Le CEO de Cargolux, Richard Forson, et le président du conseil d’administration, Tom Weisgerber, ont présenté un bilan positif pour le bénéfice, à l’aune d’une nouvelle ère pour la compagnie cargo. (Photo: Maison Moderne)

Le CEO de Cargolux, Richard Forson, et le président du conseil d’administration, Tom Weisgerber, ont présenté un bilan positif pour le bénéfice, à l’aune d’une nouvelle ère pour la compagnie cargo. (Photo: Maison Moderne)

Cargolux a enregistré en 2023 le bénéfice net le plus élevé de son histoire, hors année Covid, dans une année en net repli, marquée par de nombreuses incertitudes. Et l’opérateur cargo luxembourgeois va diversifier son business model avec le lancement de son activité de lutte aérienne contre les incendies et de «handling» avec la reprise des activités de Luxair. Heureusement, 2 milliards de cash offrent une «assurance».

Les (vieux) journalistes ont beau le savoir, il est difficile de s’y habituer: la conférence de presse de présentation des résultats annuels de Cargolux se termine sur une page recto verso qui comprend quatre chiffres et deux généralités; les près de 120 pages de comptes consolidés ne seront publiées que fin mai, à un moment où plus personne ne les regardera, espère-t-on.

L’anecdote témoigne à la perfection de l’univers ultraconcurrentiel du transport aérien de marchandises. Les Luxembourgeois, qui jouent des coudes avec les poids lourds mondiaux, n’ont pas envie de donner trop de détails sur leur business.

Les quatre chiffres de la communication

- Des revenus à moins de 3 milliards de dollars, -41% par rapport à 2022, considérée par le management comme la queue de la comète des années Covid – moins d’activité en 2020 et un rattrapage de l’activité en 2021 et 2022, poussé par de nouvelles habitudes de consommation, surtout l’e-commerce. Selon l’Association internationale du trafic aérien (Iata), la demande mondiale pour l’ensemble de l’année 2023, mesurée en tonnes-kilomètres de fret (CTK), était en baisse de 1,9% par rapport à 2022 (-2,2 % pour les opérations internationales). Par rapport à 2019, elle est en baisse de 3,6% (-3,8 pour l’international).

- Un bénéfice record de 286 millions de dollars après impôts, record hors années Covid, puisque sur un an, il connaît une chute affolante de 82%.

- L’achat de trois Air Tractor AT-802F Fire Boss pour lancer l’activité de lutte contre les incendies.

- 65,3%, le taux de chargement, en baisse de 3,9 points de pourcentage, est dans les résultats parce que le taux est très bon. Selon les chiffres de l’Iata, la meilleure moyenne géographique au monde, en 2023, était la moyenne européenne, à 56,2%. Le chiffre témoigne de la capacité opérationnelle de Cargolux à aller d’un point A à un point B en étant autant chargé que possible.

Les messages-clés

«En 2023 ont été prises un certain nombre de décisions stratégiques», a indiqué le président du conseil d’administration, Tom Weisgerber.

1. La reprise des activités ‘cargo’ de Luxair à partir du 1er mai. Luxcargo Handling a une des deux licences à l’aéroport; elle reprendra 1.200 employés de cette branche, jusqu’ici consolidée dans les comptes de Luxair. En 2022, l’activité représentait des revenus de 108 millions d’euros pour Luxair. Mais désormais, Lux-Airport a récupéré le terrain et le loue à Cargolux, qui devra donc assumer le coût des ressources humaines et cette location pour dégager du bénéfice.

2. Le début des activités de lutte contre les incendies. Aquarius Aerial Firefighting est donc déjà dotée de quatre avions et quatre pilotes qui terminent leur formation initiale. Une initiative qui implique de nouveaux pilotes spécialisés et des pilotes de Cargolux – volontaires.

3. En 2023, Cargolux a signé de premiers accords pour pouvoir intégrer du «carburant vert»… pour autant qu’il soit disponible en quantité suffisante, a précisé le CEO de la compagnie, . Outre , Cargolux a intégré le consortium Nacre autour d’un carburant à l’hydrogène.

4. Avec un profit opérationnel à 8,6%, a dit le directeur financier, , Cargolux est mieux positionnée que certains de ses gros concurrents, comme Lufthansa Cargo (7,4%).

5. Avec 2 milliards de dollars de trésorerie – une grosse cagnotte –, Cargolux peut voir venir, a dit en substance le CEO de la compagnie. Comme il y a beaucoup de volatilité, liée aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient et aux difficultés dans la mer Rouge, cela redistribue, pour l’instant de manière marginale, l’activité de cargo. Cargolux s’est aussi engagée dans le renouvellement de sa flotte.

6. L’e-commerce, moteur de l’activité. Les pics saisonniers sont surtout le fait des rois modernes de l’e-commerce, selon M. Forson, qui a cité Shein et Temu – deux marques de fast fashion –, mais aussi Geely.com, le constructeur automobile chinois.

7. Stephane Kastler, nouveau VP en charge de la maintenance et de la production. Onno Pietersma, l’ancien consultant devenu vice-président en charge de la maintenance et de la production, a quitté l’entreprise pour voler vers de nouvelles aventures. Il a été remplacé par Stephane Kastler, qui travaille chez Cargolux depuis 2007. Il a été notamment l’interlocuteur de Cargolux chez Boeing. 

8. Un dividende de 120 millions de dollars. Les actionnaires, principalement l’Etat luxembourgeois directement et indirectement, se partageront 120 millions de dollars de dividende cette année.