«Lorsque vous regardez les infrastructures aujourd’hui en Belgique, on voit que le transfert fiscal n’a pas plus permis d’améliorer la situation qu’en France, notamment sur le ferroviaire», a ainsi justifié le ministre de la Défense, de la Mobilité et des Travaux publics et de la Sécurité intérieure. (Photo: Matic Zorman / Archives)

«Lorsque vous regardez les infrastructures aujourd’hui en Belgique, on voit que le transfert fiscal n’a pas plus permis d’améliorer la situation qu’en France, notamment sur le ferroviaire», a ainsi justifié le ministre de la Défense, de la Mobilité et des Travaux publics et de la Sécurité intérieure. (Photo: Matic Zorman / Archives)

Dans le cadre d’une réunion avec le Sillon lorrain, le ministre de la Mobilité et des Travaux publics est revenu sur la lettre adressée à Emmanuel Macron par les maires de Trèves et Metz au sujet de la compensation fiscale, mais aussi sur l’enjeu de la mobilité frontalière.

Alors que cette semaine a été rythmée par les échanges à distance entre et le sur l’épineux sujet de la compensation fiscale, était invité ce vendredi à une réunion avec le Sillon lorrain à Thionville.

«C’est la première fois que nous rencontrons le ministre tous ensemble, cela permet des échanges de vues globaux et de pouvoir avancer», confie Pierre Cuny, maire de Thionville et président du Pôle métropolitain européen de 1.079.000 habitants, d’Épinal à la frontière luxembourgeoise.

Les grands sujets de la problématique frontalière ont été abordés: la rétrocession fiscale, donc, mais également l’aménagement des friches industrielles, ou encore les questions de mobilité. «Sur la question de la compensation fiscale, notre point de vue est toujours le même», a expliqué le ministre luxembourgeois de la Défense, de la Mobilité et des Travaux publics et de la Sécurité intérieure, lors d’une conférence de presse à la sortie de la réunion.

Le transfert fiscal n’a pas plus permis d’améliorer la situation en Belgique qu’en France.

François Bauschministre de la Mobilité et des Travaux publics

«Les modèles cités par les élus lorrains de rétrocession fiscale entre la Suisse et la France, et celle appliquée avec la Belgique ne sont pas adaptés à nos relations avec la France. Bien sûr, il est de bonne guerre, surtout en période électorale, d’écrire ce type de lettre, mais l’accord avec la Belgique date par exemple de 2002, une époque où le nombre de frontaliers n’était pas aussi important, on ne peut donc pas comparer avec la situation d’aujourd’hui.»

Et François Bausch d’ajouter que «lorsque vous regardez les infrastructures aujourd’hui en Belgique, on voit que le transfert fiscal n’a pas plus permis d’améliorer la situation qu’en France, notamment sur le ferroviaire. Je comprends et je respecte les inquiétudes des élus lorrains, mais je suis vraiment persuadé que la solution réside dans le co-développement.»

«Organiser un Grenelle de la fiscalité»

«Il faudrait regarder des deux côtés de la frontière afin de savoir s’il y aurait vraiment un intérêt à réaliser un transfert fiscal, en prenant en compte la sécurité sociale ou les pensions. Mon but est de faire avancer la Grande Région, que les autres pays profitent du développement du Luxembourg, en jouant sur nos spécificités et non pas en voulant faire la même chose que ce qui existe.»

Présent autour de la table, le maire de Metz Dominique Gros n’a pas manqué de réagir à ces déclarations de François Bausch, en saluant «la présence» du ministre luxembourgeois:

«Mais je tiens à rappeler que la Suisse n’a aucune difficulté à redistribuer aux territoires frontaliers français une rétrocession fiscale, donc l’argument ne tient pas. Il y a des zones de grande pauvreté en Lorraine, ce n’est pas normal, un reversement serait légitime. Le co-développement c’est bien, mais l’un n’empêche pas l’autre. Pourquoi ne pas organiser un Grenelle de la fiscalité afin d’étudier vraiment la question?»

André Rossinot, président du Grand Nancy, a tempéré le point de vue de certains élus lorrains concernant la compensation fiscale: «Après les crises violentes que traverse l’Europe, ou bien on va vers des choses plus graves, ou bien on va vers l’apaisement», a-t-il appuyé.

Pierre Cuny, François Bausch, André Rossinot et Dominique Gros étaient notamment présents lors de la conférence de presse. (Photo: Paperjam)

Pierre Cuny, François Bausch, André Rossinot et Dominique Gros étaient notamment présents lors de la conférence de presse. (Photo: Paperjam)

Parmi les solutions de co-développement évoquées par le ministre de la Mobilité, il y a notamment celle des friches, «par exemple la ». La question réside sur le régime économique à mettre en place. «La Commission européenne demande aux États d’organiser des projets pilotes, notamment pour les friches transfrontalières. C’est ça qui fait avancer l’Europe.»

Il faut trouver le bon chemin pour que la Grande Région profite du développement du Grand-Duché

François Bauschde la Mobilité et des Travaux publics

Concrètement, le but serait que des entreprises luxembourgeoises puissent s’installer de l’autre côté de la frontière. «Il faut trouver le bon chemin pour que la Grande Région profite du développement du Grand-Duché», a insisté François Bausch, qui a quitté le beffroi de Thionville où se tenait la réunion en donnant rendez-vous aux élus lorrains pour avancer sur «des projets concrets» avant les congés d’été.

Et concernant des projets concrets, deux ont été retenus pour être co-financés par la France et le Luxembourg, selon Le Républicain Lorrain. Il s’agit de deux P+R (Park and Ride): un à Metzange de 800 places, dont la mise en service devrait intervenir «courant 2020», et le second de 700 places à Thionville, le long des voies de chemin de fer, et qui devrait voir le jour à horizon 2021.