Le futur site de Bétons Feidt à Cessange permettra de déplacer la production actuelle tout en rajoutant une plateforme de recyclage pour alimenter en agrégats la production de béton durable.  Visuel fourni par Bétons Feidt)

Le futur site de Bétons Feidt à Cessange permettra de déplacer la production actuelle tout en rajoutant une plateforme de recyclage pour alimenter en agrégats la production de béton durable.  Visuel fourni par Bétons Feidt)

Bétons Feidt a bien des ambitions pour l’avenir, dont celle de développer l’activité de recyclage du béton pour produire un matériau plus vert. Mais pour cela, l’entreprise familiale envisage de quitter son site historique à Howald pour s’établir à Cessange. Un projet déjà acté depuis plusieurs années, mais qui peine à se concrétiser, au grand désespoir du CEO, Ferd Feidt. 

En passant rue des Scillas, difficile de ne pas comprendre l’impatience de Bétons Feidt de quitter son site actuel d’Howald. Le tramway passe mais l’avenue est toujours en chantier. Des camions bleu et blanc entrent et sortent du site depuis tôt le matin. 

Une immense peinture murale sur son atelier mécanique indique «Bétons Feidt quitte Howald d’ici 2026». C’est en tout cas ce qu’espère toujours le CEO de l’entreprise et fils d’un des fondateurs, Ferd Feidt. «Nous avons convenu avec les autorités en 2015, compte tenu du développement de Luxembourg-Ville et du quartier Midfield autour du boulevard des Scillas, qu’une industrie de matériaux de construction telle que Bétons Feidt n’aurait plus sa place à Howald», se souvient le CEO. 

Les échanges entre l’entreprise et les autorités ont conduit à retenir un nouveau lieu d’implantation pour les activités de Bétons Feidt: à Cessange, «entre les autoroutes d’Esch et Arlon afin d’éviter les nuisances sonores et d’assurer dans un futur proche un excellent accès au réseau autoroutier. Nous avons acheté les terrains en 2015», précise le patron. Depuis, l’entreprise trépigne d’impatience. Non pas parce que son site historique ne lui plait plus, mais parce que l’entreprise a l’ambition d’aller plus loin sur la production de béton recyclé, comme l’expliquait le CEO

Nos villes deviennent les carrières du futur.
Ferd Feidt

Ferd FeidtCEOBétons Feidt

«Ce nouveau site permettra à la société de déplacer la production actuelle tout en rajoutant une plateforme de recyclage avec les installations afférentes, qui permettront d’alimenter en agrégats notre production de béton durable. Avec la prise de conscience générale que les gisements naturels sont limités et que les matériaux émanant de la déconstruction et de la reconstruction doivent rentrer dans le circuit de l’économie circulaire. Nos villes deviennent les carrières du futur!», détaille Ferd Feidt selon qui «la nouvelle production s’inscrira dans une politique de minimalisation maximale de l’empreinte carbone. Ainsi elle sera entre autres dotée d’une installation photovoltaïque.»

Quant à la localisation, Bétons Feidt dit vouloir veiller à ce que l’urbanisation des villes modernes intègre l’économie circulaire dans le tissu. Les centres de recyclage et donc de valorisation des matériaux doivent être à proximité des agglomérations. «Il faut éviter le tourisme par camion des matériaux à recycler, liés à la construction», souligne le CEO. 

Le futur site de Bétons Feidt à Cessange devra bénéficier à terme d’un raccordement aux futurs contournements de Merl et de Cessange. Ce nouvel axe, présenté pour la première fois dans le cadre de l’étude Route 2020 des Ponts et Chaussées doit permettre de desservir les nouvelles zones d’activités et d’habitation du sud-ouest de la ville de Luxembourg. En attendant sa réalisation, le reprofilage du passage inférieur CFL au PK 17.021 permettra l’accès au réseau autoroutier des camions Feidt par le biais du rond-point de Merl sur l’A4, évitant ainsi le passage dans les quartiers de Cessange et de Leudelange. Un raccord au réseau ferroviaire est également projeté. 

Au niveau du boulevard des Scillas, pour permettre la construction et le passage du tramway et ne pas entraver la circulation, Bétons Feidt a joué le jeu en acceptant de rogner sur son atelier mécanique, qui a été «découpé» et donc réduit de moitié, de façon à dégager l’espace suffisant pour les voies de circulation et le passage du tramway. 

Le CEO pose devant une fresque réalisée à l’occasion de l’arrivée du tram, pour laquelle l’entreprise a dû réduire de moitié son atelier mécanique.  (Photo: Maëlle Hamma/Paperjam)

Le CEO pose devant une fresque réalisée à l’occasion de l’arrivée du tram, pour laquelle l’entreprise a dû réduire de moitié son atelier mécanique.  (Photo: Maëlle Hamma/Paperjam)

Mais aujourd’hui, de son côté, la société Feidt reste dans l’attente du relogement de ses activités… «L’étude South West sur le développement d’Hollerich, de Cessange et de Merl est toujours en cours. Tant que celle-ci n’est pas bouclée, il est très difficile de fixer définitivement le projet. Et d’une certaine façon, Bétons Feidt est le grand perdant car nous ne sommes toujours pas sur notre nouveau site», regrette Ferd Feidt. 

Par ailleurs, le patron évoque un autre phénomène: la demande de plus en plus importante de matériaux durables pour les chantiers publics et privés. «Sans compter que tout ceci entre à nouveau dans cette idée de responsabilité de RSE des entreprises, et qu’il faut bien se rendre à l’évidence que les investisseurs internationaux aussi seront aussi de plus en plus exigeants sur la durabilité des constructions. Notre industrie doit pouvoir proposer ces solutions-là», pense le CEO, qui espère être installé à Cessange d’ici deux ans. «Tous les jours, on rate un peu plus notre objectif de faire les choses de la façon la plus écologique et la plus conséquente possible. Il faut qu’on soit relogé le plus vite possible.»

Questionnée sur l’étude d’urbanisation évoquée par Ferd Feidt, la Ville de Luxembourg nous répond que «le site envisagé suscite de nombreuses questions quant à son accessibilité. Il s’agit donc, en premier lieu, d’examiner les conditions-cadres qui permettront, si elles sont réunies, d’entamer l’étude d’urbanisation de cette partie de la ville.»