Les grandes banques européennes restent attirées par les acteurs des hydrocarbures. (Photo: Shutterstock)

Les grandes banques européennes restent attirées par les acteurs des hydrocarbures. (Photo: Shutterstock)

Une étude française démontre que les plus grandes banques européennes continuent de soutenir le secteur des énergies fossiles. Une double menace – climatique et financière –, selon elle, qui pourrait engendrer une nouvelle crise financière, digne de celle des subprimes.

Alors que le monde financier ne jure plus que par la finance verte, montre que les plus grandes banques de la zone euro soutiennent encore fortement le secteur des énergies fossiles. Par des produits de crédit ou des investissements.

Commandée par l’Institut Rousseau, associé aux ONG environnementales Reclaim Finance et les Amis de la Terre, l’étude «Actifs fossiles, les nouveaux subprimes?» a calculé que les 11 plus grandes institutions de la zone euro détiennent plus de 530 milliards d’actifs liés aux énergies fossiles. Un chiffre qui équivaut à 95% de leurs fonds propres.

C’est quand qu’on freine?

Alors que la production mondiale de pétrole, de charbon et de gaz doit diminuer de 6% par an d’ici 2030 pour tenter de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, les banques analysées – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Banque Populaire Caisse d’Épargne, Deutsche Bank, Commerzbank, UniCredit, Intesa Sanpaolo, Santander, BBVA et ING – n’auraient pas ralenti leurs financements dans les énergies fossiles.


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L’étude française pointe que, selon le rapport «Banking on Climate Chaos 2021», ces 11 banques ont encore accordé 95 milliards d’euros de financements supplémentaires en 2019 au secteur des énergies fossiles (exploration, exploitation, distribution des ressources de charbon, de pétrole et de gaz et production d’électricité à partir de ces sources).

Un double risque

Pour les auteurs, le risque est double: climatique, mais aussi financier. Parce que, selon eux, en continuant à investir dans les énergies fossiles, les grandes banques prennent le risque de voir leurs portefeuilles perdre en valeur au fur et à mesure de l’avancée de la transition énergétique qui réduira le rôle des acteurs des hydrocarbures et du charbon.

Ils n’hésitent d’ailleurs pas à prédire «d’importances turbulences», voire «une nouvelle crise financière». Les montants investis, qui représentent une part importante des fonds propres – de 68% pour Santander à 131% pour Crédit Agricole –, risquent de les placer à nouveau dans le rouge, comme aux pires moments de la crise des subprimes.

Des montants colossaux par rapport aux fonds propres sont encore investis dans les énergies fossiles. (Capture d’écran: Rapport «Actifs fossiles, les nouveaux subprimes?»

Des montants colossaux par rapport aux fonds propres sont encore investis dans les énergies fossiles. (Capture d’écran: Rapport «Actifs fossiles, les nouveaux subprimes?»

«La dévalorisation des actifs fossiles promet de s’étaler sur plusieurs années», admet l’étude. Mais elle insiste sur la nécessaire prise de conscience des grands acteurs bancaires européens du besoin de changement de modèle. «Les risques colossaux pris par les banques pour s’assurer des bénéfices à court terme pourraient devenir le fardeau des États et des citoyens.»