Christophe Rousseau, gérant d’une salle de fitness, craint pour sa société. Il n’a plus de revenus et espère rouvrir, au moins partiellement, avant le mois d’août. Selon lui, l’État n’en fait pas assez pour ses indépendants.

Les indépendants, grands oubliés du gouvernement? C’est ce que pense Christophe Rousseau, lui-même sous ce statut. Il a créé sa société, Inception Fitness, il y a 12 ans. Fermée depuis le 16 mars à cause de la crise du coronavirus.

«Le problème, c’est qu’on n’a aucun moyen de faire du chiffre», s’alarme-t-il. L’indépendant estime son  manque à gagner à  27.000 euros de chiffre d’affaires chaque mois. Sans compter les charges fixes. «Notre salle, en partenariat avec Just Move, fait 2.000 mètres carrés, soit 20.000 euros de loyer par mois», détaille-t-il.

«J’ai fait le choix de payer 100% des salaires à mes employés», ajoute-t-il. Ils sont cinq au total. Seulement 80% sont remboursés par l’État, via le chômage partiel. Que lui, en revanche, ne touche pas en tant que patron.

«Pourquoi tout le monde aurait droit au chômage, et nous non, alors que nous cotisons comme tout le monde?», s’indigne-t-il. «La plupart des indépendants que je côtoie me disent, à quoi bon être déclaré, autant travailler au noir si cela continue.» Il poursuit: «On a cette image du patron qui s’en met plein les poches, mais le patron des petites entreprises travaille plus que tout le monde et n’a aucun droit.»

Pour survivre, il a tenté quelques séances de sport en visioconférence, juste une dizaine depuis le début. «Cela implique d’avoir du matériel chez soi pour les clients. Avec la plupart d’entre eux, nous travaillons sur des problèmes de posture, nous avons besoin d’être à côté d’eux, et ce serait dangereux à distance», justifie-t-il.

Les clients de Christophe Rousseau attendent la réouverture de sa salle Inception Fitness. (Photo: Inception Fitness)

Les clients de Christophe Rousseau attendent la réouverture de sa salle Inception Fitness. (Photo: Inception Fitness)

Pas de ressources d’avance

L’annonce d’une  ne le satisfait pas. «Pourquoi nous, indépendants, devrions-nous seulement avoir des aides, sans une partie du salaire qui soit prise en charge?», s’interroge-t-il. De plus, «il faut avoir une autorisation d’établissement pour toucher ces aides. J’ai la chance d’en avoir, mais tous mes collègues indépendants n’en ont pas, parce que ça n’a jamais été nécessaire», explique-t-il, en référence à la première annoncée fin mars par le gouvernement, et qu’il a pu toucher.

La suite l’inquiète davantage. «On nous parle de fermeture jusqu’au mois d’août. Mais ma société ne dégage pas de bénéfice.» Ses revenus lui permettent seulement d’offrir un «salaire très correct» à lui et ses employés, ce qui «contribue à la richesse du pays, parce qu’ils le dépensent». Difficile dans ces cas-là de piocher dans sa trésorerie.

«Avec d’autres intervenants, nous allons faire une pétition pour la mise en place de quelque chose de plus logique», prévoit-il. Il espère pouvoir rouvrir avant août, en limitant le nombre d’entrées, par exemple.

Même après la crise, il ne s’attend pas à une ruée des clients. «Les gens vont avoir peur de revenir, ce qui est normal.» Ce qui pourrait retarder, encore, le retour à la normale.