Philippe Ledent est senior economist chez ING Belux.  (Photo: Maison Moderne/Archives)

Philippe Ledent est senior economist chez ING Belux.  (Photo: Maison Moderne/Archives)

L’été est généralement une période plus calme sur le plan économique et politique. Cette année, il n’y a, jusqu’à présent, pas de répit.

Sur le plan politique, le flux d’informations reste en effet très intense. D’une part, il y a toujours cette situation chaotique et un brin surréaliste en France, où les tractations politiques en vue de la formation d’une vraie majorité guident la vie médiatique. Cela n’effraie pas trop les marchés, mais le retour de bâton pourrait être violent. D’autre part, après la tentative d’assassinat sur Donald Trump le 13 juillet dernier, la campagne présidentielle américaine s’emballe, alors que le président Joe Biden est mis temporairement sur le banc de touche par le Covid. Enfin, n’oublions pas le troisième Plénum du parti communiste chinois. Cette réunion importante se tenait cette semaine. Même s’il semble qu’aucune mesure de court terme n’en ressorte, elle a permis de faire le point sur les ambitions de long terme de la Chine, manifestement centrée sur l’innovation, le développement durable et la consommation.

Sur le plan économique, les regards étaient évidemment tournés vers Francfort et la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Il faut en retenir deux choses: d’une part, sans surprise, la BCE a laissé ses taux inchangés et d’autre part, la BCE a pour l’instant renoncé à toute forward guidance.

Il n’est pas surprenant que la BCE ait maintenu ses taux d’intérêt directeurs inchangés. Il n’y a tout simplement pas eu beaucoup de données importantes publiées depuis la réunion de juin de la BCE. Les données les plus récentes indiquent plutôt un affaiblissement de la croissance et une baisse de l’inflation globale, mais l’inflation des services ne va toujours pas suffisamment dans la bonne direction.

La BCE en dira plus en septembre

Pour les prochains mois, on peut raisonnablement penser que la BCE ne bluffe pas: il n’y a pas de plan préétabli pour la réunion de septembre. À juste titre, il est probablement impossible à la BCE de donner une indication claire de ses intentions (ce que l’on appelle la forward guidance) en deuxième partie d’année. Il faut se rappeler que nous ne sommes pas dans un cycle typique de réduction des taux dans la zone euro. Dans le passé, les cycles d’assouplissement ont toujours été déclenchés par des récessions ou des crises. Heureusement, ce n’est pas le cas actuellement. Par conséquent, les nouvelles baisses de taux ne se feront pas en pilotage automatique. En fait, il est clair que la BCE devra trouver un équilibre entre une atteinte potentielle à sa réputation et les préoccupations croissantes concernant des prévisions d’inflation trop optimistes.

D’un côté, la BCE n’a aucun intérêt à faire passer la baisse de taux de juin pour une erreur politique au cours des prochaines semaines, ce qui constituerait un argument non économique de poids en faveur d’une nouvelle baisse des taux lors de la réunion de septembre. D’un autre côté, l’affaiblissement de la dynamique économique, la persistance d’une inflation intérieure élevée et le risque d’une croissance élevée des salaires ne constituent pas une combinaison facile à traiter pour la BCE.

Par conséquent, une baisse des taux en septembre est loin d’être acquise, d’autant plus que dans le même temps, les intentions de la banque centrale américaine pourraient, elles aussi, évoluer.