Le Landmark 81 à Hô-Chi-Minh-Ville est la plus haute tour du Vietnam. (Photo: Copyright (c) 2021 TBone Lee/Shutterstock)

Le Landmark 81 à Hô-Chi-Minh-Ville est la plus haute tour du Vietnam. (Photo: Copyright (c) 2021 TBone Lee/Shutterstock)

L’économie du Vietnam surfe sur une tendance de croissance portée par le recul de l’économie chinoise et une ouverture aux capitaux étrangers. Le marché boursier est en pleine croissance et offre des rendements attractifs pour un prix d’entrée inférieur aux autres marchés asiatiques.

Pour la première fois depuis près de 30 ans, la croissance de la Chine, révisée ce 21 septembre à la baisse par la Banque asiatique de développement (BAD), sera inférieure à la croissance de l’ensemble des économies asiatiques. Soit 3,3% contre 4,3%. La faiblesse de la conjoncture chinoise est due à un facteur clé. D’abord la politique «zéro covid» «qui a ébranlé la confiance des consommateurs chinois, créé des goulots d’étranglement dans les chaines d’approvisionnement et affecté d’autres économies» selon Albert Park, économiste en chef de la BAD. Un autre facteur réside dans l’actuelle reprise en main politique du pays par Xi Jinping qui freine quelque peu les investisseurs étrangers qui voient d’un mauvais œil la politique reprendre le pas sur l’économie.

Deux freins qui ne se retrouvent pas au Vietnam. Un pays dont l’économie monte en puissance en Asie. Le pays n’est pas un choix par défaut. Il offre des atouts indéniables pour les investisseurs. C’est du moins ce pensent Hung Nguyen Quang, économiste et Quynh Le Yen, portfolio manager chez Dragon Capital, un gestionnaire d’actif vietnamien fondé en 1994 et qui revendique 6 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

6,5% de croissance

La croissance progresse actuellement à un rythme de 6,5% porté par quatre facteurs: les dépenses d’infrastructures, des politiques macroéconomiques «saines», la formation d’une classe moyenne qui booste la demande et l’attractivité pour les investisseurs étrangers (les FDI pour Direct Foreign Investments).

Le premier atout du pays, c’est sa population. «Une population jeune et éduquée.» Et une population qui connait l’émergence d’une classe moyenne, «une classe moyenne qui consomme». Dans une économie ou 72% de l’activité est portée par la consommation locale, c’est un atout.

«Et si une classe moyenne est en train de se former, le cout du travail est inférieur à celui de la Chine», insiste Hung Nguyen Quang.

De quoi attirer les investisseurs étrangers.

L’actuel flux de FDI a profité de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis qui a poussé beaucoup de grandes sociétés américaines et asiatiques à s’implanter au Vietnam pour éviter les ennuis. La politique «zero covid» de Pékin a également poussé à la relocalisation de sites de production – on peut citer Samsung en exemple –. Tout comme la crise énergétique qu’a connu la Chine cet été, la baisse du niveau des eaux entrainant des coupures d’électricité. Un problème que ne connait pas le Viet Nam.

Conséquence: des exportations qui montent en gamme. Si le Vietnam exporte toujours beaucoup de produits agricoles, depuis 2010, la part des exportations relatives à la technologie a été multipliée par 5 et dépasse désormais les 30%. «Le Viet Nam devient un poids lourd de l’exportation avec une part de marché mondial en hausse constante et qui atteint 1,6% aujourd’hui.»

Une inflation à 2,9%

Cette croissance ne s’accompagne pas de tensions sur les prix. L’inflation reste faible – + 2,9% sur ces 12 derniers mois –. Un niveau bas que Hung Nguyen Quang met au crédit d’un meilleur contrôle des prix de l’énergie qu’en Occident. Avoir une part de 42% d’énergie renouvelable dans son mix énergétique – dont 30,6% d’hydroélectricité - aide. Quant aux taxes sur le pétrole, elles ne sont que de 37%. «De manière conjoncturelle, la politique zéro covid a entrainé une fermeture des frontières avec la Chine et donc un gel des exportations via les zones frontières. Avec à la clé une baisse du prix du porc et du riz.»

Enfin, les autorités monétaires et budgétaires n’ont pas utilisé une politique du «quoi qu’il en coute» durant le covid, gardant ainsi toutes marges de manœuvre en cas de choc économique. Actuellement, la politique monétaire du pays ne cherche pas à combattre l’inflation, mais «simplement» à soutenir la monnaie.

Si pour Dragon Capital la crise inflationniste mondiale est loin d’être terminée, la politique de resserrement monétaire de la Fed – une politique qui traditionnellement est défavorable aux pays émergents – n’impactera pas le Vietnam dont les perspectives de rendement et de risque sont supérieures au sein la classe d’actifs des marchés émergents.

Un marché boursier de 286 milliards de dollars

Si l’économie se porte bien, le marché boursier vietnamien n’est pas en reste.

D’abord, il est en croissance. La capitalisation est passée de 30 milliards de dollars en janvier 2012 à 286 milliards. «C’est un marché qui s’ouvre à une clientèle retail et qui se digitalise fortement», décrit Quynh Le Yen. C’est aussi un marché liquide: «1.600 compagnies sont listées, dont 54 ont une capitalisation comprise entre 1 et 15 milliards de dollars.» Elle reconnait tout de même une certaine volatilité à ce marché, à cause des réactions d’une approche plus sentimentales, pas forcément justifiées d’un point de vue économique et entrainant parfois de forts mouvements de vente. Un biais comportemental qu’elle espère voir «se normaliser» avec l’arrivée d’investisseurs internationaux.

Un inconvénient mineur par rapport à l’actuel prix d’entrée: on paye actuellement 10 fois les bénéfices – ce qui fait du Vietnam le pays le moins cher d’Asie – avec une estimation de la croissance du bénéfice par action de +17,2%.