Bank of China a posé pour la première fois le pied hors de Chine en 1979. C’était au Luxembourg. (Photo: Paperjam/archives)

Bank of China a posé pour la première fois le pied hors de Chine en 1979. C’était au Luxembourg. (Photo: Paperjam/archives)

Bank of China Luxembourg fête ce jeudi au Grand Théâtre quatre décennies de présence. En 1979, personne n’aurait cru à une relation économique aussi intense entre les deux pays. Nicolas Mackel, CEO de LFF, revient sur les grandes étapes et les enjeux respectifs.

Bank of China fêtait officiellement, ce 12 juin, ses 40 années de présence au Luxembourg. La plus importante banque chinoise, créée en 1912, s’est implantée en mai 1979 sous le nom de Bank of China Limited Luxembourg Branch. En 1991, elle a été transformée en filiale sous le nom de Bank of China Luxembourg.

Si, aujourd’hui, le pays accueille sept institutions bancaires de l’empire du Milieu, à l’époque, l’événement était exceptionnel. Ce n’est d’ailleurs que 20 ans plus tard, en 1999, que . Pour Bank of China, il s’agissait d’ailleurs de la première implantation hors du pays depuis l’instauration de la République populaire de Chine, en 1949.

Le regard vers l’Orient

On ne dira donc pas, par rapport à l’entrée de Bank of China, que le Luxembourg avait été visionnaire en attirant une banque chinoise. Ce qui est par contre clairement le cas aujourd’hui par rapport aux différents liens tissés avec les milieux financiers chinois.

«Le Luxembourg a toujours travaillé à identifier ses opportunités. Étant petit, il doit bien choisir ses cibles», explique , CEO de Luxembourg for Finance. «Or, depuis le début du 21e siècle, la Chine a évolué en un véritable géant économique.»

C’est en fait un peu avant la grande crise financière de 2008 que le Luxembourg a perçu l’opportunité chinoise. «La Chine lançait sa politique d’ouverture. Elle entrouvrait la porte des marchés de capitaux et poussait ses banques et entreprises à sortir des frontières», pointe le responsable de LFF.

Le véritable mouvement des banques chinoises vers le Grand-Duché démarre donc en 2013. Tour à tour, , (2014), Bank of Communications (2014), China Merchants Bank (2014) et (2017) prennent leurs quartiers sur les hauteurs de la Pétrusse. Une véritable tête de pont pour le marché européen.

Il faut éviter de résumer les relations économiques entre la Chine et le Luxembourg à la seule présence des banques.

Nicolas MackelCEOLuxembourg for Finance

«C’est évidemment important», note Nicolas Mackel. «Mais il faut éviter de résumer les relations économiques entre la Chine et le Luxembourg à la seule présence des banques. Elles sont le point d’ancrage de la relation, mais ce que nous avons construit avec la Chine est nettement plus étendu.»

En mai 2011, la Bourse de Luxembourg a été la première bourse non chinoise à lister des emprunts obligataires en renminbi. Les fameux , dont elle est devenue le leader mondial avec une part de marché de 27%.

Depuis, , notamment avec les grandes bourses de  et Shenzhen, , dont le Luxembourg est également le leader mondial.

«Le Luxembourg a aussi construit une relation extrêmement forte dans le monde des fonds d’investissement lorsque les autorités chinoises ont ouvert les marchés des capitaux il y a 10 ans», observe encore Nicolas Mackel.

La CSSF a été le premier régulateur européen a analyser les mécanismes existants pour tenter de rendre compatibles le cadre réglementaire des fonds Ucits, produit phare du Luxembourg, et le cadre réglementaire chinois pour les investissements.

L’attrait des rendements chinois

Il existait un intérêt des grands investisseurs occidentaux de pouvoir profiter des rendements obtenus en Chine, nettement supérieurs à ceux possibles en Europe. L’Alfi, la fédération du secteur, a donc mené de longues négociations avec son alter ego chinois. Résultat, une décennie plus tard: le Luxembourg est à nouveau le champion du monde des fonds qui investissent dans les marchés de capitaux chinois, avec une part de marché de 28%.

«On voit donc très bien que la relation construite fonctionne dans les deux sens. D’un côté, les banques chinoises sont venues chez nous pour servir leurs entreprises qui s’installaient sur le marché européen. De l’autre, les grands investisseurs occidentaux trouvent de l’intérêt à placer une partie de leurs avoirs dans les entreprises chinoises.»

Tout est en place

Au milieu du jeu, le Luxembourg joue l’intermédiaire de luxe. Un rôle désormais bien huilé? «Toutes les pièces du puzzle sont présentes», conclut M. Mackel. «Dans le domaine des fintech, nous avons aussi récemment accueilli des grands acteurs du paiement, comme  et 

Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est, selon lui, élargir et consolider le jeu. Plutôt que de voir s’installer une huitième banque chinoise, il faut avant tout les aider à développer leurs activités, notamment en proposant des produits aux clients locaux.