Pierre-Ernest Ier de Mansfeld-Vorderort devint gouverneur du Luxembourg en 1545, représentant la puissante maison de Habsbourg. Ce n’est que dans les années 1560 que la résidence du gouverneur a déménagé à son emplacement actuel. Le Luxembourg faisait alors partie des Pays-Bas espagnols.
Les Greisch – une famille riche – ont ensuite cédé le bâtiment au roi. À l’époque, c’était déjà un manoir à part entière, bien que les agrandissements et les rénovations successives au cours des siècles lui aient donné un aspect très différent.
La chambre de Louis XIV est devenue le bureau du ministre
L’histoire de l’édifice ressemble beaucoup à celle du Grand-Duché, transmise d’un souverain à l’autre. Lorsque la France conquiert le Luxembourg pendant la guerre de Neuf Ans, il ne fallut pas longtemps pour que le roi Louis XIV lui-même s’arrête dans la ville forteresse envahie et séjourne dans le bâtiment Mansfeld en 1687. Ce sera sa résidence officielle lorsqu’il sera au Luxembourg.
La chambre où il a séjourné serait désormais le bureau du ministre des Affaires étrangères, poste actuellement occupé par (LSAP).
Le Luxembourg fera des allers-retours entre domination autrichienne, espagnole et française au cours du siècle suivant. Devenu le département des Forêts sous les Français dans les années 1790, ceux-ci transformeront finalement le bâtiment Mansfeld en siège de la justice locale, le palais de justice.
Des secrets cachés sous le plâtre des murs
Les derniers représentants de la justice luxembourgeoise ont quitté les lieux en 2008. La rue dans laquelle se trouve le bâtiment s’appelle toujours rue du Palais de Justice, et dans le langage courant, le bâtiment est d’ailleurs toujours désigné par ce nom.
Le gouvernement a reçu en 2013 un permis de construire pour rénover le bâtiment, transformant plus de 5.600 mètres carrés de surface en espaces de bureaux, tout en mettant à jour quelques trésors. Une peinture murale datant du 16e siècle, avant que le bâtiment ne devienne la résidence du gouverneur, a été découverte sous des couches de plâtre. Illusion d’optique représentant plusieurs fenêtres, le tableau est considéré comme le plus ancien du genre qui subsiste aujourd’hui dans la ville de Luxembourg.
L’ancien «extérieur» du bâtiment a été mis à jour et se trouve derrière l’entrée principale. Les plafonds ajoutés plus tard, avec leurs décorations, ont été réduits pour révéler les anciennes dimensions de la structure, même si cela laisse les rosaces en stuc étrangement placées hors de symétrie. Les cheminées anciennes, les encadrements de portes et de fenêtres et les plafonds décorés restent en place tout comme un grand escalier en bois datant du 19e siècle. Le lettrage des jours du bâtiment en tant que palais de justice a également été conservé, par exemple la signalisation des vestiaires des avocats et des juges ou du bureau du vice-président du tribunal. L’un des éléments les plus impressionnants du site est le grenier, véritable labyrinthe de poutres en bois soutenant le toit.
Les travaux de rénovation et de restauration du bâtiment, au coût de 35,5 millions d’euros, ont duré environ quatre ans et le ministère des Affaires étrangères a emménagé en 2017.
Pierre-Ernest Ier est mort à Clausen en 1604 dans un château qui, contrairement à son édifice homonyme à Luxembourg-ville, n’a pas traversé les âges. Le gouverneur, sans héritier à sa mort, a laissé le bien au roi d’Espagne. Le bâtiment abandonné a ensuite été endommagé lors des nombreux conflits qui ont ravagé le Grand-Duché. Aussi appelé «La Fontaine», il ne reste aujourd’hui que des ruines du château.
Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.