Pendant que la demande a chuté de moitié et que l’industrie européenne s’est presque mise à l’arrêt, Chinois, Russes et Turcs ont continué à produire et risquent d’inonder le marché à des prix inférieurs. Un danger pour l’Europe, assure Eurofer. (Photo: Shutterstock)

Pendant que la demande a chuté de moitié et que l’industrie européenne s’est presque mise à l’arrêt, Chinois, Russes et Turcs ont continué à produire et risquent d’inonder le marché à des prix inférieurs. Un danger pour l’Europe, assure Eurofer. (Photo: Shutterstock)

Selon Eurofer, l’association européenne des producteurs d’acier, la Commission européenne doit d’urgence revoir ses mesures de sauvegarde face au doublement, en avril, des aciers venus de Turquie et de Russie.

«La demande d’acier a chuté de 50% depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars. Notre industrie a dû réduire fortement sa production pour s’adapter à ces nouvelles circonstances, 40% de la main-d’œuvre sidérurgique de l’UE ayant été licenciée ou devant travailler à temps partiel», explique Eurofer, l’association européenne des producteurs d’acier. «Pendant ce temps, des pays comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie et la Russie ne se sont pas reposés: ils ont poursuivi ou rétablissent la production et le stockage d’acier. Le risque imminent d’offre d’acier bon marché inondant le marché entraverait notre reprise et la survie de l’une des industries stratégiques de l’Europe – une industrie qui maintient 2,6 millions d’emplois directs et indirects dans l’UE. La proposition actuelle pourrait accroître massivement la part de marché des importations, alors qu’une grande partie de la capacité de production de l’UE est inactive.»

Pour les industriels, qui placent leur communiqué sous l’angle du Green Deal, «les contingents d’importation devraient être considérablement réduits, et le transfert des contingents non utilisés aux trimestres ultérieurs et l’accès aux contingents résiduels pour les pays disposant de leurs propres contingents devraient être empêchés.»

Début juin, le président d’ArcelorMittal France, Philippe Darmayan, a demandé le premier, sur BFM Business, une baisse des quotas d’importation d’acier vers l’Europe, en affirmant qu’il y a «urgence» face à la forte hausse des importations. «Nous avons 12 jours (…) pour arriver à une décision qui soit raisonnable et qui permette d’assurer une relance correcte des métiers de l’acier», a-t-il affirmé.

Si le secteur sidérurgique européen est anéanti par les importations, nous ne serons tout simplement pas là pour mener les réductions d’émissions de l’industrie sidérurgique mondiale.»

Eurofer

Les producteurs d’acier demandent à la Commission de revoir . Ces mécanismes prévoyaient des contingents d’acier sur 28 produits et Eurofer demande que ces quotas soient abaissés pour les importateurs turcs, russes et chinois.

«L’Europe a besoin d’une industrie sidérurgique durable et résiliente si elle veut atteindre les objectifs de l’accord vert européen. Le Green Deal – né avant la crise – a pour objectif de montrer que l’Europe peut ouvrir la voie à la neutralité carbone d’ici 2050. La production européenne d’acier est bien plus propre que celle des pays qui menacent d’inonder le marché de l’UE avec leurs excédents de matière. Les sidérurgistes européens montrent la voie en fixant des objectifs ambitieux de production d’acier neutre en carbone. Si le secteur sidérurgique européen est anéanti par les importations, nous ne serons tout simplement pas là pour mener les réductions d’émissions de l’industrie sidérurgique mondiale», prévient Eurofer, présidée par Geert Van Poelvoorde (également CEO d’ArcelorMittal Europe – produits plats), et dans laquelle on retrouve, par exemple, Roland Junck (président et CEO par intérim de Liberty Steel Europe).