Les fonds d’investissement immobilier (Reif) domiciliés au Luxembourg ont plus que décuplé depuis 2010, passant de 22,41 milliards d’euros en janvier 2010 à 253,74 milliards d’euros en décembre 2022. Cela représente 22,4% de la valeur totale des fonds d’investissement immobilier de la zone euro, juste derrière la part de l’Allemagne (33,5%), selon les données récemment publiées par la BCE. La zone euro, dans son ensemble, a vu ses Reif dépasser la barre des 1.000 milliards d’euros à partir d’avril 2022, ces fonds représentant désormais 40% de l’ensemble des marchés de l’immobilier commercial.
Alors que les Reif fournissent des financements et des investissements sur les marchés de l’immobilier commercial, réduisant ainsi la dépendance au financement bancaire et diversifiant la base d’investisseurs, leur part de marché importante signifie que l’instabilité du secteur des Reif pourrait avoir des implications directes sur les marchés de l’immobilier commercial. Cela pourrait à son tour avoir des conséquences plus larges sur le système financier et l’économie réelle. Il convient de noter que dans le cas du Luxembourg, une proportion importante de ses avoirs en immobilier résidentiel sont des investissements transfrontaliers, ce qui les rend vulnérables aux forces du marché dans d’autres États membres de l’UE. Selon la dernière enquête annuelle de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), 66% des fonds d’investissement étaient axés sur l’UE.
En outre, les fonds Reif à rachats fréquents (fonds ouverts) présentent un décalage structurel de liquidité inhérent, car ils détiennent des actifs immobiliers illiquides. Cela signifie que tout retrait des investisseurs dû à des conditions de marché défavorables amènerait les Reif ouverts à vendre des actifs avec une décote, ce qui détériorerait encore davantage les sentiments du marché de l’immobilier. À l’heure actuelle, les fonds d’investissement à capital variable représentent 835 milliards d’euros, soit 80% de la valeur nette d’inventaire (VNI) de tous les fonds d’investissement à capital variable de la zone euro. Cependant, au Luxembourg, ils ne représentent que 36%.
Compte tenu de cette interdépendance accrue et de la détérioration des perspectives pour les marchés des crédits à la consommation au cours des derniers mois dans certains États membres de la zone euro, la BCE a souligné la nécessité d’un cadre politique. «Les Reif devraient donc être soumis à un cadre politique commun et complet afin de réduire l’asymétrie des liquidités et les risques pour la stabilité financière», .
Cet article a été rédigé par en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.