Dans un discours face au monde académique en ce début de mois de mars à Berlin, Philip R. Lane, membre du comité exécutif de la Banque centrale européenne (BCE), s’est exprimé au sujet de la stratégie de politique monétaire de la zone euro.
La prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE se tiendra le 10 mars, très attendue, sur fond de guerre en Ukraine.
La BCE veillera également au bon fonctionnement des conditions de liquidité et à l’accès des citoyens aux liquidités (…) afin de garantir la stabilité des prix.
«La BCE veillera également au bon fonctionnement des conditions de liquidité et à l’accès des citoyens aux liquidités (…) afin de garantir la stabilité des prix», a déclaré Philip R. Lane. Les services de la BCE ont en effet révisé leurs projections pour l’exercice de mars en y intégrant les implications de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le taux extraordinaire de l’inflation énergétique
L’estimation de l’inflation pour février, publiée début mars par la BCE, s’élève à 5,8%. À cet égard, Philip R. Lane souligne la pression à la hausse jouée sur l’inflation globale par «le taux extraordinaire» de 31,7% de l’inflation énergétique.
«Les augmentations des taux d’inflation sectoriels pour les aliments, les biens et les services reflètent en partie l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les coûts de production dans tous les secteurs de l’énergie», a-t-il précisé.
Élément clé de la stratégie de politique monétaire de la BCE, les achats nets d’actifs devraient perdurer dans pareil contexte: «En ce qui concerne les achats nets d’actifs dans le cadre du programme d’achat d’actifs (PPA), les prévisions indiquent qu’ils seront maintenus aussi longtemps que nécessaire pour renforcer l’effet accommodant des taux directeurs et qu’ils devraient prendre fin peu avant le relèvement des taux directeurs de la BCE.»
La création de nouveaux instruments
Quant aux prévisions sur les taux d’intérêt, le membre du conseil exécutif de la banque centrale réitère qu’ils ne seront pas relevés tant que «les trois conditions essentielles» ne seront pas réunies. Premièrement, le taux de l’inflation doit atteindre 2%. Deuxièmement, elle doit persister durablement sur cette tendance. Troisièmement, l’inflation sous-jacente doit être compatible avec une stabilisation de l’inflation à 2%.
Dans les circonstances du moment où les projections de l’inflation varient d’un mois à l’autre, «les responsables de la politique monétaire doivent trouver un juste équilibre pour y répondre». D’une part, selon Philip R. Lane, si les projections indiquent que l’objectif d’inflation sera atteint dans l’horizon de projection, attendre que l’inflation converge vers l’objectif pourrait être «excessivement coûteux». D’autre part, un resserrement de la politique monétaire en réponse à une inflation temporairement élevée «serait contre-productif».
Le Conseil des gouverneurs peut également recourir, le cas échéant, (…) à des achats d’actifs et à des opérations de refinancement à plus long terme.
Le point d’ancrage de stratégie de la BCE semble donc clair: «Nous mènerons une politique monétaire visant à stabiliser l’inflation à 2% à moyen terme.» Prônant la flexibilité, «le Conseil des gouverneurs peut également recourir, le cas échéant (…) à des achats d’actifs et à des opérations de refinancement à plus long terme». Face aux défis actuels et à venir de la zone euro, le membre du comité exécutif de la BCE laisse entendre que les gouverneurs pourraient envisager de nouveaux instruments de politique économique.
Cet article est issu de la newsletter Paperjam Finance, le rendez-vous bimensuel pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.