Les derniers mois, l’inflation s’est accélérée de manière plus généralisée. La thèse initiale d’une inflation transitoire de la Fed est donc remise en question. De fait, le ton des banquiers centraux américains a changé. Ceux-ci se montrent moins patients vis-à-vis des chiffres élevés de l’inflation.
La Fed vient logiquement d’annoncer une réduction des achats d’actifs nets plus rapide ce mercredi 15 décembre. Elle prévoit de terminer son programme d’achats en mars 2022 plutôt qu’en juin 2022. Quant aux taux directeurs, elle ne les augmentera probablement qu’une fois ses achats nets terminés. Un «tapering» accéléré pourrait mener à une augmentation des taux directeurs plus tôt que prévu. Il est probable que la Fed décide trois hausses de taux en 2022, dont la première en juin, suivie de quatre autres en 2023.
En zone euro, la situation est assez différente. La résurgence des cas de Covid-19 incite la Banque centrale européenne (BCE) à rester prudente malgré la hausse de l’inflation. De plus, les risques d’inflation sont moins importants qu’aux États-Unis. En effet, la principale source d’inflation à moyen terme reste le marché de l’emploi et les pénuries de main-d’œuvre. Aux États-Unis, les pressions salariales devraient persister encore au cours des prochains mois. De fait, beaucoup de travailleurs ont quitté le marché de l’emploi ces dernières années et le retour s’annonce assez progressif. En zone euro, les indicateurs ne suggèrent pas de tensions majeures. Il est donc peu probable que la BCE augmente ses taux directeurs avant 2023. Lors de sa réunion le 16 décembre, elle a annoncé qu’elle procédera à des ajustements dans sa politique d’achats obligataires dans les prochains mois.
Il serait logique que, dans un tel environnement, on assiste également à une hausse des taux d’intérêt de plus long terme. La hausse sera probablement assez modérée et il est probable que le taux de rendement d’une obligation d’État de maturité 10 ans ne dépasse pas 2% aux États-Unis et 0% en Allemagne en 2022.
De plus, le potentiel de rattrapage économique de l’eurozone est moins probable au vu des restrictions à la mobilité liées aux nouveaux cas de Covid-19.
Pour les investisseurs obligataires, la perspective d’un environnement haussier des rendements obligataires représente un défi. En effet, une telle progression rendrait les obligations existantes moins attractives et devrait mener à des baisses de prix de celles-ci. En général, le niveau très faible des coupons ne suffira probablement pas à compenser cet effet, ce qui pourrait mener à des pertes en capital pour les détenteurs d’obligations gouvernementales de haute qualité (coupon faible), et surtout celles avec des maturités plus longues.
La hausse du différentiel de taux d’intérêt et de rendement obligataire entre les États-Unis et l’eurozone devrait également affecter le taux de change entre l’euro et le dollar. En effet, cet environnement rend la devise américaine plus attractive. De plus, le potentiel de rattrapage économique de l’eurozone est moins probable au vu des restrictions à la mobilité liées aux nouveaux cas de Covid-19. Le dollar devrait donc rester fort par rapport à l’euro et il est probable que la valeur d’un euro reste autour de 1,12 les prochains mois.
Les perspectives des marchés actions restent bonnes malgré la hausse attendue des taux d’intérêt. En effet, cette hausse devrait être modérée et les taux d’intérêt réels (qui excluent l’inflation attendue) devraient rester négatifs. De plus, la croissance économique devrait être soutenue par les investissements publics, notamment dans les domaines de l’infrastructure durable. Ces dépenses devraient générer des effets multiplicateurs importants par le biais de la croissance de revenus. La croissance des bénéfices devrait donc offrir un support important aux marchés actions.