Les banques européennes subissent aussi le ralentissement de l’économie. (Photo: Shutterstock)

Les banques européennes subissent aussi le ralentissement de l’économie. (Photo: Shutterstock)

Selon une étude de la société américaine de conseil Kearney, une banque européenne sur huit devrait terminer l’année 2020 dans le rouge. Selon ses calculs, la rentabilité par client diminue de 60%.

Même si les banques, pour faire oublier leur responsabilité dans la crise de 2008-2009, aiment répéter qu’elles font cette fois partie de la solution, certaines risquent bien de souffrir tout au long de cette année.

Dans une récente étude menée auprès de 92 banques de détail dans 22 pays européens, le consultant américain Kearney estime que 12% des institutions risquent d’afficher des pertes au terme de l’exercice 2020. Selon ses calculs, la rentabilité par client sera réduite de 60% par rapport à 2019.

Plusieurs facteurs explicatifs

Le groupe de conseil repère plusieurs facteurs pour expliquer sa prévision. Premièrement, depuis le début de la crise, de nombreux établissements bancaires ont accordé des reports de paiement à des clients en difficulté, annulé des frais de découvert ou augmenté les limites de cartes de crédit.

Des mesures prises dans un contexte européen de taux bas qui viennent ajouter de la pression sur le modèle d’activité des banques.

L’étude note aussi que la crise sanitaire actuelle a rendu les citoyens européens attentifs, voire attentistes par rapport à leur comportement de consommation. Les achats sont réduits et les nouvelles demandes de prêts, notamment hypothécaires, ont diminué.

En ajoutant à tout cela une baisse des revenus tirés des actifs financiers sous gestion, les banques de détail devraient subir une baisse moyenne de 20% de leurs revenus en 2020. Dans certains cas, la perte pourrait aller jusqu’à 35% ou 40%.

Des coûts au minimum stables

Or, pointe Kearney, pendant que les banques tentent de minimiser les effets de la crise dans leur environnement proche, leurs coûts ne diminuent pas. La plupart des institutions n’ont pas touché au personnel, pour des questions de réputation et parce qu’ils représentent un investissement à long terme, et certaines ont décidé d’offrir des services supplémentaires à leurs clients – notamment des outils numériques pour les aider à franchir le pas.

Des gestes dans lesquels la société de consultance voit aussi un investissement pour l’avenir, estimant que «la crise va probablement devenir le catalyseur d’un changement permanent vers des habitudes bancaires plus numériques».

Le ratio moyen coûts/revenus devrait donc grimper au-delà de 80%, estime Kearney, qui voit aussi une banque sur huit passer dans le rouge. Mais c’est en prouvant leur respect par rapport à leur personnel, en renforçant leurs activités de base et en prouvant leur valeur aux clients qu’elles sortiront renforcées de la crise.