La Banque centrale européenne publiait ce 8 juillet les résultats de son «stress test» au risque climatique. La conclusion ne se fait pas attendre: «Les banques n’intègrent pas encore suffisamment le risque climatique dans leurs cadres de tests de résistance et leurs modèles internes», indique d’entrée de jeu le communiqué de presse. Face à ce constat, «les banques doivent de toute urgence intensifier leurs efforts pour mesurer et gérer le risque climatique et combler les lacunes actuelles en matière de données et adopter les bonnes pratiques», exhorte Andrea Enria, présidente du conseil de surveillance de la BCE.
La résilience du secteur financier face au risque climatique s’inscrit parmi les vulnérabilités prioritaires que les banques doivent renforcer, selon l’agenda 2021-2024 de la BCE. Dans la présentation de ses objectifs stratégiques en 2021, la BCE faisait état que la transition vers une économie à faibles émissions pèse sur les institutions bancaires. «Par exemple, en s’exposant à des entreprises fortement émettrices de carbone», expliquait alors la BCE, rappelant d’ailleurs que les banques sont déjà largement exposées à des entreprises dans des zones fortement affectées par le changement climatique.
Une trop grande exposition aux secteurs carbone
Le premier test de résistance au risque climatique du système financier a requis la participation de 104 banques importantes de la zone euro. L’un des points de contrôle visait à évaluer les capacités de test propres à ces banques. Il en retourne qu’environ 60% des banques ne disposent pas encore d’un cadre de stress test pour le risque climatique. De plus, la BCE indique que «la plupart des banques n’intègrent pas le risque climatique dans leurs modèles de risque de crédit et seulement 20% (le) considèrent comme une variable lors de l’octroi de crédits». La BCE ne mâche pas ses mots: «Les banques sont actuellement en deçà des meilleures pratiques».
Un deuxième volet du test consistait à analyser la dépendance des établissements de crédit à l’égard des secteurs émetteurs de carbone. Idem, le constat est éloquent: «Près de deux tiers des revenus des banques provenant des entreprises clientes non financières proviennent d’industries à forte intensité de gaz à effet de serre». De la sorte, la BCE identifie des lacunes en matière de données, appelant les banques à «intensifier leurs engagements auprès des clients afin d’obtenir des données et des informations plus précises».
70 milliards d’euros de perte de crédit
Le stress test mené par la BCE incluait finalement un troisième volet relatif à la performance sous différents scénarios sur plusieurs horizons temporels. Seulement 41 banques ont participé à ce dernier module de contrôle. Celui-ci oblige les institutions bancaires à projeter leurs pertes lors d’évènements météorologiques extrêmes. Le résultat indique que les pertes de crédit et de marché s’élèvent à environ 70 milliards d’euros pour ces 41 banques face à «la transition désordonnée à court terme» ainsi qu’aux risques de sècheresse et d’inondation.
Pour rappel, la BCE avait annoncé en 2021 que la conduite de test de résistance ne constituait qu’un outil de supervision parmi d’autres. À cela s’ajoutent les examens thématiques des stratégies et des cadres de gouvernance des banques, des contrôles sur place ainsi qu’un suivi des pratiques de publication des banques.