S’ils peuvent porter des chemises plus légères, les hommes peinent à sortir du combo pantalon-chaussettes-chaussures fermées. (Photo: Shutterstock)

S’ils peuvent porter des chemises plus légères, les hommes peinent à sortir du combo pantalon-chaussettes-chaussures fermées. (Photo: Shutterstock)

Les températures élevées qui sévissent cette semaine invitent à se vêtir plus légèrement. En la matière, les entreprises ont toute latitude pour accepter ou refuser une tenue plus légère, puisque la loi reste floue.

Que dit le Code du travail quant aux mesures à appliquer en période de températures extrêmes? «Pratiquement rien», répond Me Patrice Mbonyumutwa, avocat à la Cour, spécialisé en droit du travail. «Il existe en fait une obligation générale de l’employeur d’assurer la sécurité et la santé de ses salariés dans tous les aspects liés au travail. Aucune mention aux intempéries n’est faite.»

Ainsi, les recommandations livrées mardi par l’Inspection du travail et des mines ne relèvent pas d’une interprétation de la loi. «L’ITM ne fait pas la loi, elle doit contrôler le respect de la législation existante», explique Me Mbonyumutwa. Et ses recommandations concernent des mesures de bon sens – mettre à disposition de l’eau potable tempérée, isoler les appareils calorifères dans une pièce séparée, masquer les fenêtres, équiper les bureaux de ventilateurs, etc).

Les femmes ont beaucoup plus de liberté au travail en termes de vêtements: jupes, robes, hauts légers…

Me Patrice Mbonyumutwaavocat à la Cour

Car même si la loi n’est pas précise, l’employeur reste responsable de la sécurité et de la santé de ses salariés. «Si j’expose mes salariés à une chaleur constante et que quelque chose arrive, je serai responsable», note l’avocat.

En revanche, l’employeur n’a pas d’obligation en tant que telle quant au bien-être de ses salariés. Même s’il est tenu d’assurer des conditions de travail décentes, faute de quoi le salarié peut invoquer la «non-exécution de bonne foi de la convention», à savoir du contrat de travail.

Les obligations de l’employeur n’étant pas précisées, celui-ci a toute latitude en matière de tenue vestimentaire également. Une fois n’est pas coutume, les femmes sont avantagées. «Elles ont beaucoup plus de liberté au travail en termes de vêtements: jupes, robes, hauts légers…», confirme Me Mbonyumutwa. «Pour les hommes, à part ôter la veste ou mettre une chemise à manches courtes, ils restent en pantalon, chaussettes et chaussures. Ils n’iront jamais au bureau en sandales…»

Nous faisons confiance au jugement des collaborateurs et du management.

Corinne Thillchargée de relations presse seniorBGL BNP Paribas

La difficulté réside dans le fait que ces codes vestimentaires sont très rarement inscrits noir sur blanc dans un règlement intérieur ou dans le contrat de travail. «Si le code de conduite de l’entreprise interdit de venir en bermuda en toute saison, vous ne pourrez pas l’imposer à votre employeur parce qu’il fait trop chaud, sauf si vous parvenez à démontrer que le fait de ne pas porter un bermuda porte atteinte à votre santé ou à votre sécurité.»

Hormis les postes requérant un uniforme – qui peut être en tissu plus léger – comme un gardien ou une infirmière, et les fonctions en contact direct avec la clientèle (réceptionniste, etc.), l’employeur peut exceptionnellement assouplir les règles. Mais le bermuda reste rare sauf dans certaines branches réputées plus souples, médias et nouvelles technologies en tête.

«Il n’existe pas de dress code interne pour les collaborateurs du groupe BNP Paribas au Luxembourg, que ce soit en période estivale ou pour le reste de l’année», indique Corinne Thill, chargée de relations presse senior à BGL BNP Paribas. «Le cadre est fixé par le règlement intérieur des entités du groupe BNP Paribas au Luxembourg: ‘Les salariés de l’entreprise sont tenus de se présenter sur leur lieu de travail dans une tenue vestimentaire correcte et décente en adéquation avec la fonction qu’ils occupent et le métier/fonction auquel/à laquelle ils sont affectés’. Au-delà, nous faisons confiance au jugement des collaborateurs et du management.»

À partir de 30°C, les facteurs et porteurs de journaux peuvent partir en tournée plus tôt.

Carmen Engelschef de service Brand à la direction marketing & communicationPost Luxembourg

Même politique du côté de Post pour ses salariés dans les bureaux. «Nous demandons une tenue vestimentaire correcte», confirme Carmen Engels, chef de service Brand à la direction marketing & communication de Post Luxembourg. «Les hommes peuvent venir en chemise à manches courtes ou en polo.» Ventilés pour les bâtiments les plus récents, climatisés pour les autres: les bureaux bénéficient d’une «température agréable», rassure Mme Engels.

Toutefois, Post a prévu certains aménagements pour des métiers spécifiques. «Nos facteurs et nos porteurs de journaux sont amenés à travailler à l’extérieur et sont directement exposés à la chaleur. À partir de 30°C, ils peuvent commencer le travail 30 minutes avant et donc partir en tournée plus tôt. En outre, tous nos centres de distribution sont équipés de fontaines à eau gratuites pour qu’ils puissent consommer de l’eau sur place ou en emporter sur leur tournée.»

Quant aux installateurs de Post Technologies, amenés à se déplacer et à travailler en extérieur, ils sont invités à «prendre des pauses régulières et à s’hydrater», précise Mme Engels. «Pour les travaux planifiés, nous leur laissons la possibilité de commencer dès 4h et pour les installations à partir de 6h30 au lieu de 7h. Nous avons également mis à disposition des parasols et tentes sur les chantiers mobiles pour que les salariés puissent prendre leur pause à l’ombre.»

Certains salariés sont mieux lotis, comme ceux de la branche alimentation. «La plupart de nos salariés travaillent dans des zones froides», indique ainsi un grossiste en produits frais. «C’est effectivement plus simple pour eux lorsqu’il fait extrêmement chaud.»