Ce mercredi 5 octobre, environ 1.500 salariés de la BEI vont poser une demi-journée de congé pour protester face à l’absence d’un système d’indexation des salaires. (Photo: Matic Zorman/Archives)

Ce mercredi 5 octobre, environ 1.500 salariés de la BEI vont poser une demi-journée de congé pour protester face à l’absence d’un système d’indexation des salaires. (Photo: Matic Zorman/Archives)

Environ 1.500 salariés de la Banque européenne d’investissement (BEI), sur un total de 4.200, vont poser ce mercredi une demi-journée de congé en signe de protestation contre une perte de pouvoir d’achat. Une première d’une telle ampleur depuis 1958!

«Il y a un mécontentement énorme à la BEI, où on a déjà perdu plus de 10% de pouvoir d’achat et où seuls les membres du comité de direction bénéficient d’une indexation de leurs salaires», assure-t-on du côté des salariés de la  (BEI), qui revendiquent une meilleure protection contre une perte de pouvoir d’achat.

Ce mercredi 5 octobre, environ 1.500 salariés de la BEI, qui en compte 4.200, vont poser simultanément une demi-journée de congé. La raison? La lassitude devant l’inexistence d’une revalorisation salariale et surtout l’absence d’un système d’indexation des salaires. Selon nos informations, c’est la première fois depuis 1958 que l’institution européenne connaît une action de ses salariés d’une telle ampleur.

Bien que la BEI soit installée à Luxembourg, elle ne semble pas être tenue d’appliquer l’indexation des salaires comme c’est le cas dans la fonction publique et les entreprises enregistrées dans le pays. «La BEI estime qu’elle n’est pas assujettie aux règles en vigueur au Luxembourg, comme l’indexation des salaires, par contre elle n’hésite pas à choisir ce qui l’arrange dans la législation luxembourgeoise, comme lors de la loi Covid», s’insurge un salarié qui assure n’avoir connu aucune indexation de son salaire depuis 2018.

À noter que la BEI emploie uniquement des «agents BEI», c’est-à-dire des équivalents aux agents contractuels au sein des institutions européennes, mais pratiquement assimilés aux fonctionnaires européens. «La différence se fait surtout au niveau de la protection en matière d’emploi», explique brièvement un salarié.


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Autre revendication récurrente du personnel: la reconnaissance d’un syndicat. Contrairement à d’autres institutions européennes, comme la Commission européenne, aucun syndicat n’est en effet reconnu au sein de la BEI, qui a tout de même mis en place une délégation du personnel. Mais là encore, les salariés mécontents expliquent que cette disposition n’a aucun pouvoir d’action lors d’éventuelles négociations.

La direction consciente du sérieux de la situation

Sollicitée par Paperjam sur ce mouvement de grogne inédit des salariés, la direction de la BEI a confirmé être consciente du sérieux de la situation et de la pression sur le pouvoir d’achat des salariés causée par la crise actuelle. Pour autant, même si la direction juge «légitimes» les initiatives du personnel pour attirer l’attention sur ce problème, elle n’entend pas changer l’approche globale de la banque.

Face à l’ampleur du mécontentement, la direction confirme néanmoins étudier des «mesures appropriées» et elle s’est dite prête à mettre à jour ses outils de soutien. À titre d’exemple, «des mesures ont été prises en juillet dernier pour les employés aux salaires les plus faibles. Pour contrer l’inflation, nous étudions des mesures qui soient en accord avec les directives du conseil d’administration et qui puissent avoir un impact à long terme», a encore souligné la direction de la BEI.

Si certains employés de la BEI bénéficient de rémunérations confortables et autres avantages «européens», ce n’est pas le cas de tous. , les effectifs des fonctions support ont une rémunération allant du grade 1 (de 36.461,22 à 54.016,62 euros brut annuels) au grade 4 (de 56.155,26 à 89.848,41 euros). À titre d’exemple, les métiers du secrétariat, une fonction support, oscillent entre les grades 1 et 3 (de 36.461,22 minimum à 80.652,36 euros maximum donc), sachant qu’un même poste offre une seule promotion possible vers le grade supérieur au cours d’une carrière, et qu’une minorité seulement évolue au grade 3. Il est donc primordial de changer de poste pour grimper au-delà de cet échelon.

Selon les salariés mécontents, cela correspond à 25% de l’effectif total de la BEI. «Le salaire moyen tourne autour des 7.000 euros brut. Il y a des salaires très élevés pour les cadres et le management. Mais pour les autres, nous sommes en dessous de ce qui se pratique sur le marché luxembourgeois dans des fonctions similaires, que ce soit à la CSSF, au Statec ou à la Banque centrale du Luxembourg», assure encore un salarié mécontent. 

Les cadres se situent en grade 5 et 6. C’est-à-dire une rémunération brute annuelle allant de 70.679,01 à 196.569,02 euros. Les managers si situent au grade 7. Enfin, les grades 8 et 9 sont réservés aux directeurs avec un maximum de 258.151,32 euros brut par an. «Ce que l’on demande, c’est au minimum d’être entendu pour trouver un compromis», termine un autre salarié mécontent. Notons que les salaires sont progressivement imposables de 0% à 45%.