Contrairement aux idées reçues, manger sain n’est pas toujours une question d ‘argent.  (Photo: Shutterstock)

Contrairement aux idées reçues, manger sain n’est pas toujours une question d ‘argent.  (Photo: Shutterstock)

Les riches mangent sain et les bobos mangent bio, car manger sainement coûte forcément plus cher. Les ménages modestes préfèrent les plats transformés tandis que les fast-foods sont un luxe… En matière d’alimentation, les clichés ont la dent dure. Dans une récente publication, le Statec s’intéresse à la façon dont la disparité des revenus influence les choix alimentaires des Luxembourgeois. Démêlons le vrai du faux. 

On ne mange pas de la même façon selon ce que l’on gagne. Voilà ce qui ressort d’une étude réalisée par le Statec qui fait le lien entre les disparités de revenus et les choix alimentaires des ménages au Luxembourg. Lieu de consommation, points de vente ou types de produits, le Statec a passé au crible les habitudes de consommation et les dépenses des ménages selon leur niveau de revenu. L’institut distingue ainsi les ménages du premier quintile (moins de 2.800 euros par mois de revenus) et ceux du cinquième quintile (plus de 6.200 euros). De quoi déconstruire certaines idées préconçues sur le sujet. En voici quelques-unes. 

Les riches mangent bio et sain, les pauvres mangent mal 

«Les produits bio, c’est pour les bobos!», «manger sain est un luxe». Pas tout à fait, ressort-il de l’étude du Statec, qui a analysé les dépenses et les montants alloués selon le quintile de revenus. Il est vrai que les ménages les plus aisés (appartenant au cinquième quintile) ont tendance à consacrer une plus grande part de leur budget alimentaire aux produits bio: 5,1%, contre 2,1% pour les ménages les plus modestes (du premier quintile). 

En revanche, si l’on s’intéresse aux catégories de produits, notamment aux aliments sains que sont les fruits et légumes, l’écart est moins important: 18,7% pour le cinquième quintile, contre 17,4% pour le premier quintile.

Concernant la viande, de plus en plus souvent décrite comme un produit onéreux, les ménages modestes en consomment davantage que les ménages les plus aisés. Ce qui casse l’image de la «junk food systématique» chez les bas revenus. 

En revanche, les ménages les plus modestes fréquentent moins les marchés locaux et les supermarchés que les plus aisés. Ces derniers dépensent une part significativement plus élevée de leur budget dans des supermarchés (77,3%, contre 60,3% pour les plus modestes). Les plus modestes, eux, consomment en majorité dans les magasins discount (27%, contre 3,5% pour les ménages les plus aisés) et ne consomment que très rarement via la vente/livraison à domicile ou dans les grands magasins spécialisés. 

Les fast-foods et les plats préparés sont un luxe 

Encore une fois, cela n’est pas tout à fait vrai. L’étude du Statec montre que les ménages modestes allouent 13,8% de leur budget alimentaire aux plats à emporter, contre 9,5% pour les plus aisés. Concernant la petite restauration et les fast-foods, les ménages les plus aisés en consomment davantage, 12,1% contre 10,6% des plus modestes.

L’écart le plus important concerne la consommation dans les cantines scolaires, plébiscitées par les plus modestes, contrairement aux cantines de travail, où les plus aisés sont plus nombreux à manger. 

Les plus riches dépensent plus en restaurants, mais pour des repas plus sains

Les ménages les plus aisés sont en effet plus nombreux à aller au restaurant: 43,4% des dépenses alimentaires des plus riches, contre 35,1% pour les plus modestes. En revanche, les plus aisés ne mangent pas forcément plus sain. Ils mangent même davantage de produits sucrés et consomment moins d’eau. Ils consomment également une part non négligeable de produits transformés: 3,6%, contre 3,8% pour les ménages les plus faibles. Une part importante des revenus des ménages aisés va aussi aux bistrots et cafés (15,4% contre 13,7%).