Crise sanitaire, pénurie de puces électroniques, pas de salon de l’automobile et une accélération de l’électrification des modèles, le marché automobile navigue à vue et doit affronter de nombreux écueils.
En août, la Société nationale de circulation automobile (SNCA) a enregistré 2.792 nouvelles immatriculations, soit une chute de 23,6% par rapport à l’année dernière. C’est même et il faut remonter à 2015 pour retrouver un mois d’août plus mauvais avec 2.554 nouvelles immatriculations.
Pourtant, au cours des huit premiers mois de l’année, la SNCA a enregistré 32.063 nouvelles immatriculations, soit une progression de 6,9% par rapport à l’année dernière, qui avait été marquée par la crise sanitaire. D’un autre côté, le marché reste tout de même en repli de 19,2% par rapport à 2019.
Les raisons de ce phénomène sont multiples. «On constate un rattrapage au niveau des ventes. Actuellement, le problème se situe au niveau de la pénurie des puces électroniques. Il faut comprendre que dans une voiture, il peut y avoir plus de 800 capteurs et qu’il est souvent impossible de livrer une voiture sans capteurs. Cette crise touche l’ensemble des constructeurs, mais n’est pas pour autant uniforme. Certains constructeurs peuvent livrer des voitures en 3 mois et d’autres en 10 mois. Des différences se voient également au niveau de différents modèles d’une même marque, sachant que ce sont les hybrides les plus concernés», explique Guido Savi, porte-parole de la Febiac Luxembourg.
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Du côté de la House of Automobile (HOA), «la crise des puces électroniques joue un rôle, mais elle n’explique pas ce repli de près de 20%», relève , son porte-parole. Il évalue qu’elle impacte le marché «à hauteur de 5%». Selon son analyse, le repli constaté est aussi la conséquence des dernières annonces européennes en matière de transition écologique dans le secteur automobile qui ont plongé le consommateur dans l’incertitude. En effet, les annonces récentes de la Commission européenne sur l’arrêt des immatriculations des nouveaux véhicules thermiques à partir de 2035 n’aident pas le consommateur à faire un choix», a ajouté Gerry Wagner.
Il pointe également la baisse des aides d’État en mars dernier, de 8.000 euros à 3.000 euros, pour une voiture consommant plus de 18kWh/100km: «Si je regarde les nouvelles immatriculations en fonction des motorisations, on constate une nette progression des hybrides en début d’année. Une croissance qui n’a pas continué après le mois de mars alors que l’on aurait pu s’y attendre. Je pense que la conséquence principale de cette stagnation est la baisse des primes d’État.»
Un consommateur avec moins de repères
Le monde de l’automobile et le consommateur commencent aussi à ressentir le manque de dynamique, auparavant impulsée par les grands rendez-vous comme les salons automobiles. «Les salons automobiles sont aussi des événements qui boostent le marché. Le consommateur les demande pour deux raisons: avoir plus d’informations sur des voitures de plus en plus complexes et avoir accès à plusieurs marques au même endroit. On estime qu’un visiteur sur trois au Salon de l’auto de Bruxelles va acheter une voiture dans les mois qui suivent sa visite», analyse Guido Savi, qui œuvre à une édition 2022.
«Cela joue sûrement un rôle», acquiesce Gerry Wagner.
J’ai l’impression que même si l’on choisit une voiture électrique, on se fait agresser, car on n’a pas choisi le plus petit modèle.
Mais le porte-parole de l’HOA va plus loin en parlant d’une atmosphère négative autour de la voiture: «Il y a eu le ‘diesel bashing’ et maintenant j’ai l’impression que même si l’on choisit une voiture électrique, on se fait agresser, car on n’a pas choisi le plus petit modèle. Il y a moins d’intérêt pour l’automobile. Cette atmosphère ne fait pas baisser le parc automobile et est même contre-productive, car les véhicules restent plus longtemps dans le parc automobile. Ce qui finalement n’est pas non plus une bonne nouvelle pour la transition écologique.»
Gerry Wagner déplore également les nombreux freins à l’achat d’une voiture électrique, notamment en ce qui concerne les longs trajets. «En théorie, c’est tout à fait possible de faire un long voyage en voiture électrique, mais il faut bien le planifier, être certain de trouver une borne en état de marche, qui accepte sa carte de recharge. Il faut aussi faire attention au prix de la recharge qui, au final, peut s’avérer plus coûteux que le carburant essence ou diesel.»
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Mercedes en tête en août
Au niveau des marques, c’est Mercedes qui a nouvellement immatriculé le plus de voitures en août avec 310 unités. BMW est deuxième avec 294 unités, juste devant 283 nouvelles immatriculations mensuelles pour Volkswagen.
Cette dernière reste malgré tout en tête des nouvelles immatriculations depuis le début de l’année avec 3.956 unités. BMW (3.344 nouvelles immatriculations) et Mercedes (3.167 nouvelles immatriculations) complètent le podium. Derrière, Peugeot, avec ses 2.004 nouvelles immatriculations, joue des coudes avec Skoda (1.874 unités) et Renault (1.813 unités) depuis janvier.
Au niveau de la motorisation, le diesel est toujours en baisse en équipant seulement 19,48% des nouvelles immatriculations. En août 2020, 36% des nouvelles immatriculations correspondaient à des moteurs diesel.
L’essence reste stable avec 37,7% des nouvelles immatriculations sur le mois dernier. Le 100% électrique continue de séduire en propulsant 10,57% des nouvelles immatriculations.
Enfin, 32,23% des nouvelles immatriculations étaient des voitures hybrides dont 18,91% sont des hybrides non rechargeables (mild-hybrid, ou hybride léger) qui ont un effet plus marginal sur les émissions polluantes que les plug-in hybrides (ou hybrides rechargeables).