Le relèvement des taux directeurs de la BCE a resserré les conditions financières, mettant les banques face au risque d’écarts de crédit. (Photo: Shutterstock)

Le relèvement des taux directeurs de la BCE a resserré les conditions financières, mettant les banques face au risque d’écarts de crédit. (Photo: Shutterstock)

La hausse des taux directeurs n’est pas sans conséquence pour les banques, pouvant se retrouver face à des défauts de paiement de leurs clients. Pour sa part, le Luxembourg échapperait à un éventuel choc de la hausse des taux et des écarts de crédit. La situation serait même bénéfique à long terme.

La Banque centrale européenne (BCE) de 0,5%, pour la première fois depuis 11 ans, le 21 juillet dernier. Ce qui place désormais les banques face au risque des écarts de crédit. Du jamais vu depuis une décennie, alors que les banques évoluaient dans un contexte d’environnement de taux d’intérêt bas. L’exposition des banques aux chocs des taux d’intérêt est d’ailleurs devenue une priorité-clé de la BCE dans sa mission de supervision bancaire.

Au cours d’une évaluation intermédiaire de la robustesse des banques de la zone euro, l’institution de Francfort a en effet cherché à identifier les entités bancaires les plus vulnérables face aux chocs des taux d’intérêt et aux écarts de crédit. Ce premier exercice de supervision a permis d’établir qui feront l’objet d’un examen renforcé, annonçait la BCE le 17 août, sans fournir davantage de détails sur les banques en question. Ce chiffre représente tout de même 28% du nombre total de banques se trouvant sous la supervision directe de la BCE. Même si l’analyse de risque n’est pas encore achevée, il s’agit d’un premier signal d’alarme.


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Un resserrement préalable des conditions financières

Le risque n’était toutefois pas inattendu. S’attendant à une hausse des taux directeurs à venir, la Commission européenne indiquait déjà , en mai, que les conditions d’accès aux crédits du logement s’étaient resserrées au premier trimestre de cette année, dans la foulée du début de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales. Elle annonçait également que les banques s’attendaient à un resserrement «nettement plus important» du côté des prêts aux entreprises au deuxième trimestre. Un premier resserrement qui arrivait juste au moment où les demandes de prêts des entreprises étaient en augmentation, ces dernières étant confrontées à des besoins de financement en fonds de roulement suite aux perturbations sur les chaînes d’approvisionnement.

À son tour, la récente hausse des taux directeurs de la BCE ne fait que resserrer les conditions d’accès aux crédits, déjà rendues difficiles au préalable. Si le défaut de paiement de la dette souveraine russe et des grandes entreprises du pays n’a pas eu lieu, les établissements de crédit européens se retrouvent quand même face à un nouveau choc.

Les craintes pour les banques allemandes

Le problème commence d’ailleurs à inquiéter du côté du secteur bancaire allemand. Dans donnée au Handelsblatt, le 14 août, Raimund Röseler, chief executive director en charge de la supervision bancaire au sein de l’autorité de supervision financière allemande, la Bafin, expliquait que les banques ont accordé des prêts à long terme à des taux d’intérêt bas, mais doivent maintenant payer davantage pour leur refinancement. «Toutes les banques ne sont pas suffisamment protégées contre ce risque», déclarait-il, soulignant que les défauts de paiement sur les prêts pourraient augmenter plus fortement que ce que les banques ont prévu. Par conséquent, de nombreuses banques de petite et moyenne taille ne seraient pas suffisamment en mesure de faire preuve de résilience dans pareil contexte.

Interrogée par Paperjam dans le but de savoir si des projections similaires sont d’actualité pour le Luxembourg, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) confirme que le secteur bancaire du pays ne fait pas exception à la règle. Par contre, la CSSF précise que le marché bancaire luxembourgeois reste nettement plus diversifié que le marché allemand.

Un effet positif à long terme

De plus, le régulateur informe que les banques se sont couvertes contre ce risque. Rappelant qu’une couverture totale n’existe pas, la CSSF indique également que «les banques auraient – dans la moyenne – assez de fonds propres» pour couvrir le risque s’il venait à se matérialiser.

Le tableau n’est en revanche pas si sombre pour l’entièreté du secteur bancaire. «Certaines banques profitent même de cette hausse» des taux d’intérêt, note la CSSF. «Et à long terme, cette hausse devrait être profitable pour tout le secteur.» Une conclusion également partagée par la BCE, qui déclare que la hausse des prix des crédits bénéficiera aux revenus des institutions bancaires.