Bertrand Lecourt a une conviction forte: «Pas d’économie sans eau et pas d’économie durable sans gestion des déchets». Une stratégie qui s’inscrit dans le droit fil de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, qui s’est tenue à New York du 22 au 24 mars et qui veut accélérer les progrès vers l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici à 2030.
Pour lui, l’eau et les déchets sont «des incontournables de la civilisation», des «invariants» qui permettent de faire abstraction de l’exercice des prévisions macroéconomiques, «un exercice où on se trompe souvent. Sinon toujours». L’eau et les déchets sont donc des invariants dont la croissance est portée par cinq moteurs: l’urbanisation – «depuis 2011, il y a plus de monde dans les villes que dans les campagnes. Et quand on passe de la campagne à la ville, on devient plus riche et on consomme 4 à 5 fois plus» –, l’augmentation de la consommation qui en résulte – «notre empreinte sur l’eau atteint 15.000 litres par jour» –, la nécessité d’investir constamment dans les infrastructures, la mise en place de réglementations qui favorisent de plus en plus l’investissement durable et le besoin vital de l’homme de retraiter cette ressource. Cinq moteurs où la croissance des besoins dépasse celle du PIB.
Des secteurs liés
Lier l’eau et les déchets pourrait ressembler à un exercice de grand écart. Ce n’est pas le cas selon Bertrand Lecourt: «Tout ce que l’on consomme vient de l’eau. Et tout ce que l’on consomme devient déchet dans les deux ans. L’eau et les déchets sont liés. Si vous cherchez à protéger et recycler l’eau, vous protégez et vous recyclez les déchets. L’eau et les déchets, on les transporte et on les nettoie. C’est la face cachée de la consommation. Les problématiques sont les mêmes – le transport et le traitement – tout comme la chaîne de valeur».
C’est dans cette chaîne de valeur qu’investi le fonds: des fabricants de pompes et de vannes aux entreprises de traitement de l’eau, en passant par les services des eaux et les entreprises de recyclage des eaux usées, «soit un univers d’investissement de 2.500 milliards de dollars».
Un instrument de diversification financière et durable
Un positionnement «qui offre une double diversification, financière et durable».
Durable parce les investissements faits dans ces secteurs visent préserver la ressource eau et à permettre un meilleur recyclage des déchets. «Un point sur lequel nous savons énormément de retard. À l’heure actuelle, on ne récolte que 50% des déchets à l’échelle mondiale. Un chiffre qui descend à 30% en Inde.»
D’un point de vue financier, les entreprises que cible Bertrand Lecourt sont des entreprises qui affichent une bonne santé financière et qui sont très profitables. «Ces vingt dernières années, l’univers d’investissement a énormément changé. On est passé de 30 valeurs à plus de 350 et la capitalisation boursière a été multipliée par cinq. La croissance y est continue et stable avec entre 13% et 15% de retour annuel en moyenne. Et ce n’est pas lié au volume, mais à l’augmentation des marges.» Une croissance «défensive» qui offre aux investisseurs une «double diversification»: «si on regarde la performance de tous les actifs financiers sur une quinzaine d’années, on a le même retour en termes de risque en détenant des choses complètement différentes. La décorrélation est totale». 95% du portefeuille est «pur», comprendre exposé aux secteurs de l’eau et des déchets.
La stratégie est également particulièrement défensive contre l’inflation – «les hausses de coûts sont directement répercutées sur les consommateurs» – et très peu volatile insiste Bertrand Lecourt.
Un fonds labellisé par LuxFlag
Le fonds a été lancé en 2021. Mais Bertrand Lecourt a développé cette stratégie depuis plus de 10 ans, chez Aquilys Investment Management, Polar Capital et Fidelity International où le fonds dont il était gérant de 2018 à 2021, le Global Sustainable Water & Waste, a levé 3 milliards d’euros en 18 mois.
Il est distribué par JO Hambro Capital Management (JOHCM) et géré «en toute autonomie» par Regnan, la marque Impact Investing du groupe. «Par construction, le fonds offre un niveau particulièrement élevé de standards ESG. Il est d’ailleurs catégorie 9 au sens SFDR, et a obtenu différents labels de qualité, dont celui de LuxFlag au Luxembourg obtenu en décembre 2021 et FeBelFin en Belgique», détaille Frédéric Lejeune, Head France - Belgium - Luxembourg - Geneva and Monaco chez JOHCM, en charge du développement de ces marchés.
Cet article a été rédigé pour la newsletter Paperjam Green, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité en matière d’environnement, de climat, de mobilité, de RSE et de green finance. .