Et si la sortie de crise présentait plus de risques que la récession historique provoquée par la pandémie? C’est le scénario sur lequel alerte la Banque centrale européenne. (Photo: Shutterstock)

Et si la sortie de crise présentait plus de risques que la récession historique provoquée par la pandémie? C’est le scénario sur lequel alerte la Banque centrale européenne. (Photo: Shutterstock)

Dans la dernière livraison de sa «Revue de stabilité financière», la BCE estime que l’endettement record des États et des entreprises pourrait faire dérailler la reprise en provoquant une déstabilisation du système financier au fur et à mesure que l’économie reviendrait progressivement à la normale.

«Alors que la zone euro émerge de la troisième vague de la pandémie, les risques pour la stabilité financière restent élevés et sont devenus plus inégalement répartis. Un endettement plus élevé des entreprises dans les pays dont le secteur des services est plus important pourrait accroître la pression sur les gouvernements et les banques de ces pays», déclare Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne. «Le soutien politique étendu, en particulier pour les entreprises, devrait progressivement passer d’un soutien général à un soutien plus ciblé», ajoute-t-il.

Mieux cibler les aides

Après avoir encouragé un soutien sans faille pour les entreprises, la BCE recommande donc désormais des aides ciblées afin d’éviter une «prévisible» cascade de faillites d’entreprises dont les fondamentaux sont trop affaiblis. Des aides ciblées qui permettraient d’éviter de déstabiliser à la fois le système financier et les finances publiques, et de minimiser le risque d’une crise systémique.

L’essor de l’endettement qui a permis d’amortir la récession apparaît donc désormais comme le plus grand risque pesant sur la reprise. Un risque qui restait théoriquement faible tant que les taux restaient bas. Mais la remontée de ceux-ci outre-Atlantique inquiète la BCE. D’autant plus que les valorisations élevées sur les marchés actions ou dans l’immobilier résidentiel font courir une menace de «correction brutale» du prix des actifs, en raison de la dégradation des bilans des entreprises. «Cela pourrait affecter les entreprises, les ménages et les souverains endettés, ainsi que les investisseurs qui se sont de plus en plus exposés au risque de duration, de crédit et de liquidité ces dernières années», analyse la BCE.

Qui recommande donc d’augmenter les provisions pour pertes sur prêts face à la potentielle hausse du risque de crédit. «Des solutions efficaces pour les pertes sur créances irrécupérables et la pleine utilisation des réserves de capital disponibles sont nécessaires pour soutenir la reprise», analyse-t-elle.

L’Europe du Sud toujours fragile

Ces risques pèsent inégalement sur les pays de la zone euro et les secteurs d’activité. Ils sont concentrés dans des secteurs et pays spécifiques, «souvent avec des vulnérabilités préexistantes plus élevées», selon la BCE. Elle vise les pays spécialisés dans les services qui ont été plus touchés par les deuxième et troisième vagues de la pandémie comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou la France, pays où «le fardeau de la dette des entreprises est le plus fort, et celui des États atteint des records». Pour ce qui est des secteurs les plus touchés, la BCE cible l’hôtellerie, la restauration et le tourisme.