La tripartite ne fera pas l’économie d’une discussion sur l’adaptation du barème d’imposition à l’inflation. Le Premier ministre, (DP), a d’ailleurs accepté, par un tweet publié lundi, de rencontrer le 28 février prochain, en amont de la réunion prévue le 3 mars, les partenaires sociaux à ce sujet, .
Par communiqué, OGBL, LCGB et CGFP demandaient en effet une «entrevue urgente» avec le Premier ministre, une telle adaptation du barème étant jugée «indispensable» dans le contexte actuel d’inflation «afin d’assurer le maintien du pouvoir d’achat». Les trois syndicats, qui sollicitaient déjà – sans succès – une telle adaptation lors des dernières tripartites, réclament même une discussion portant sur les «modalités concrètes d’une telle adaptation».
Pourtant, à entendre la ministre des Finances, (DP) lundi matin sur RTL, un tel échange sur les modalités pratiques parait difficilement concevable. Celle-ci a en effet rappelé la position : une telle adaptation serait «irresponsable» dans le contexte budgétaire actuel, avec des finances publiques en berne.
Pourparlers en cours
Mais si le DP semble s’arcbouter contre une telle mesure pour le moment, ses partenaires de coalition paraissent plus ouverts. Certes, déi Gréng ne veut pas en faire une «priorité» dans le contexte actuel et plaide pour des mesures ciblées en faveur des petits et moyens revenus. «L’adaptation est surtout en faveur des gros salaires», argue le coprésident de déi Gréng, . Cela dit, «nous sommes prêts à discuter de toutes les mesures, dont celle-ci», ajoute-t-il.
Le LSAP est, quant à lui, sans ambiguïté: «Nous sommes pour une adaptation», déclare le président du groupe parlementaire LSAP, . «Il n’est pas possible de continuer à augmenter les impôts d’office, c’est une question d’équité fiscale.» Des pourparlers seraient en cours au sein de la coalition pour trouver un «consensus»: «Nous avons fait des propositions concrètes et nous en discutons pour voir ce que nous pouvons faire maintenant», détaille le député.
De nombreuses options seraient sur la table: l’adaptation du barème bien sûr, mais aussi d’autres mécanismes, voire même un mélange des deux. «Nous sommes prêts à discuter de tout, mais la discussion doit avoir lieu», assure encore Yves Cruchten, qui ajoute: «Cette discussion sera d’autant plus importante pour la coalition qu’elle pourra ainsi démontrer qu’elle a des projets d’avenir» – un avenir jusqu’aux élections, mais aussi au-delà, peut-on entendre.
Six indexations sans adaptation
L’opposition attend en tout cas le gouvernement au tournant. Le CSV, qui se veut pourtant un tenant de la rigueur budgétaire, a pris le contrepied du DP en réclamant une «neutralisation de l’inflation dans le barème de l’impôt», selon les mots du coprésident du groupe parlementaire CSV, . Concernant les 600 millions d’euros qu’une telle mesure devrait au bas mot coûter, le raisonnement est le suivant: «Les gens l’ont préfinancé», argumente le député. «Lorsqu’il n’y a pas d’adaptation, toute nouvelle tranche indiciaire ramène 300 millions d’euros» dans les caisses de l’État.
Or, depuis 2017, aucune adaptation du barème n’a eu lieu et, durant ce laps de temps, six tranches indiciaires ont été franchies, rappelle Gilles Roth – sans compter l’indexation à venir de début avril. «C’est énorme, ce n’est jamais arrivé auparavant», commente-t-il, précisant que cela représente «1,8 milliard d’euros d’impôt engrangés par l’État».
Partenaires sociaux, membres de l’opposition, partenaires de coalition: tous les acteurs semblent donc prêts à ferrailler les uns contre les autres ces prochaines semaines au sujet de l’adaptation du barème de l’impôt, qui sera bel et bien au cœur des discussions. Difficile pour le moment d’en imaginer le résultat.