Selon une étude de la Banque Centrale du Luxembourg, la probabilité de défaut d’un remboursement de prêt hypothécaire est passée de 3% en 2018 à 6% en 2021. (Photo: Shutterstock)

Selon une étude de la Banque Centrale du Luxembourg, la probabilité de défaut d’un remboursement de prêt hypothécaire est passée de 3% en 2018 à 6% en 2021. (Photo: Shutterstock)

Les ménages sont-ils vulnérables à la hausse des taux? Oui selon une étude de la Banque Centrale du Luxembourg qui chiffre à 20% le nombre de ménages luxembourgeois menacés. Des ménages qui ne détiennent «que» 11% du nombre de contrats hypothécaires au Luxembourg. 

Le contexte actuel de forte inflation et de hausses des taux d’intérêt accroît la vulnérabilité financière des ménages luxembourgeois, qui sont en général très endettés. Une question qui fait d’autant plus l’actualité que la Banque Centrale Européenne (BCE), à la différence de la Fed, ne met pas en pause sa politique de resserrement monétaire et laisse prévoir d’autres hausses avant la fin de l’année.

La probabilité de défaut de paiement multipliée par deux

L’étude «l’endettement des ménages et leur vulnérabilité à la hausse des taux d’intérêt», parue dans le , se base sur l’enquête luxembourgeoise sur les finances et la consommation des ménages (HFCS) – étude qui permet d’identifier les poches de vulnérabilité financière au sein de la population résidente –.

De ces chiffres, la Banque Centrale du Luxembourg (BCL) constate que la part des ménages financièrement vulnérables au Luxembourg a augmenté entre 2018 et 2021, passant de 4% à 8%. Principalement à cause de la détérioration du ratio dette/revenu. Ce ratio est passé de 75% en 1995 à 180% en 2021. La dette hypothécaire – principale composante de l’endettement des ménages – est passée de 47% du revenu disponible en 1999 à 148% en 2021. Logiquement, la probabilité de défaut de paiement est en hausse, passant de 3% en 2018 à 6% en 2021.

Fait «rassurant», les actifs financiers des ménages, actifs qui pourraient être vendus pour rembourser les dettes en cas de choc négatif sur leur revenu disponible, ont augmenté, passant de 32% en 1999 à 40% en 2021. «Les actifs financiers des ménages ont augmenté plus rapidement que leur revenu disponible», peut-on lire dans l’étude «L’endettement des ménages et leur vulnérabilité à la hausse des taux d’intérêt» parue dans le numéro 173 des Cahiers d’études de la BCL.

C’est sur les plus modestes – ceux qui par définition n’ont pas de poire pour la soif – que se concentre actuellement le risque de crédit: les 20% des ménages aux revenus les plus modestes. Ces ménages ne représentent cependant que 9% de la dette totale du secteur des ménages et 11% du nombre de contrats hypothécaires au Luxembourg. De quoi, selon les auteurs de l’étude, «limiter l’éventuel impact sur la consommation privée et l’activité économique agrégée».

Héritage recommandé pour accéder à la propriété

Dans une étude complémentaire – intitulé «les transferts de patrimoine privé favorisent-ils l’accession à la propriété? Une première évaluation pour le Luxembourg» –, les économistes de la BCL se penchent sur l’impact des transferts de patrimoine privé entre ménages – les héritages et les dons principalement – sur la capacité à devenir propriétaire.

Il apparaît qu’environ 30% des ménages au Luxembourg ont reçu des transferts privés substantiels au cours de leur vie. Des héritages quatre fois sur cinq. Parmi ces ménages, 87% sont propriétaires de leur logement et 16% le sont devenus suite au transfert de la propriété d’un logement en leur faveur. Pour les ménages n’ayant jamais bénéficié d’un transfert privé substantiel, seuls 60% sont propriétaires. Pour qu’un transfert soit qualifié de «substantiel», il doit dépasser les 100.000 euros.