La richesse relative importe davantage que la richesse absolue dans le sentiment de bien-être: si les personnes les plus riches déclarent en général se sentir plus heureuses que les personnes plus pauvres, avec le temps, des personnes de plus en plus riches ne se sentent pas de plus en plus heureuses. Le lien entre croissance des revenus et bien-être subjectif s’estompe avec le temps. (Photo: Shutterstock)

La richesse relative importe davantage que la richesse absolue dans le sentiment de bien-être: si les personnes les plus riches déclarent en général se sentir plus heureuses que les personnes plus pauvres, avec le temps, des personnes de plus en plus riches ne se sentent pas de plus en plus heureuses. Le lien entre croissance des revenus et bien-être subjectif s’estompe avec le temps. (Photo: Shutterstock)

Sur le long terme, la croissance économique n’apporterait pas davantage de bien-être, selon une étude du Statec menée avec l’université de Californie. La recherche du plein emploi ou l’établissement de filets de protection sociale sont plus efficaces.

Plus de croissance économique, synonyme de plus de bien-être? Le préjugé est tenace, mais faux, selon une étude menée sur plus de 120 pays par Richard Easterlin, de l’université de Californie du Sud, et Kelsey J. O’Connor, du Statec.

La conclusion de leur étude: sur le long terme, le bien-être subjectif n’évolue pas en lien avec la croissance des revenus. Ainsi, dans des pays initialement moins riches, la croissance économique n’a pas forcément eu pour conséquence une croissance du bien-être subjectif des résidents.

Exemple emblématique du phénomène: la Chine. «De 1990 à 2018, le pays a connu une croissance inédite, mais peu, voire aucune augmentation du bien-être subjectif», constate l’étude.

Au-delà du PIB

Cependant, à court terme, «lors de récessions économiques, quand le PIB par habitant baisse, pertes de bien-être et pertes de revenus semblent être liées», explique le Statec. «Par contre, à long terme, caractérisé par des vagues successives de croissance et de récession du PIB, ce lien est insignifiant, voire inexistant.»

Ce qui n’est pas sans conséquence pour le choix des politiques économiques. «Les décideurs politiques doivent voir au-delà du PIB monétaire pour améliorer le bien-être», estime ainsi le Statec. Car d’autres voies existent, plus efficaces à long terme, que la croissance économique, comme la recherche du plein emploi ou l’établissement de filets de protection sociale.

Le paradoxe d’Easterlin

Ces conclusions viennent corroborer le controversé paradoxe d’Easterlin, exprimé en 1974, selon lequel la richesse relative importe davantage que la richesse absolue dans le sentiment de bien-être: si les personnes les plus riches déclarent en général se sentir plus heureuses que les personnes plus pauvres, avec le temps, des personnes de plus en plus riches ne se sentent pas de plus en plus heureuses. Le lien entre croissance des revenus et bien-être subjectif s’estompe avec le temps.

«Une des explications de ce paradoxe est la ‘comparaison sociale’. Les gens tirent une satisfaction immédiate de l’augmentation de leur revenu. Mais cette augmentation du bien-être avec le revenu est d’autant plus forte que ceux-ci continuent à se voir plus riches que les autres», explique le communiqué du Statec. Ainsi, «avec l’augmentation générale des revenus dans le pays, cette perception de richesse relative s’estompe, et, en conséquence, les gains en bien-être subjectif au sein de la population également».