«L’inflation élevée, les risques de récession et le durcissement des conditions financières mettent à mal les ménages et les entreprises endettés ainsi», a estimé Luis de Guindos, vice-président de la BCE, lors de la présentation du Financial Stability Review. (Photo: Shutterstock)

«L’inflation élevée, les risques de récession et le durcissement des conditions financières mettent à mal les ménages et les entreprises endettés ainsi», a estimé Luis de Guindos, vice-président de la BCE, lors de la présentation du Financial Stability Review. (Photo: Shutterstock)

La BCE revoit à la hausse la probabilité d’une récession en zone euro, qu’elle porte désormais à 80%. Elle pointe les menaces que l’inflation, les risques de récession et le durcissement des conditions financières font plus particulièrement peser sur la stabilité du système financier.

La lutte contre l’inflation ne se résume pas uniquement à l’. La stabilité financière s’invite désormais dans le débat. Le Financial stability review de la Banque centrale européenne (BCE) fait justement un état des lieux des vulnérabilités du système financier européen. Et mets en avant trois risques principaux: la volatilité sur les marchés financiers, la hausse des prêts non productifs (PNP) et la vulnérabilité des ménages à faibles revenus.

Un risque d’amplification du stress sur les marchés

Sur les marchés d’abord, l’institution de Francfort voit un «risque accru d’ajustements désordonnés sur des marchés financiers volatils». «La volatilité des marchés d’actions, d’obligations et autres s’est nettement accrue, parallèlement à une plus grande incertitude quant à l’inflation. En dépit de corrections marquées et généralisées des prix des actifs, les valorisations restent vulnérables aux risques de hausse de l’inflation et des taux d’intérêt», peut-on lire dans le rapport.

La BCE redoute que l’actuel stress sur les marchés puisse être amplifié par la baisse de la liquidité du marché et les appels de marge. «La baisse de l’appétit pour le risque nuit à la liquidité des marchés des obligations d’entreprises, en particulier pour le segment à haut rendement. Des augmentations inattendues des exigences de marge pourraient relancer la dynamique de la ruée vers les liquidités.» C’est un scénario de ce type qui a précipité la dernière course financière au Royaume-Uni et a coûté sa place de Premier ministre à Liz Truss.

La volatilité élevée, les risques de réévaluation et les difficultés de liquidité rendent aussi plus probables les tensions désordonnées sur les marchés et dans les secteurs non bancaires. «Les vulnérabilités structurelles des établissements non bancaires continuent de nécessiter une réponse politique globale et décisive», insiste une BCE traditionnellement favorable à un encadrement plus strict des circuits de financements non bancaires.

Les banques luxembourgeoises peu menacées par les PNP

Sur le secteur bancaire, si les banques bénéficient de la hausse des taux, elles vont devoir faire face à une augmentation des prêts non productifs (PNP). «Les menaces sur la qualité des actifs peuvent nécessiter des provisions plus élevées», relève la BCE. Celle-ci note quand même que le niveau de prêts non performants était historiquement bas début 2022. Il atteint 2,35% à la fin du second semestre, avec une augmentation de 80 points de bases depuis le début de l’année. Augmentation également du coût du risque dont la projection est passée de 0,43% à 0,78%.

Les ménages sont les principaux bénéficiaires des prêts accordés par le système bancaire de la zone euro. Au deuxième trimestre 2022, les prêts hypothécaires garantis représentaient plus de 75% de l’endettement des ménages dans les bilans des banques, tandis que les prêts à la consommation non garantis représentaient environ 10% supplémentaires. 70% de cette dette est imputable aux ménages à revenu élevé, contre environ 13% aux quintiles de revenus inférieurs. Ce pourcentage de 13% fait dire aux experts de la BCE que le problème ne sera pas systémique.


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Selon la BCE, les banques italiennes, portugaises, grecques et chypriotes sont les plus menacées par le phénomène de l’augmentation des prêts non productifs. Les établissements financiers français, irlandais et luxembourgeois apparaissent comme les moins sensibles à ce risque.

La BCE reconnaît toutefois que le retournement constaté du marché immobilier «pourrait aggraver la vulnérabilité des ménages», plus spécialement ceux à faibles revenus «  pour qui la compression des revenus et la diminution des réserves peuvent entraîner des problèmes de service de la dette».