La présidente de la CSL, Nora Back, s’est inquiétée de voir la recrudescence de gens qui ne sont pas satisfaits au travail. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

La présidente de la CSL, Nora Back, s’est inquiétée de voir la recrudescence de gens qui ne sont pas satisfaits au travail. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Le bien-être au travail connaît une détérioration «préoccupante», a souligné la présidente de la Chambre des salariés (CSL), Nora Back, lors d’une conférence de presse ce 1er février. En partenariat avec l’Université du Luxembourg, la CSL a dévoilé son dixième rapport sur la qualité de vie au travail, mettant en lumière l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

«C’est préoccupant de voir combien de temps nous passons au travail! C’est préoccupant de voir le nombre de personnes qui ne sont pas satisfaites!» La présidente de la Chambre des salariés, , s’est inscrite dans la lignée de ses revendications pré-électorales, en clair une réduction du temps de travail, ce jeudi, lors de la présentation de l’analyse décennale des conditions de travail au Luxembourg.

En collaboration avec l’Université du Luxembourg, la CSL a présenté un bilan nuancé de l’évolution de ces conditions et du bien-être des travailleurs, frontaliers compris, portant sur plus de 200 questions avec un accent particulier porté à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, le télétravail et la mobilité. Le tout en cinq langues pour assurer une inclusivité maximale.

L’enquête, menée auprès de 2.732 salariés, a combiné des entretiens téléphoniques et des questionnaires en ligne, offrant ainsi une représentation fidèle des expériences professionnelles des résidents et des frontaliers, parmi lesquels 1.280 salariés résidant au Luxembourg, 544 en France, 509 en Allemagne, et 186 en Belgique.

Work-life balance: l’émergence d’un défi croissant

Selon l’enquête de la CSL, la proportion de personnes souhaitant changer d’emploi a considérablement augmenté, passant de 19% en 2020 à 27% en 2023. «Cela peut être dû aux conditions de travail, s’ils perçoivent leur emploi comme étant dénué de sens», explique le chercheur de l’Université du Luxembourg, Philipp Sischka.

L’étude met également en évidence une détérioration de certains indicateurs, notamment la charge mentale et la pression temporelle, amplifiées par la pandémie. Il y a une tendance à cette détérioration, avec une baisse de l’indice de qualité des conditions de travail, passant de 54,9 à 54,6 (sur 100) en un an (56,2 en 2014).

Des aspects «positifs» subsistent, comme l’autonomie au travail et la coopération entre collègues, offrant des lueurs d’espoir pour l’avenir professionnel des salariés.

La conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle devient un casse-tête pour de nombreux salariés. Bien que l’étude note une légère amélioration entre 2022 et 2023, la tendance sur une décennie révèle une augmentation de 34,7% des conflits vie professionnelle-vie privée. Ce phénomène affecte particulièrement les femmes.

Le risque de burn-out s’est nettement accru, passant de 39,2 sur 100 (contre 29,4 en 2014). «Le score du burnout est supérieur de 33% à celui de 2016 (9,8 points de pourcentage).» L’étude identifie un score de 34 sur 100 des problèmes de santé physique (soit une augmentation de 32,3% sur les dix dernières années), et une chute de la motivation au travail (-13,8%). De plus, 13% des travailleurs expriment des sentiments de dépression ou de risque de dépression.

La numérisation suscite également des inquiétudes, avec 13% des travailleurs exprimant une «crainte (très) forte» de perdre leur emploi au cours des dix prochaines années en raison de la numérisation, un chiffre qui a presque doublé depuis 2017, où 7% ressentaient la même chose. «Ceux qui craignent le plus sont les managers ainsi que les professionnels de l’informatique, de la communication et des technologies, conscients des changements à venir», explique David Buchel. Ce conseiller de direction de la CSL attribue cette «crainte» à l’influence des médias sur la sensibilisation à la numérisation, qui alimente la peur de l’incertitude professionnelle.