paperjam)

Plusieurs techniques de culture sont actuellement testées dans cette serre de toit de 60m2.  (Photo: Paperjam)

Mêler l’agriculture et le secteur de la construction pour faire des économies d’énergie et valoriser la production locale. C’est le pari fou lancé par la Commission européenne via un projet Interreg. Le principe étant de munir les toits luxembourgeois de serres urbaines!

Installer des ruches sur les toits ou un espace terrasse, cela n’est plus inhabituel au Luxembourg. Mais implanter sur le toit d’une entreprise une serre qui produit fruits et légumes à foison, ce n’est pas commun.

C’est pourtant le principe du projet Groof (Greenhouse to Reduce CO2 on Roofs) porté par la Commission européenne avec le soutien d’Interreg. Pour l’heure, un petit projet pilote est testé sur le toit du bâtiment de l’IFSB, à Bettembourg. Une première serre de 60m2 installée depuis 2014, qui porte déjà de nombreux fruits.

La serre trône fièrement à l’extrémité du toit, déjà bien occupé par des panneaux solaires.  (Photo: Paperjam)

La serre trône fièrement à l’extrémité du toit, déjà bien occupé par des panneaux solaires.  (Photo: Paperjam)

L’objectif de ce premier test est d’étudier la construction de ce genre d’outil, mais aussi les différentes techniques de culture, afin de déterminer celle qui sera la plus rentable et efficiente à l’avenir. Vu que la construction se situe loin du sol, c’est la culture hydroponique qui a été privilégiée (culture de plantes réalisée sur un substrat neutre et inerte, comme le sable ou l’argile).

Technique plus légère, et donc plus adaptée à un toit, qui permet surtout d’utiliser moins d’eau. Dans le cas présent, elle est alimentée uniquement avec de l’eau de pluie et sans pesticide.

Après cette phase de test, une deuxième étape va bientôt être franchie. Dans les mois qui viennent, une serre nettement plus imposante viendra en effet s’implanter sur l’ensemble de la toiture de l’IFSB. D’une taille d’environ 550m2, elle permettra de lancer une culture de tomates à grande échelle afin de fournir les cantines et restaurants locaux. Ce projet est estimé à un montant situé entre 600.000 et 700.000 euros.

Vers une monoculture

«Dans le prototype, nous testons différents végétaux, avec des fruits, des légumes et des fleurs. Mais l’objectif de cette nouvelle serre, c’est d’être rentable et qu’elle puisse distribuer ses produits de manière classique. Pour maximiser la rentabilité, il ne faut pas trop se diversifier, donc on restera sur une monoculture de tomates», explique Nicolas Zita, coordinateur du projet pour Interreg Groof.

Une fois la phase de test bouclée, ce type d’installation pourra se développer au Luxembourg en proposant d’autres types de culture. Planter du chanvre pour l’isolation dans la construction fait notamment partie des plans potentiels au vu de l’espace disponible sur les toits luxembourgeois.

Mais nous n’en sommes pas encore là. Le projet Groof est en attente de recevoir le permis de construire communal. Toutefois, les règlements ne sont pas toujours en phase avec les besoins. Surtout lorsque les besoins sont aussi spécifiques que dans ce projet.

«Nous avons quelques difficultés à nous intégrer dans le gabarit du bâtiment que nous devons pourtant respecter. Mais il n’est pas en adéquation avec la hauteur nécessaire pour une serre. Nous sommes donc en discussion», reconnaît le coordinateur, qui espère boucler ce projet pour le printemps prochain.

La serre permet aussi d’ouvrir le plafond pour laisser passer plus de lumière dans les bureaux.  (Photo: Paperjam)

La serre permet aussi d’ouvrir le plafond pour laisser passer plus de lumière dans les bureaux.  (Photo: Paperjam)

Pour mener à bien ce projet novateur, 11 partenaires venant de France, Belgique, Allemagne, Espagne et Luxembourg ont coordonné leurs talents, grâce à Interreg qui le finance à hauteur de 2,9 millions d’euros. Dans ce cadre, trois autres prototypes devraient aussi voir le jour en Europe: en France, en Belgique et en Allemagne. Le Luxembourg fait donc figure de pionnier dans le domaine.

«Face au challenge environnemental, économique et social que nous traversons, je pense que c’est une solution. Nous ne produisons que 3% des fruits et légumes que nous consommons au Luxembourg. C’est inacceptable. Les fermes urbaines sont donc une option efficace», estime Bruno Renders, directeur de l’IFSB.

Un projet win-win

Sans compter que ces fermes urbaines apparaissent comme une formidable façon d’utiliser l’économie circulaire tout en préservant l’environnement. «Elles ont plusieurs avantages: la réduction des émissions de CO2, des bénéfices sociaux comme la création d’emplois, elles améliorent la qualité de vie en apportant des légumes frais et bio, tout en investissant dans la production locale», ajoute Bruno Renders, convaincu par le projet qui trône sur son toit depuis plus de quatre ans.

À noter enfin qu’un appel international aux candidats qui pourraient doper le développement des «greenhouses» a été lancé et se termine fin juin. Cinq candidats ont déjà marqué leur approbation pour aider le projet, et de nombreux autres se montrent intéressés. Dix seront retenus.

Le projet détaillé du Groof qui sera placé sur le toit de l’IFSB. (Illustration: DR)

Le projet détaillé du Groof qui sera placé sur le toit de l’IFSB. (Illustration: DR)