L’équipe de Belvedere Architecture a réfléchi à l’aménagement de ses propres espaces en temps de Covid-19. (Photo: Belvedere Architecture)

L’équipe de Belvedere Architecture a réfléchi à l’aménagement de ses propres espaces en temps de Covid-19. (Photo: Belvedere Architecture)

Le bureau Belvedere Architecture a réalisé une étude d’aménagement pour son propre bureau, afin de voir concrètement ce qu’impliquent les nouvelles exigences liées à la présence du Covid-19 dans l’organisation du bureau.

Distanciation physique, couloirs à sens unique, désinfection… Les nouvelles mesures qu’implique la présence du Covid-19 au sein de la population ont des répercussions sur l’aménagement des bureaux. Belvedere Architecture a réalisé une étude d’aménagement pour ses propres locaux avec plusieurs stratégies, afin de prendre concrètement la mesure des changements nécessaires et de voir quelles sont les incidences et les possibilités pour son espace de travail.

Trois études, trois stratégies

«Nous avons réalisé trois études complémentaires», explique Patrick Meyer, architecte et directeur de Belvedere Architecture. «Pour la première, nous prenons l’espace tel qu’il est, sans rien changer, et nous appliquons les mesures de distanciation. Pour la seconde étude, nous optimisons l’espace avec les meubles que nous avons déjà et un investissement technique modéré. Et pour la troisième, nous réalisons un aménagement optimal avec de l’achat de mobilier supplémentaire et un investissement technique adéquat.»

Au total, le bureau dispose de 270m2 pour 18 employés. Il y a quatre bureaux de groupe (occupés par 3 à 6 employés), trois salles de réunion, un couloir avec une kitchenette, deux toilettes et une salle de reproduction.

Dans un premier temps, les architectes du bureau ont pris les plans des emplacements existants et y ont fait figurer autour des postes de travail un cercle de deux mètres correspondant à la distanciation demandée par le gouvernement. Les parties signalées en vert sont les zones où le port du masque n’est pas obligatoire, car la distance peut être maintenue. Les zones en jaune ou rouge sont des zones où le masque devient obligatoire. «En signifiant ainsi les zones à problème, nous avons une base pour réfléchir et tenter de trouver des solutions», explique Patrick Meyer. «Si on regarde notre plan existant avec les cercles de zones à risque, il est évident que nous ne pouvons pas retourner au bureau sans changements. La proximité que nous avions installée volontairement pour favoriser la communication et le travail d’équipe n’est plus envisageable avec les mesures sanitaires qui sont désormais imposées. Pour autant, il ne nous semble pas envisageable de travailler tout le temps en portant un masque ou uniquement en télétravail. L’objectif est donc de pouvoir offrir à nos employés un espace de travail où le port du masque est le moins nécessaire possible, tout en garantissant leur sécurité. Pour cela, nous devons trouver une alternative d’aménagement.»

Une réflexion par étape

«Au tout début de la crise, nous avons travaillé avec une personne par pièce. Comme toute l’équipe était en télétravail, envisager seulement trois ou quatre personnes travaillant en même temps dans le bureau était alors possible. Mais nous devons réfléchir à une solution pour augmenter la capacité, notamment parce que les frontaliers devront certainement revenir en priorité pour des raisons liées à la fiscalité. Sur notre équipe de 18 personnes, nous avons 11 frontaliers et 7 résidents. Cette situation nous est certainement plutôt favorable et ne doit pas correspondre à la répartition rencontrée dans d’autres entreprises», estime Patrick Meyer. «Nous avons donc élaboré un plan où le mobilier reste en place, mais la densité considérablement réduite, avec une organisation des activités par roulement, une partie de l’équipe étant au bureau, l’autre en télétravail.»

Occupation des bureaux optimisée pour respecter les mesures de distanciation. (Illustration : Belvedere Architecture)

Occupation des bureaux optimisée pour respecter les mesures de distanciation. (Illustration : Belvedere Architecture)

La seconde stratégie est d’aménager l’espace avec des adaptations de mobilier existant pour pouvoir conserver une certaine densité, ainsi qu’une salle de réunion (les deux autres salles de réunion étant aménagées en bureaux). Les espaces de bureaux sont optimisés à l’aide d’éléments de séparation comme des étagères. Il faudra toutefois peut-être devoir accepter certains compromis comme une mauvaise orientation des bureaux pour la lumière naturelle, tourner le dos à une porte ou encore devoir déplacer les boîtiers techniques de sol. «Nous pouvons aussi optimiser quelques installations, comme installer des poignées de porte pouvant s’ouvrir avec le coude ou des robinets d’eau automatisés», précise Patrick Meyer. Un système de ventilation plus efficace pourra également être envisagé, mais dans un futur plus lointain, car nécessitant des interventions techniques plus lourdes.

«La troisième stratégie est de changer les aménagements plus en profondeur, de redessiner l’ensemble du bureau pour encore améliorer la densité et le travail en équipe tout en maintenant la sécurité. Mais cela nécessite des investissements beaucoup plus lourds.»

Récapitulatif des différents scénarios possibles pour l'aménagement des bureaux de Belvedere Architecture. (Illustration : Belvedere Architecture)

Récapitulatif des différents scénarios possibles pour l'aménagement des bureaux de Belvedere Architecture. (Illustration : Belvedere Architecture)

Les questions qu’il faut se poser seraient donc les suivantes: qu’est-ce qui est faisable d’un point de vue économique et qu’est-ce qui est tolérable d’un point de vue humain? «Une chose est sûre: pour combiner le confort et la sécurité des employés, la capacité au bureau en prend un coup», reconnaît Patrick Meyer. «Revenir à une situation où 100% de l’équipe est au bureau n’est pas possible à court terme. Nous allons devoir continuer à travailler avec une alternance des présences au bureau et en télétravail, continuer à collaborer avec les outils tels que Teams et Zoom. Par chance, d’un point de vue technique, nous sommes complètement équipés pour cela. Nous pourrons donc nous en sortir avec la situation actuelle. Mais dans tous les cas, ces aménagements impliquent que les équipes doivent être éclatées. Quel impact cela va-t-il avoir sur notre productivité? Que va-t-il rester de l’esprit d’équipe? Quelle distance sociale une personne peut-elle tolérer à long terme et quel impact cela peut-il avoir sur sa santé? Ce sont autant de questions qu’il faut vraiment prendre en considération pour notre travail à l’avenir. Pour le moment, tant qu’un vaccin n’est pas trouvé, il ne peut pas y avoir de situation ‘d’après-Covid-19’. Il ne peut y avoir qu’une situation ‘d’avec Covid-19’», conclut l’architecte.