Les banques luxembourgeoises se distinguent par le ratio CET1 le plus élevé de l’UE, mais leur rentabilité reste préoccupante en raison de la faiblesse du rendement des fonds propres. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne, archives)

Les banques luxembourgeoises se distinguent par le ratio CET1 le plus élevé de l’UE, mais leur rentabilité reste préoccupante en raison de la faiblesse du rendement des fonds propres. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne, archives)

Bien qu’elles aient atteint le ratio CET1 le plus élevé de l’Union européenne (24,73%), les banques luxembourgeoises sont confrontées à un faible rendement des capitaux propres (1,53%), ce qui témoigne des difficultés à générer des bénéfices.

Les banques luxembourgeoises ont obtenu une distinction notable dans l’Union européenne en maintenant le ratio Common Equity Tier 1 (CET1) le plus élevé parmi les États membres, selon les dernières données de la Banque centrale européenne. Le ratio CET1, mesure clé de la solidité financière d’une banque, représente les fonds propres de base qu’une banque détient par rapport à ses actifs pondérés en fonction des risques. Au premier trimestre 2024, le ratio CET1 du Luxembourg atteindra le chiffre impressionnant de 24,73%, ce qui est nettement supérieur à la moyenne de l’UE (16,07%) et aux autres pays de l’UE, le deuxième ratio le plus élevé étant celui de la Slovaquie, qui s’élève à 21,73%. Les données couvrent 385 groupes bancaires et 2.299 banques et établissements de crédit autonomes opérant dans l’UE, ce qui représente près de 100% du bilan du secteur bancaire de l’UE.

Malgré ce ratio CET1 élevé, les banques luxembourgeoises affichent un rendement des fonds propres (ROE) relativement faible par rapport à leurs homologues de l’UE. Le ROE, qui mesure la rentabilité d’une banque en divisant le revenu net par les capitaux propres, s’élève à 1,53% pour les banques luxembourgeoises au premier trimestre 2024. Ce chiffre est nettement inférieur à la moyenne de l’UE (2,49%) et à celle de nombreux autres pays de l’UE, la Roumanie arrivant en tête avec 6,15% et Chypre avec 5,25%. Cette disparité suggère que les banques luxembourgeoises sont bien capitalisées, mais qu’elles ont du mal à traduire leur force de capital en une rentabilité élevée.

Plusieurs facteurs pourraient contribuer à la faiblesse du ROE des banques luxembourgeoises. L’une des possibilités est que des ratios CET1 élevés, bien qu’indiquant une stabilité financière, pourraient également refléter des pratiques de prêt conservatrices. Les banques qui conservent des réserves de capital élevées peuvent être moins agressives dans leurs stratégies de prêt et d’investissement, ce qui peut entraîner une baisse du rendement des capitaux propres. En outre, le secteur bancaire luxembourgeois est confronté à une concurrence importante et à de sur les taux d’intérêt, ce qui peut comprimer les marges bénéficiaires et affecter la rentabilité globale.

Les implications de ce scénario sont multiples. D’une part, le ratio CET1 élevé souligne la stabilité et la crédibilité des banques luxembourgeoises, rassurant les investisseurs et les régulateurs sur leur solidité financière. D’autre part, la faiblesse du rendement des fonds propres soulève des inquiétudes quant à l’efficacité avec laquelle ces banques utilisent leur capital et quant à leur capacité à générer des rendements élevés pour les actionnaires. Compte tenu de l’évolution lente des conditions économiques, les banques luxembourgeoises pourraient bientôt se concentrer sur l’optimisation de l’allocation des actifs, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle ou l’exploration de nouvelles sources de revenus.