Pour Yannick Schuler, l’arrêt forcé des chantiers a été vécu comme une interruption pour intempéries bien connue dans la construction, mais cette fois en plein printemps. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pour Yannick Schuler, l’arrêt forcé des chantiers a été vécu comme une interruption pour intempéries bien connue dans la construction, mais cette fois en plein printemps. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Dirigée par le jeune artisan Yannick Schuler, l’entreprise de construction Serge Bressaglia basée à Bascharage aborde la reprise avec prudence.

Yannick Schuler est tombé dans la marmite de la construction lorsqu’il était petit. Son grand-père, Serge Bressaglia, lui a fait découvrir très tôt les engins de chantier et le plaisir de voir les constructions prendre forme au fil du temps. À 35 ans, le jeune artisan pilote désormais l’entreprise basée à Bascharage, spécialisée dans le gros œuvre, les aménagements extérieurs et les travaux de façade.

Tout s’est arrêté brutalement le 20 mars, quelques jours après que le Premier ministre,  (DP), a déclaré l’état d’urgence pour faire face au coronavirus. Au final, l’entreprise de construction Serge Bressaglia a cessé ses activités durant un mois. «La situation a été comme un rappel du chômage technique en cas d’intempéries en hiver, par exemple, sauf qu’à ce moment-là, les entreprises de construction préfinancent le chômage à 80% ou 100% et ne peuvent pas bénéficier des moratoires bancaires ou autres aides», souligne le jeune chef d’entreprise.

Comme ses paires membres de l’association , il a été interpellé par les propos du ministre du Travail en avril, qui avait dit au sujet des indépendants que . Car si les employés de Yannick Schuler ont pu bénéficier du chômage partiel, ce n’est pas le cas de ceux d’un patron indépendant, qui a été contraint de puiser dans les réserves. «Nos réserves ne sont pas extensibles, d’autant que dans le contexte du confinement, nous n’avions plus d’activités et donc plus aucune rentrée d’argent», détaille-t-il.

Serge Bressaglia était le grand-père de Yannick Schuler, il lui a transmis le goût de la construction. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Serge Bressaglia était le grand-père de Yannick Schuler, il lui a transmis le goût de la construction. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Un futur encore incertain

Le confinement a surtout été mis à profit pour préparer la reprise au mieux. Alors que les ouvriers étaient au chômage partiel, le personnel administratif continuait ses tâches via le télétravail. «On a profité des séances de vidéoconférence pour faire le point ensemble et se tenir au courant», évoque Yannick Schuler.

Désormais, les chantiers ont rouvert, mais le développement de son entreprise semble encore incertain pour le jeune artisan. «Le futur dépend beaucoup du budget que l’État va prévoir réellement dans les années à venir pour les marchés publics», dit-il. Car si sa société n’est pas active sur ce segment, elle redoute un effet domino avec l’arrivée sur son segment d’activités de firmes habituées à exécuter les marchés publics, qui seraient contraintes de changer leur fusil d’épaule, afin de pérenniser leur existence.

«Je crains qu’il y ait des sociétés qui ressentiront les douleurs ‘post-Covid’ encore après un certain temps», admet le jeune artisan. Celui-ci regrette les conditions d’éligibilité qui ont exclu certaines entreprises des aides prévues par le gouvernement dans le contexte du coronavirus, et puis «j’étais assez déçu de la décision quant au congé collectif, on aurait dû trouver un compromis à mi-chemin cette année». Car après bien des discussions, patronat et syndicats n’ont pas pu concrétiser l’idée de raccourcir, sous conditions, ce congé. .

Tout l’été, Paperjam vous propose d’aller à la rencontre chaque semaine d’un jeune artisan pour comprendre comment il vit cette période particulière et comment il s’y adapte. Rendez-vous la semaine prochaine avec la photographe Lynn Theisen.