Les inondations ont frappé durement le pays, mais n’ont heureusement pas fait de morts. Pour autant, la population tente toujours de comprendre cette hausse soudaine des eaux. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Les inondations ont frappé durement le pays, mais n’ont heureusement pas fait de morts. Pour autant, la population tente toujours de comprendre cette hausse soudaine des eaux. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

En Belgique, la polémique monte autour d’une mauvaise gestion des barrages et des écluses après les terribles inondations de la semaine dernière. Qu’en est-il au Luxembourg?

S’il n’y a pas eu de décès, les dernières inondations ont tout de même frappé les esprits au Luxembourg et causé d’importants dégâts matériels dans le pays. En Belgique et en Allemagne, le bilan humain est terrible et des mois seront nécessaires pour faire disparaître les traces de la catastrophe. Reste, si c’est possible, à en comprendre les raisons. En Belgique, la polémique enfle autour de la gestion des barrages et des écluses.

Certains pensent que les dégâts sont la conséquence de l’ouverture des vannes des barrages. Ce qui est totalement faux.

Dr Jean-Paul LickesdirecteurAdministration de la gestion de l’eau

Au Luxembourg, on compte deux barrages, l’un à Vianden, gérant les eaux qui arrivent de l’Our, et l’autre à Esch-sur-Sûre, pour la Haute-Sûre. Toute la question est de savoir s’ils ont joué un rôle ou non dans les inondations du pays. «C’est quelque chose qui est bien présent dans la tête des gens. Ils pensent en effet que les dégâts sont la conséquence de l’ouverture des vannes des barrages d’Esch-sur-Sûre et de Vianden. Ce qui est totalement faux. Évidemment, et c’est une consigne, on a laissé sortir 70m3 d’eau par seconde, mais ce n’est pas grand-chose par rapport au débit de la Sûre. La montée supplémentaire de la Sûre provenant du barrage d’Esch-sur-Sûre est ridiculement faible. C’est peut-être du niveau du centimètre, même moins. Le pilotage des barrages n’est pas responsable du débordement. Tout comme l’eau qui en sort n’amène pas le potentiel dévastateur que l’on a pu constater», affirme le docteur Jean-Paul Lickes, directeur de l’Administration de la gestion de l’eau.

Les éventuelles erreurs des voisins sans conséquences pour le Luxembourg

Au contraire, les barrages ont joué un rôle protecteur en retenant de nombreux débris. «C’est le cas du barrage de Vianden. Le barrage laisse passer l’eau, mais pas les débris. Ailleurs, ils peuvent s’accumuler au niveau d’un pont, par exemple, et provoquer une montée encore plus rapide des eaux», analyse le directeur de l’Administration de la gestion de l’eau.

Des problèmes au niveau de la gestion des barrages belges pourraient-ils impacter le Luxembourg? Là encore, Jean-Paul Lickes rejette cette idée en expliquant qu’il y a très peu de cours d’eau en commun entre les deux pays. «Il faut savoir que le Luxembourg se situe sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Rhin et de la Meuse. Cela veut dire que beaucoup de cours d’eau ont une origine au Luxembourg ou à proximité de la frontière. Selon la classification en hydrologie, ce sont de petits cours d’eau, et donc il y a peu d’influence sur la gestion transfrontalière. Sur les grands cours d’eau, effectivement, la gestion transfrontalière est très importante, notamment pour la Moselle. Heureusement, il y a eu beaucoup moins de pluie dans les Vosges, lieu où la Moselle a sa source. Et il y a eu très peu d’inondations au niveau de la Moselle. Le comportement de la Moselle est toujours différent des autres cours d’eau présents sur le territoire luxembourgeois. Il y a une vraie coopération entre la France, le Luxembourg et l’Allemagne, notamment sur la gestion des écluses», explique clairement le Dr Jean-Paul Lickes.

Les gouttes de pluie ne pouvaient plus être absorbées par les terres. L’eau s’est alors dirigée vers le point le plus bas, qui est généralement le cours d’eau le plus proche.

Dr Jean-Paul LickesdirecteurAdministration de la gestion de l’eau

Mais avec seulement deux barrages et quelques écluses, est-ce que le Luxembourg n’est pas sous-équipé en matière d’infrastructures hydrauliques? Là encore, le directeur de l’Administration de la gestion de l’eau l’assure, «avec de telles quantités d’eau tombées, des écluses n’auraient rien pu faire. Nous avons eu des masses d’eau exceptionnelles et nous pouvons dire que nous avons vécu un événement centennal. Les problèmes se sont vus surtout sur les affluents et les ruissellements latéraux. Les terres ont été saturées en eau. À un moment donné, les gouttes de pluie ne pouvaient plus être absorbées par les terres. L’eau s’est alors dirigée vers le point le plus bas, qui est généralement le cours d’eau le plus proche. C’est aussi simple que cela. Je sais que l’on vit dans une société où l’on veut un risque zéro. Mais cela n’existe pas, je suis désolé de le dire, et ce, dans n’importe quel domaine.»

L’Administration de la gestion de l’eau a d’ailleurs, en collaboration avec le List, mis à jour les cartes du site Géoportail, où il est possible de connaître les zones inondables au Luxembourg. De plus, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable a lancé, le mois dernier, .

On peut également rappeler qu’il est possible de s’informer sur les risques d’inondation au Luxembourg sur le site de l’Administration de la gestion de l’eau. Tout comme il est possible de regarder