C’est au sein de l’hémicycle européen que le nouveau Premier ministre a présenté sa déclaration gouvernementale. (Photo: Twitter)

C’est au sein de l’hémicycle européen que le nouveau Premier ministre a présenté sa déclaration gouvernementale. (Photo: Twitter)

Un an et demi après les élections législatives, la Belgique dispose enfin de son gouvernement fédéral. Les 15 ministres et 5 secrétaires d’État du gouvernement De Croo I ont prêté serment jeudi 1er octobre. Le nouveau Premier ministre a ensuite prononcé sa déclaration gouvernementale.

Comme le soulignait un observateur du microcosme politique belge, «la politique belge est tellement imprévisible que même la réussite du prochain gouvernement n’est pas exclue». Il est vrai que, pendant longtemps, on a cru que les électeurs devraient retourner aux urnes, les formateurs, informateurs et négociateurs ne parvenant pas à dégager une majorité qui s’accorde sur un programme.

La lumière est apparue la semaine passée quand un consensus s’est dégagé autour d’une coalition baptisée «Vivaldi», composée de 7 partis (Open VLD, PS, Groen, Ecolo, MR, PS, SP.A et CD&V) et qui réunit 87 des 150 députés de la Chambre. Rien à redire sur le plan constitutionnel, mais le danger politique est réel. Le parti démocratique le plus populaire du pays, la N-VA, est écarté et mènera évidemment la vie dure à l’Exécutif, tout comme le feront les nationalistes de droite du Vlaams Belang. Côté wallon, le CDH (centre) n’en fait pas partie non plus, mais son poids politique est devenu presque nul.

Par contre, la gauche radicale du PTB reste aussi dans l’opposition, alors que c’est sans aucun doute le parti qui monte en puissance au sud du pays. Enfin, les analystes relèvent que le Premier ministre n’est issu que du 4e parti (12 sièges) sur les 7 qui composent son équipe. Ce qui ne renforce pas sa position. L’attelage composé des partis libéraux, écolo, socialistes et social-chrétien flamand peut donc surprendre. Mais a le mérite d’exister après 493 jours de crise.

Voici le casting gouvernemental par parti:

PS (parti socialiste wallon)

Thomas Dermine est le secrétaire d’État à la Relance et à la Politique scientifique, en charge aussi du plan national d’investissement stratégique.

Pierre-Yves Dermagne est vice-Premier ministre, et ministre de l’Économie et du Travail.

Karine Lalieux obtient le ministère des Pensions, de l’Intégration sociale, de la Lutte contre la pauvreté et des Personnes handicapées. Elle sera également chargée de Beliris (comité qui gère les rénovations, constructions, dossiers de mobilité… à Bruxelles).

Ludivine Dedonder, quant à elle, sera la première femme à être ministre de la Défense.

SP. A (parti socialiste flamand)

Frank Vandenbroucke, pourtant retiré de la vie politique active, devient vice-Premier, et ministre de la Santé publique et des Affaires sociales.

Meryame Kitir hérite du portefeuille de la Coopération au développement, ainsi que de la politique des Grandes villes.

CD&V (parti social-chrétien flamand)

Vincent Van Peteghem est nommé vice-Premier ministre et ministre des Finances.

Annelies Verlinden devient ministre de l’Intérieur.

Sammy Mahdi est désigné au poste de secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration.

MR (parti libéral wallon)

Sophie Wilmès, Première ministre sortante, devient ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes, du Commerce extérieur et des institutions biculturelles.

Le ministre du Budget sortant, David Clarinval, devient ministre des Classes moyennes, des Indépendants, de l’Agriculture et des Affaires institutionnelles.

Mathieu Michel – le frère de Charles Michel – est nommé secrétaire d’État à l’Agenda digital, au Numérique, à la Simplification administrative, la Protection de la vie privée et Régie des bâtiments.

Open VLD (parti libéral flamand)

Alexander De Croo est le nouveau Premier ministre et gérera aussi le Budget.

Vincent Van Quickenborne arrive en tant que vice-Premier et ministre en charge de la Justice et de la Mer du Nord.

Eva De Bleeker devient secrétaire d’État au Budget.

Ecolo (parti écologiste wallon)

Georges Gilkinet devient Vice-Premier et est chargé de la mobilité et de la SNCB.

Zakia Khattabi, recalée à la Cour constitutionnelle, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.

Sarah Schlitz est secrétaire d’État à l’Égalité des genres, des chances et de la diversité.

Groen (parti écologiste flamand)

Petra De Sutter obtient le portefeuille de la Fonction publique et des entreprises publiques et est aussi vice-Première ministre.

Tinne Van der Straeten décroche la compétence de l’Énergie.

Rétablir la confiance

Jeudi à 14h30, Alexander de Croo a donc présenté sa déclaration gouvernementale au sein du Parlement européen de Bruxelles, afin de garantir la distanciation sociale entre les députés. Le besoin de renouer la confiance avec les citoyens a été mis en avant. «Il nous faut rétablir la confiance. Pas seulement au sens économique du terme, mais surtout au sens politique», a-t-il indiqué.

La volonté d’une pension minimale qui devra tendre vers les 1.500 euros net, le refinancement des soins de santé, la conciliation de l’économie et de l’écologie font aussi partie des priorités. Tout comme, évidemment, la lutte contre le Covid-19 et la relance économique.

D’autres réformes vont être initiées: abaissement de l’âge de vote à 16 ans pour les élections européennes, modification dans le financement des partis, lutte contre les fake news…

Sans oublier la fiscalité: «Au niveau fiscal, nous préparons une vaste réforme fiscale, afin de moderniser et simplifier notre régime fiscal, et le rendre plus juste. Nous allégeons la fiscalité des ménages pour qu’elle soit davantage en phase avec la conciliation famille-travail. Une forme de taxation numérique doit aussi voir le jour. Dans ce dossier, la Belgique jouera un rôle de précurseur au niveau international. La lutte contre la fraude fiscale et sociale se poursuit sans relâche.»

La nouvelle équipe a alors posé pour la traditionnelle photo de groupe avant de se réunir pour une première séance de travail. Le débat sur la note du Premier ministre débutera vendredi matin. Le vote sur la confiance au gouvernement doit avoir lieu samedi à 14h30. Elle lui sera, sauf surprise de taille, accordée.