Les très bons résultats du secteur de l’assurance non-vie n’auront pas suffi à compenser le fort recul de l’activité dans l’assurance-vie, tant au niveau local qu’international. (Photo: Shutterstock)

Les très bons résultats du secteur de l’assurance non-vie n’auront pas suffi à compenser le fort recul de l’activité dans l’assurance-vie, tant au niveau local qu’international. (Photo: Shutterstock)

En 2023, les assureurs membres de l’Aca ont vu leurs encaissements reculer de 6,1% à 37,8 milliards d’euros. L’assurance non-vie est en passe de devenir un marché plus important que l’assurance-vie, marché grâce auquel l’activité s’est développée au Grand-Duché.

La publication du rapport annuel de l’Aca, l’association professionnelle des assureurs et réassureurs établis au Luxembourg, préfigure de ce qu’aura été l’année sur le secteur. Si les chiffres de l’Aca sont basés uniquement sur les données communiquées par ses membres à la différence des chiffres du régulateur, le Commissariat aux assurances, ils couvrent à peu près les neuf dixièmes du marché.

Et au vu des chiffres publiés par l’Aca, c’est à un changement de paradigme qu’il faut se préparer: l’assurance-vie est en train de passer le relais à l’assurance non-vie comme locomotive de l’activité. En 2023, les encaissements de l’assurance-vie ont atteint 19 milliards d’euros, en baisse de 17,5% sur un an. Dans le même temps, les primes émises par l’assurance non-vie ont augmenté de 9,2% à 18,8 milliards, faisant quasiment jeu égal avec l’assurance-vie. Un basculement que l’Aca met pour partie à l’actif du climat macroéconomique général, «l’inflation jouant un rôle important dans ces changements».

Pour mieux se rendre compte de la dynamique, en 2019, les primes de l’assurance-vie représentaient 28,2 milliards et celles de l’assurance non-vie 12,4 milliards, soit moins de la moitié. Les premières ont baissé de 33% alors que les secondes progressaient de 51%.

Ce qui ne change pas, c’est le caractère international de l’activité de la Place. Sur les 19 milliards de primes du secteur de l’assurance-vie, 17,7 milliards viennent de l’étranger, principalement du marché de l’UE, contre 1,3 milliard du marché national. Dans l’assurance non-vie, l’échelle de grandeur est la même: 17,4 milliards contre 1,4 milliard.

Mauvaises performances sur les marchés clés à l’international

Les mauvais résultats de l’assurance-vie s’expliquent par les évolutions constatées sur les principaux marchés cibles. Pour les membres de l’Aca, la France reste le marché dominant avec 47% des primes émises. En France, sur un an, le recul atteint 23,9%. Les trois autres marchés clés reculent également fortement: -37,7% en Allemagne, -32,8% au Portugal, -13,8% en Belgique.

Sur le marché local, le niveau des primes recule de 14,4%. «La baisse a été plus prononcée pour les produits en unités de compte, qui ont diminué de 28,3%, contre une baisse plus modeste de 2,1% pour les produits à rendement garanti», détaille l’Aca. «Un examen plus approfondi révèle une augmentation de 7,1% de la proportion des produits à taux garanti par rapport à l’année précédente, qui représentent 57,1% du total des primes de l’année.» Autre évolution notable: les assurances personnelles qui dominaient le marché reculent (-26,9% à 762 millions) au profit des assurances de groupe (+11,1%) à 568 millions.

Le boom de l’assurance non-vie

Si la demande recule pour les produits qui sont avant tout des produits d’épargne dont les performances dépendent des marchés financiers et notamment des marchés obligataires – des marchés très volatils et qui, pour les obligations, sous-performent –, la demande explose pour les produits d’assurance non-vie.

En 2023, ce secteur a connu une augmentation de 15,8% des recettes de primes, «montrant ainsi sa persistance après les gains importants de 23% en 2021 et de 18,9% en 2022», détaille l’Aca. Les segments de la responsabilité civile générale et des biens représentent 80% des primes directes collectées à la fin de l’année. La croissance sur l’année pour les biens reflète indéniablement une demande soutenue sur le marché, demande qui résulte de la hausse de la sinistralité et des catastrophes naturelles, qui tout à la fois incite les gens à mieux s’assurer et tire les primes vers le haut.

Sur le marché local, la croissance a été robuste: +5,5% pour 1,3 milliard de primes d’assurance directe. Le secteur a été tiré par les produits d’assurance «automobile» et «biens», qui ont connu des hausses respectives de 4,4% et 6,4%.

Les actifs sous gestion se maintiennent

Pour ce qui est des actifs sous gestion, l’Aca relève une progression de 2,2% à 222,2 milliards d’euros.

La majeure partie de ce total, soit 175,2 milliards, est lié à des produits «units linked», aussi appelés contrats en unités de compte dans lesquels les risques marché sont supportés par le preneur d’assurance. La part de produits classiques – dans lesquels c’est l’assureur qui prend le risque – continue de diminuer à 46,3 milliards. La part des actifs relatifs à des fonds de pension reste marginale, à 700 millions d’euros.

Pour ce qui est des activités de réassurance, il faudra attendre encore un peu pour avoir les chiffres définitifs de l’activité pour 2023. En juillet dernier, l’Aca relevait pour ses membres une progression de 1 milliard des primes pour un total de 13 milliards à 15,6 milliards.